Le livre du mois « Croire, expliquer, vivre » – Yannick Imbert

« Croire, expliquer, vivre » publié aux éditions Excelsis et Kerygma dans la collection Aixcursus est un des rares livres d’apologétique (la défense ou la justification de la foi chrétienne) écrits par un auteur français. Cet ouvrage de Yannick Imbert, professeur d’apologétique à la faculté Jean Calvin à Aix-en-provence qui est spécialisé dans l’interaction entre foi et culture, est une contribution récente (publié en 2014) et souhaitable aux quelques livres d’apologétique déjà disponibles en  français tels que « Questions » de Werner Gitt, « Jeter des ponts » d’Alistar Mcgrath, les 3 livres de Lee Strobel (« Plaidoyer pour … ») et « Foi raisonnable » de William Lane Craig.

Voici plusieurs raisons pour lesquelles j’ai bien aimé cet ouvrage au point de le recommander comme premier livre d’apologétique à lire aux côtés de « Questions » (celui-ci parce qu’il est le meilleur livre sur le sujet sur le plan du rapport qualité/prix) :

  • Il est centré sur les Écritures et puise tous ses principes et conseils dans celles-ci. Comme dit l’auteur, la Bible est « le plus grand manuel d’apologétique ». C’est pour cela que dans la première partie, Yannick fait un survol de l’histoire de l’apologétique dans la Bible de Genèse à Apocalypse. Dans la Bible, Dieu se défend contre toute accusation (venant des hommes ou même de son propre peuple !) et contre les idoles soit directement prenant lui-même la parole, soit indirectement en utilisant des hommes qu’il réhabilite. On traverse notamment dans l’Ancien Testament le troisième chapitre de Genèse, tout le Pentateuque, les prophètes proclamant le seul vrai Dieu, tout naturellement le livre de Job sur la question de la souffrance. Puis dans le Nouveau Testament on découvre les réponses de Jésus face à ses ennemis jurés, les Pharisiens et les Sadducéens, ainsi que les discours des apôtres, celui de Pierre pour défendre la résurrection de Jésus-Christ dans Actes 2, et enfin le célèbre discours de Paul devant les Athéniens, pour la plupart épicuriens ou stoïciens.
  • Il s’y trouve une analyse rigoureuse et détaillée de la méthode d’apologétique de Paul dans Actes 17 et de son argumentation (aussi dans la première partie). Cette explication claire et bien fondée démonte nos mauvaises interprétations de ce passage et nous montre sa réelle signification.
  • L’auteur ne donne pas seulement des arguments à utiliser directement dans nos conversations avec les non chrétiens mais nous donne dans la deuxième partie une méthode biblique, pertinente, appliquée différemment en fonction des personnes avec lesquelles nous discutons. Elle est compréhensible, accessible par tous et peut facilement être utilisée. Plus précisément, il donne les principes de l’apologétique présuppositionnelle, du présuppositionnalisme très bien expliqué par des apologètes chrétiens comme Cornelius Van Til et Francis Schaeffer. En résumé (même s’il y a bien d’autres principes), cette méthode consiste à comprendre la vision du monde d’un non chrétien en lui posant des questions, à trouver et à lui montrer les incohérences ou les contradictions de sa vision du monde (par exemple : l’athéisme et l’existence du bien et du mal), puis à expliquer la vision du monde chrétienne en partant de ces incohérences ou de la chose qui est le cœur de sa vision du monde (par exemple, le bien et le mal, la justice, la sécurité …).
  • Dans la troisième partie, sont présentées les différents moyens disponibles pour présenter notre foi : la vie, les émotions et la raison. Il démontre l’importance de maîtriser ces différents outils et de les adapter en fonction des situations. Il nous rappelle aussi l’importance de défendre notre foi par notre attitude et notre piété, il n’y a pas que les arguments par la parole qui comptent, les gens observent énormément notre manière de nous comporter. Si nous acceptons la vision chrétienne du monde, alors nous devrions tout faire pour vivre en accord avec ses principes. A noter qu’un chapitre entier de cette partie est consacrée à la raison (et sa relation avec la foi) : on retrouve une bonne définition de la foi qui est malheureusement bien souvent comprise comme irrationnelle, une foi aveugle et une satisfaction de ne pas comprendre. De plus Yannick montre l’enjeu de l’Eglise dans l’apologétique.
  • Dans ce livre, l’auteur répond à des questions complexes et souvent posées comme les suivantes : « Qu’est-ce qu’est l’apologétique ? », « Pourquoi faire de l’apologétique ? En as-ton vraiment besoin ? », « Si Dieu est la seule source fiable de connaissance, comment les non-chrétiens peuvent-ils connaître des choses et même être très doués dans certains domaines (comme les scientifiques et les philosophes athées par exemple) ? », « Pourquoi la Bible dit-elle (Romains 1:20) que tout le monde connaît Dieu alors qu’il y a des athées ? »

Pour finir j’aimerais donner quelques limites à ce livre : ce n’est qu’un manuel d’introduction (d’où la petite taille, 300 pages en assez gros caractères). Par conséquent d’autres livres (bien sûr en français!) plus complets ou peut-être plus précis sur certains livres dans la Bible (car celui-ci analyse presque uniquement Actes et les contre-arguments de Jésus en ne faisant que survoler rapidement tous les autres) sont nécessaires. Personnellement je trouve que le livre est trop « étiré » à la fois en largeur et (surtout) en longueur, le fait que le livre soit plus compact quitte à augmenter le nombre de pages ou à baisser la taille des caractères me semble être une bonne idée pour les prochaines impressions.

Digiqole ad
Laurent

Laurent

23 ans, Rébellutionaire et étudiant.

Voir tous ses articles →

Tu devrais aussi aimer...

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *