Pourquoi j’aime “Sois seul ma vision”

Si tu viens me demander quel est mon cantique préféré, je te répondrais sûrement « heuuu » et hésiterais, puis je listerais un assortiment de mes cantiques préférés, et finirais par te dire « Ça dépend. ». Enfin, comment choisit-on un seul cantique préféré? Cependant, si tu en viens à me demander le nom du chant que je chante le plus quand je suis seul avec Dieu, je te répondrais sans hésiter: « Sois seul ma vision ». Si cela en fait mon cantique préféré, ainsi soit-il!

Pour moi, ce chant est devenu un chant d’amour, un peu comme les phrases toutes faites que j’utilise pour dire à ma femme à quel point je l’aime, qui sont devenues, avec le temps, infusées d’une grande profondeur émotionnelle.
Les paroles de ce cantique m’aident à exprimer à quel point je prends plaisir et je m’attends à Celui que mon âme aime. Quand je le chante en privé, seulement moi et mon piano, il n’est pas rare que je pleure.

En général, quand un chant me touche profondément, je suis curieux d’en apprendre plus sur le pourquoi du comment de ce chant. Je suppose qu’on prend les cantiques en quelque sorte pour acquis! J’aime « Sois seul ma vision » depuis des dizaines d’années mais je n’avais jamais fait de recherches sur l’histoire derrière ce chant!

J’ai découvert que l’origine de ce chant se trouve cachée derrière le passé brumeux de l’Irlande antique. On sait que ce cantique qui a pour ancêtre un poème datant de plus d’un millénaire, a été écrit en ancien gaélique et est composé de seize couplets. La tradition irlandaise affirme que l’auteur était le bien-aimé Saint Dallàn Forgaill, poète celtique du sixième siècle, mais les chercheurs en doutent pour des raisons linguistiques. Tout ce que l’on sait, c’est que cet auteur était vraisemblablement un poète et était certainement un saint.

Merci Seigneur pour les chercheurs et les éditeurs

Mes recherches n’ont pas été en vaines, car elles ont levé le voile sur des gens que Dieu a utilisé pour tourner ce poème antique en un merveilleux chant, que nous avons aujourd’hui. Merci Seigneur pour Mary Byrne (1880-1931), qui a sorti le poème de l’obscurité académique où il était en le traduisant de l’ancien gaélique à l’anglais. Et merci Seigneur pour Eleanor Hull (1860-1935), qui a choisi douze couplets parmi les seize couplets traduits littéralement par Byrne, et qui les a ingénieusement retravaillés pour en faire des rimes.

Merci Seigneur, également, pour les éditeurs de The Irish Church Hymnal (ou Recueil de chants d’église Irlandais), qui ont sélectionné dix couplets de la version de Hull, les ont réorganisés en cinq couplets de quatre vers, puis, dans un élan de génie inspiré ont associé ces couplets profondément émouvant à un air traditionnel irlandais d’une beauté déchirante qu’ils ont appelé « Slane » (en l’honneur du célèbre feu allumé à une fête de Pâques par Saint Patrick sur la colline Slane, pour défier un roi païen irlandais).

L’hymne a été publié pour la première fois dans l’édition 1919 de ce recueil irlandais, et le reste, comme on dit, appartient à l’histoire. « Sois Seul ma Vision » est rapidement apparu dans les recueils de cantiques du monde entier, dont beaucoup l’ont réduit aux quatre couplets que la plupart d’entre nous connaissons et aimons aujourd’hui.

Pourquoi tant de personnes, comme moi, aiment-elles tant ce cantique ? Parce qu’il exprime de manière poétique notre amour et notre désir profond pour le Dieu trinitaire, qui est la Lumière de nos vies (Jean 8.12), Parole de vie en nous pour toujours (1 Jean 1.1), le grand Trésor de nos cœurs (Luc 12.34), et bientôt, les Cieux des cieux à nous pour toujours (Psaume 73.25-26).

Ta Présence Ma Lumière

Si l’auteur antique a donné un titre à son poème, il s’est également perdu à travers les âges. Pendant des siècles, il a été connu simplement sous le nom de « Une Prière ». Mais il est difficile d’imaginer un meilleur titre que les quatre premiers mots du poème, « Sois seul ma vision » (« Be thou my vision », en anglais), qui se lisent en ancien gaélique « Rop tú mo bhoile ».

Selon moi, le premier couplet commence exactement là où il le faut : une prière pour que Dieu éclaire les yeux de nos cœurs afin que nous soyons remplis de son espérance (Ephésiens 1.18). Écoutez comment les paroles transmettent magnifiquement la métaphore biblique où la lumière représente la compréhension :

Sois seul ma vision, O Seigneur de mon cœur
Ne sauve rien d’autre de moi que Toi,
Tu es ma meilleure pensée, le jour comme la nuit
Réveillé ou endormis, ta présence est ma lumière

Ce couplet renvoie implicitement au Nouveau Testament, à Jésus en tant que « lumière du monde » et « lumière de la vie » (Jean 8.12). Mais ces mots font également écho à l’un de mes versets préférés dans les Psaumes :

C’est auprès de toi qu’est la source de la vie,
et c’est par ta lumière que nous voyons la lumière. (Psaumes 36.10)

Tous ceux qui ont connu l’obscurité profonde, quelle qu’elle soit – l’obscurité du péché, du chagrin, de la douleur, de la dépression, de la solitude ou de l’oppression spirituelle – et qui ont vu, même faiblement, la lumière de vie briller dans leur obscurité, comprennent à quel point ce verset est profond. Il résonne avec l’espoir qu’à la fin cette lumière vaincra nos ténèbres.

Sois ma vision, Seigneur, car tu es la lumière de ma vie.

Toi, Ma Parole de vérité

La prière du deuxième couplet s’appuie sur la prière du premier, demandant que Dieu nous remplisse des richesses de sa sagesse et de sa connaissance (Romains 11.33) :

Sois ma sagesse, Toi, ma parole de vérité
Moi pour toujours avec Toi, et Toi avec moi,
Seigneur Toi mon Père tout-puissant, et moi ton véritable fils
Demeure en moi, et je serai uni à Toi.

Remarquez à quel point ce couplet exprime simplement le mystérieux enseignement profond que donne Nouveau Testament sur des pages et des pages de prose. Enseignement selon lequel, la sagesse chrétienne vient du Père et du Fils (notre Parole de vérité) qui habitent en nous par le Saint-Esprit (Jean 14.23, 26), un don que nous recevons par notre adoption en tant que fils (Éphésiens 1.5). La sagesse pour laquelle nous prions ici n’est clairement pas « une sagesse de ce siècle », mais une sagesse qui ne se comprend que spirituellement (1 Corinthiens 2.6, 14).

Sois ma sagesse, Seigneur, car tu es l’ultime vérité.

Tu es mon trésor

Nous en arrivons maintenant à mon couplet préféré de ce merveilleux cantique, celui qui est le plus susceptible de faire couler des larmes :

Les richesses ne sont rien pour moi, ni les vaines louanges des hommes ;
Toi mon héritage, maintenant et pour toujours ;
Toi et Toi seul est le premier dans mon cœur ;
Grand Roi céleste, Tu es mon trésor.

Le troisième couplet est mon préféré, non pas parce que les autres couplets sont moins vrais, ou moins porteurs d’espoir ou moins précieux, mais parce que Jésus a dit : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Luc 12.34). Notre trésor est ce que nous aimons et désirons le plus – ce qui nous satisfait, nous passionne et donc captive nos cœurs. Et dans ce monde déchu, où même notre amour le plus profond pour notre grand Trésor est défaillant et insuffisant, il s’accompagne presque toujours d’un désir de l’aimer plus parfaitement, plus pleinement. D’où mes larmes, un doux mélange mélancolique d’amour et de désir.

Donc, j’aime ce couplet, le cœur de ce cantique, le Chant d’Amour dans le chant d’amour. Parce que Dieu, comme le dira le couplet suivant, est le Cœur de nos cœurs – le Trésor qui rend sa lumière belle, sa sagesse désirable et son ciel si céleste.

Sois mon trésor, Seigneur, premier dans mon cœur, maintenant et pour toujours.

O brillant Soleil dans le ciel

Le cantique se termine par le quatrième couplet comme il se doit : avec la « bienheureuse espérance » de la vie chrétienne (Tite 2.13), lorsque « nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4.17).

Grand Roi céleste, ma victoire est acquise,
Que j’atteigne les joies du ciel, O brillant soleil dans le ciel ;
Cœur de mon propre cœur, quoi qu’il arrive,
Sois toujours ma vision, ô souverain de tous.

Si notre cœur est toujours là où est notre trésor, et si Dieu est notre trésor, alors les Cieux des cieux sera le Cœur de notre cœur. Et le Soleil des cieux nous permettra de voir plus de lumière que nous n’en avons jamais vu, « car la gloire de Dieu l’éclaire, et l’Agneau est son flambeau » (Apocalypse 21.23). Et il en sera ainsi, pour toujours et à jamais. Ce à quoi nous répondons : « Amen. Viens, Seigneur Jésus ! (Apocalypse 22.20).

Ce cantique est vraiment un cadeau inestimable! Merci Seigneur, pour cet antique poète celte dont le cœur imprégné de Dieu débordait si bien dans sa plume avec tant d’éloquence. Merci pour ceux qui, tout au long de l’histoire, ont travaillé collectivement pour mettre à notre disposition ce grand chant d’amour pour Toi et de désir de Toi. Et merci pour les musiciens traditionnels celtiques doués qui ont donné à ce chant une mélodie douce et ineffaçable le rendant si merveilleux.

Mais surtout, merci Seigneur d’être la Lumière de nos vies, la Parole de vie en nous toujours présente, le grand Trésor de nos cœurs et, un jour, les Cieux des cieux.

Oui, Seigneur, sois notre vision, maintenant dans cette génération noircie, et bientôt – que ce soit bientôt ! – dans la gloire éternelle, sans voile, quand nous verrons de nos yeux ouverts.

Article traduit avec autorisation, merci Eve-Marie !

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