Sur les épaules de géants #2 : Augustin

Dans cette série, la Réb te fait voyager dans le temps, pour te faire découvrir des chrétiens du passé dont la vie peut nous encourager aujourd’hui.

Augustin d’Hippone (354-430)

Au cours des premiers siècles, de nombreux prêtres et évêques défendent la foi chrétienne contre les hérésies ou les philosophes qui cherchent à l’attaquer ; ils écrivent également de nombreux ouvrages d’explication des Écritures et des textes destinés à encourager les croyants. On les appelle les Pères de l’Église : originaires des régions de la Méditerranée, ils écrivent le plus souvent en grec ou en latin, et nous sont connus surtout à travers leurs nombreux ouvrages. Augustin, que l’on appelle aussi Saint Augustin ou Augustin d’Hippone, est sans doute le plus connu d’entre eux.

Il naît en 354 dans une cité de l’actuelle côte algérienne : l’Afrique du Nord est alors une province romaine, où tout le monde parle latin. Il meurt dans la même région à 75 ans, en 430. À l’exception d’un séjour en Italie, entre 383 et 388, au cours duquel il devient chrétien, toute sa vie se déroule en Afrique du Nord. 

Sa mère est une fervente chrétienne ; son père est un païen qui se convertit quand Augustin a 17 ans. C’est à cet âge qu’il devient professeur de grammaire. Il n’est pas encore chrétien : sa jeunesse se passe plutôt dans les frasques et les plaisirs, et il adhère à des hérésies qui, l’espère-t-il, répondront aux questions existentielles qui l’agitent. À 18 ans, il devient père d’un garçon nommé Adéodat, avec une femme qu’il n’épouse pas.

À l’occasion d’un séjour en Italie où il part enseigner, alors qu’il a une trentaine d’années, une rencontre avec l’évêque de Milan, Ambroise (un autre Père de l’Église important), le détourne des sectes hérétiques qui l’avaient séduit en Afrique. Il assiste aux homélies de l’évêque, qui lui font comprendre ce qu’est vraiment la Bible, qu’il regardait auparavant avec méfiance. Des discussions avec des amis récemment convertis le troublent au point qu’il en vient à faire une rencontre personnelle avec Dieu qui bouleverse le reste de sa vie. Isolé dans un jardin où il médite sa douleur, il entend soudain une voix d’enfant qui, de la maison d’à côté, chante : « Prends ! Lis ! Prends ! Lis ! ». Augustin, intrigué, saisit alors la Bible, qu’il ouvre au hasard et tombe sur Romains 13:13-14 : « Restons loin des excès et de l’ivrognerie, de la luxure et de l’impudicité, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. ». C’est un nouvel homme qui, baptisé dans la foulée, rentre alors en Afrique.

Arrivé à Hippone en 391, la situation des chrétiens est assez tendue, car des sectes hérétiques font concurrence au christianisme, le donatisme et le manichéisme : deux sectes qu’Augustin connaît bien, l’une parce qu’il en fut membre, l’autre parce qu’il l’a vue se développer. Les chrétiens d’Hippone, comme leur évêque en place quitte sa fonction, désignent unanimement Augustin comme successeur, qui se voit ainsi plébiscité, sans l’avoir demandé ! 

Commence alors pour lui un ministère pastoral qu’il poursuit jusqu’à sa mort. Il soutient les fidèles romains d’Afrique et mène de nombreuses et longues luttes contre les sectes hérétiques : pélagianisme, donatisme, manichéisme, etc. Entre 397 et 400, il écrit une sorte d’autobiographie, intitulée Les Confessions, dans laquelle il raconte sa vie en s’adressant directement à Dieu et en essayant de voir sa main à l’œuvre, même dans sa jeunesse.

La grâce occupe dans la pensée d’Augustin une place majeure : d’après lui, Dieu est véritablement souverain sur toute chose, et sa grâce « tombe sur qui il veut », sans que celui-ci puisse y résister. C’est par la puissance agissante de la grâce divine que l’homme pécheur peut se sortir de son état mauvais pour commencer sa sanctification. C’est à cette doctrine augustinienne de la prédestination que Calvin puise ses sources principales pour élaborer la sienne, au XVIe siècle. Augustin est alors, comme nombre d’autres Pères, convoqué voire revendiqué tant par les catholiques que par les protestants.

Lire Augustin

Son œuvre est immense. En premier lieu, pour découvrir l’auteur, l’idéal est de lire Les Confessions. L’œuvre est divisée en 13 livres : on peut commencer par exemple par le livre 8 qui décrit la conversion, ou alors le livre 2 qui décrit les frasques de ses 16 ans, notamment le fameux épisode du vol des poires. Il décide un jour d’aller dans un verger privé pour en voler des poires ; mais il ne compte pas les manger, et veut les dérober uniquement par plaisir de transgresser un interdit. De cet épisode a priori anodin, Augustin tire une réflexion profonde sur la force de la chair et du péché dans la vie de l’homme non régénéré par Dieu. Il a par ailleurs écrit de nombreux ouvrages de dogmatique, c’est-à-dire qui exposent de façon ordonnée ses interprétations de la Bible, sa théologie. Parmi ses grandes œuvres dans ce domaine, citons La Cité de Dieu ou le traité sur la Trinité. Pour ceux que la querelle théologique, souvent pointue, intéresse, les ouvrages polémiques contre les sectes hérétiques ne manquent pas. Enfin, de nombreux sermons et commentaires bibliques sont également disponibles.

Réflexion :

Comme il l’explique longuement dans ses Confessions, en redemandant pardon à Dieu, Augustin a mené avant sa conversion une vie parfois dissolue. Pourtant, malgré ses nombreux péchés, il est devenu l’un des chrétiens les plus influents de l’histoire du christianisme. Es-tu toi-même accablé par un (des) péché(s) commis avant ta conversion, ou même après ? Te sens-tu toujours coupable ? Par la foi en Jésus, nous sommes libérés de toute culpabilité (Romains 8:1). Augustin est un exemple de ce que le pardon de Dieu, assuré par ta foi en Jésus, peut transformer radicalement une vie pécheresse : chaque saint a un passé, et chaque pécheur a un avenir.

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Quentin

Quentin, étudiant en théologie à la faculté Jean Calvin d'Aix-En-Provence

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