Le Leadership – 2 – Une discipline en crise

Post de Nathan L. 25 ans, équipier à Jeunesse Pour Christ et auteur du livre « Devenir un Homme Selon Jésus »
Précédents articles dans la série : 1 – Introduction


Je disais dans le précédent article que le leadership est en crise en France. Je crois sincèrement qu’il s’agit d’un problème d’ordre historique. Je ne vais pas spiritualiser la chose en disant qu’il s’agit « d’attaches spirituelles », bien qu’il puisse y avoir un peu de cela dans le problème. Une chose est certaine : l’histoire nous laisse de mauvais exemples de leadership en France.

Tout commence avec un leadership lors de la Monarchie, et plus particulièrement de la monarchie absolue exercée à partir de Louis XIV, perpétuée par Louis XVI et reprise, à une autre sauce, par Napoléon Bonaparte. L’exemple est donné d’un leadership autoritaire, narcissique et profiteur. Rien pour le peuple et tout pour moi.

Cette façon de diriger, par la peur et avec autoritarisme est présente toujours en France. Un bon nombre de nos présidents passés (et présents ;-P), aussi démocrates soient-ils, ont eu des petits accès royalistes dirons-nous. Les chefs d’entreprise, pasteurs et autres leaders que j’ai pu côtoyer ont, pour partie d’entre eux, cette même approche contrôlante du leadership. Il s’agit d’un problème.

Le souci, cependant, est que tout extrême donne lieu à un autre extrême. Devant un pouvoir autoritaire, plutôt que de rectifier le tir, on tue le Roi. On fait révolution. C’est ce que notre pays a connu.

Et ainsi, dès que quelqu’un est un leader, on se met en opposition à celui-ci, dans un petit jeu de pouvoir ridicule et grotesque. En France, on n’aime généralement pas être dirigé… Certains leaders que je connais, œuvrent sur la base de ce constat, et, mus par la crainte, ne donnent pas de réelle direction. Leur leadership a été castré par la peur.

Nous vivons dans un pays qui, depuis des siècles, connaît une crise du leadership, et celle-ci se fait ressentir aujourd’hui. La France a sorti des grands peintres, poètes, auteurs, philosophes, musiciens et sportifs. Mais je peine à trouver des leaders Français post-1789 qui aient impacté le monde par leur leadership.

Mais dans le prochain article, nous regarderons à l’exemple magistral du leadership.

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Nathan L

http://nathanlambert.net/

26 ans, Rébellutionaire depuis une bonne dizaine d'années, marié à Beki, papa d'Emilie et de Caleb, responsable à l'Eglise CVV Paris et auteur du livre Devenir un Homme Selon Jésus.

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5 Commentaires

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  • D’accord pour dire qu’il y a un problème de leadership dans l’Église, et pourquoi pas pour le parallèle avec le monde de l’entreprise. Par contre le raisonnement historique est clairement erroné, et les déductions me semblent un peu hâtives.
    Décréter que la France dans son ensemble aurait un problème de leadership depuis 1789… Le monde associatif, le monde politique et même le monde du sport permettent de prouver le contraire.
    Forcément, si la définition d’un bon leadership adoptée est aussi restrictive que « quelqu’un qui impacte le monde », on ne trouvera pas beaucoup de « bons leaders ».

    En tous cas de bonnes pistes sont abordées, notamment au sujet de l’attitude adoptée vis-à-vis du leader, et de la réaction et/ou anticipation du leader par rapport à cette attitude.

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  • J’attends la suite avec beaucoup d’impatience. Merci pour ce partage. J’aime beaucoup l’analyse que tu fais.

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  • Merci Victoria.

    Morgan, de mon point de vue, je ne vois pas en France dans le monde associatif, politique ou sportif, de « grands » leaders. Des bons leaders, oui, il y en a certains. Mais pas des grands leaders.

    Le constat est peut-être hâtif. Mais ça me paraît tout de même assez intéressant que dans le pays où le pouvoir a été mené à sa forme la plus extrême, et que la contre-réaction a été aussi forte, les mêmes attitudes subsistent toujours : forte attitude contestataire par rapport au pouvoir (la France est le pays qui fait de loin le plus souvent grève au monde), et élitisme outrant des classes aisées. J’ai habité Versailles et j’y ai travaillé en tant que pasteur de jeunes, et la pression pour faire TermS, prépa, grand-école est juste énorme. Et après, on inculque aux élèves en prépa qu’ils sont l’élite et on leur apprend en gros à considérer le reste de la France comme leurs toilettes personnelles.

    Chaque pays a ses contrastes (l’Angleterre qui est le terre à la fois de la Reine et tout ce qu’elle représente de bienséance et de retenue et le pays qui a donné naissance au mouvement punk…), mais celui de la France a un impact, d’après moi sur notre conception et notre vécu du leadership.

    Après je ne dis pas qu’il est impossible que de grands leaders sortent de France – c’est la raison même pour laquelle j’écris cette série d’articles. Je pense juste qu’il faut qu’on prenne conscience de notre bagage culturel, pour mieux pouvoir corriger des dangers qui nous guettent…

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  • Encore une fois, je précise que je suis d’accord sur le principe de fond : il est important de se pencher particulièrement sur le leadership, afin qu’émerge une génération de leaders capables de guider l’Église dans notre pays.

    Bien que ne connaissant pas en profondeur la situation de l’Église dans d’autres pays, je trouve néanmoins que tu insistes trop sur une sorte « d’exception française », en t’appuyant sur des arguments erronés.
    Le pouvoir est contesté, partout, par nature. A qui d’autre peut-on reprocher les choses qui tournent mal qu’à ceux qui exercent des responsabilités ? Aux États-Unis, le pouvoir fédéral est constamment remis en cause. En Europe, les institutions communautaires sont la cible d’attaques très virulentes dans tous les pays qui y sont soumis (à tort ou à raison, là n’est pas la question).
    Et non, la France n’est pas le pays qui fait le plus grève, c’est une idée reçue. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais ce n’est que depuis quelques décennies que les Français sont rentrés dans les pays les plus grévistes, et nous sommes toujours devancés par l’Espagne ou encore le Danemark (pays pas forcément réputé pour son caractère contestataire).

    De même, de très nombreux pays ont connu des monarques concentrant tous les pouvoirs, il s’agissait d’un régime propre à une époque. Et on peut remarquer que même sous la monarchie absolue (qui trouve plutôt ses racines chez François Ier), le pouvoir du roi était limité ; il existait même des contre-pouvoirs. Il n’y a guère que Louis XIV qui a pu s’en affranchir. La contestation n’est pas née en 1789, même si elle y a trouvé son aboutissement.

    Tout ça pour dire qu’il me paraît difficile et périlleux d’établir de telles relations de cause à effet entre la situation actuelle et l’héritage historique. D’ailleurs on peut aussi remarquer que le caractère « monarchique » du président de la République apparaît sous la Cinquième République…L’héritage monarchique de la France ne se serait alors révélé qu’en 1958 ?

    Quant au manque de leaders, il faut simplement voir sur quelle échelle on se place. Je maintiens que dans le domaine politique (De Gaulle, Cohn-Bendit ou même Le Pen), le domaine associatif (l’Abbé Pierre, Coluche) ou le domaine sportif (Aulas, Deschamps) on trouve des exemples de leaders qui ont, chacun à leur échelle, su créer des dynamiques claires et fortes, avec des résultats là encore clairs et forts.
    Les grands leaders, il sont là, j’en suis persuadé. Il suffit de leur laisser la possibilité de s’exprimer. Et encore une fois j’insiste sur la notion d’échelle. Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’avoir un impact international ou même national pour être un grand leader. Un pasteur qui conduit sa communauté locale peut (je dirais même doit, mais c’est une autre question) être un leader en puissance, même s’il limite l’exercice de ce don à son assemblée. L’Église a cependant probablement besoin de leaders fédérateurs à un niveau plus important, mais il me semble que cette dimension n’est pas prioritaire.

    En tous cas, encore un fois, je suis vraiment d’accord sur ce qui me paraît être l’essentiel à ce sujet : favorisons l’éclosion et l’épanouissement des capacités de leadership ainsi que leur exercice, notamment chez les jeunes, l’Église en a besoin !

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  • Morgan, merci pour ta réponse. Je dirais que globalement, je me tiens corrigé! Je pense qu’il peut y avoir matière à réfléchir dans ce post, donc je le laisse tel-quel, mais merci pour tes arguments clairs et bien fondés. J’espère que personne ne lira cet article sans non plus lire les correctifs que tu y places! J’ajouterai à ta liste de grands leaders sportifs un certain Arsène Wenger, qui a institué à Arsenal une culture du leadership très intéressante… Aulas je vois moins, mais franchement, merci pour tes correctifs!

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