I. L'histoire de Léa
Chaque jour, elle vit aux côtés d’un homme dont l’amour appartient à une autre. Livrée par la ruse de son père, regardée avec jalousie par Rachel et tenue à distance par son mari, Léa demeure pourtant dans l’attente. Malgré tout, elle espère encore être aimée, ne serait-ce qu’un peu, au moins par Jacob.
Léa cherche désespérément à conquérir le cœur de Jacob. Elle mise tout pour recevoir au moins un peu d’amour de sa part. Avec les années, cette quête devient une véritable obsession. À chaque grossesse, elle espère que cette fois sera différente, que peut-être il la regardera enfin avec tendresse et l’aimera. Comme tant d’autres jeunes femmes, elle avait sans doute rêvé d’un mariage où aimer et être aimée irait de pair mais la réalité est tout autre.
À chaque naissance, elle exprime une attente. Pour son fils aîné, Ruben, elle dit : « L’Éternel a vu mon humiliation ; maintenant, mon mari m’aimera. ». Voilà ce qu’exprime une femme après la naissance de son premier enfant… N’est-ce pas d’une tristesse saisissante ? Puis, vient Siméon : « L’Éternel a entendu que je n’étais pas aimée. ». Et enfin Lévi : « Cette fois, mon mari s’attachera à moi. ».
Ces prénoms ne sont pas choisis au hasard. Ils sont les témoins d’une détresse profonde, d’un espoir fragile qui renaît à chaque fois mais qui reste toujours sans réponse. Les années passent mais rien ne change : Jacob aime Rachel et Léa continue de vivre dans l’ombre, dans le rejet. Un jour, elle ira même jusqu’à échanger un cadeau offert par son propre fils, simplement pour pouvoir passer une nuit avec Jacob. Elle fait tout ce qu’elle peut pour obtenir un peu d’affection.
Elle se consume dans ses efforts car un cœur en quête d’amour peut nous pousser à faire n’importe quoi.
Mais Dieu voit. « L’Éternel vit que Léa n’était pas aimée, et il la rendit féconde. » (Genèse 29.31) Ce verset a quelque chose de bouleversant. Là où le regard des autres fait défaut, Dieu intervient. Il voit ce que les autres ignorent. Il remarque celle qu’on laisse de côté.
Et puis, vient le quatrième enfant. Cependant, cette fois, quelque chose a changé. Lorsque Léa met au monde Juda, ses mots sont différents : « Cette fois, je louerai l’Éternel. ». Elle ne cherche plus à gagner l’amour d’un homme. Elle a tourné les yeux vers un autre Amour. Dans sa douleur, Léa vit une croissance spirituelle. Elle comprend que ce vide affectif, ce besoin d’être choisie, ne seront jamais comblés par un homme mais seulement par Dieu.
Et c’est justement elle, Léa, que Dieu choisit pour faire naître Juda, l’ancêtre du Messie, Jésus-Christ. Ce n’est pas Rachel, la belle, l’aimée, celle que Jacob désirait. C’est Léa, la négligée, la brisée, celle qui a appris à se tourner vers Dieu quand personne ne l’avait regardée.
C’est là toute la beauté de la manière dont Dieu agit. Il voit ceux que personne ne remarque. Il choisit ceux que personne ne choisirait et il remplit d’un amour profond ceux que l’amour humain a laissés vides.
Et pourtant, malgré ce moment de foi, Léa retombera dans cette lutte intérieure, poussée à nouveau à rivaliser avec sa sœur à cause de ces attaques constantes…
II. En recherche de l'amour
Ce qui est troublant, c’est que ce besoin d’amour est souvent inconscient. On croit vouloir réussir, aider, se rendre utile… et qu’il s’agit là d’un comportement tout à fait chrétien. En réalité, nos motivations ne sont pas uniquement pour Dieu ; elles sont aussi liées à ce désir d’être aimé. Alors, on donne beaucoup… pour être apprécié. On s’investit partout… pour être remarqué. On attend des messages, des regards, des likes… espérant combler ce manque sans vraiment en avoir conscience. En nous, il existe un espace qu’aucun être humain ne peut remplir. Ce n’est pas que l’amour des autres soit mauvais, Dieu lui-même nous a créés pour la relation mais cet espace-là, cette soif profonde, n’a été destinée qu’à lui seul. Il n’y a qu’une seule réponse à ce besoin. Rien ne peut la remplacer.
Quand notre cœur n’est pas rempli de l’amour de Dieu, nous essayons de combler ce vide par mille choses : l’approbation des autres (le « people pleasing »), les relations, les projets…
Cette quête peut nous amener à faire des compromis juste pour obtenir cet amour : dépendance affective, attachement anxieux, obsession, manque d’estime de soi, oubli de soi, dépassement de nos propres limites physiques et psychologiques…
III. Une invitation de Dieu pour toi
Quand on s’ancre en Dieu, tout reprend sa juste place. On n’a plus besoin de courir après un vide à combler car le vase est déjà rempli. Il désire que nous soyons enracinés, fondés et stabilisés en lui ou, autrement dit, stabilisés dans l’Amour, Dieu étant Amour.
Quand l’amour de Dieu remplit notre cœur, il n’y a plus de place pour le désespoir ni pour cette course effrénée à “être assez et aimé(e)”.
Il n’est plus nécessaire de prouver sa valeur ni de chercher à mériter l’attention. Laissons-nous ainsi rassasiés par Dieu. Il nous aime en effet d’un amour éternel et sa volonté est de nous remplir de sa présence.
Éphésiens 3.17-19 "...afin que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour, pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et de connaître l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu."
Conclusion
Il veut te dire : "Je suis ce que tu cherches." "Reviens à moi, car je t’ai aimé d’un amour éternel." (Jérémie 31.3)