Pour une Foi Réfléchie – Jésus

Crédit photo : www.typographicverses.com

Notre série avec Alain Nisus prend de la vitesse. Après son article écrit spécialement pour La Rébellution et l’interview qu’il nous a accordée, voici le premier de quatre extraits de son livre : « Pour une Foi Réfléchie – Théologie Pour Tous« , qu’il offre en avant-goût à tous les Rébellutionnaires. Vous pourrez retrouver ce texte pp. 371-374 du livre.

Jésus – Vrai Homme et Vrai Dieu

Les chrétiens ne voient pas seulement en Jésus un modèle de vertu, un homme exceptionnel, un prophète puissant, un thaumaturge hors du commun, un homme de Dieu rempli au plus au point de l’Esprit Saint, le Messie promis : ils le confessent comme Dieu fait homme. Pour eux, Jésus est vrai Dieu et vrai homme ; totalement Dieu et totalement homme. Il est la deuxième personne de la Trinité (le Fils, le Verbe ou la Parole) venu dans la chair. En se faisant homme (ou en s’incarnant), le Fils n’a pas pour autant cessé d’être Dieu : il est demeuré ce qu’il était ; il ne s’est pas dépouillé de sa divinité mais il a ajouté à sa nature divine, une nature humaine.

Ce sont là des affirmations extrêmement fortes. Pour les chrétiens, elles ressortissent au mystère : comment un être peut-il être Dieu et homme à la fois ? Comment penser l’union de Dieu et de l’homme dans la personne de Jésus ? Il n’est pas possible de comprendre entièrement ce mystère qui dépassera toujours l’intelligence humaine et sera pour la foi source continuelle d’émerveillement ; toutefois, il est possible d’essayer d’en percevoir quelques lumières.

Le mystère de l’incarnation

Le Christ est la deuxième personne de la Trinité, devenu homme. C’est ce qu’affirme clairement le prologue de l’Évangile selon Jean. La Parole qui existe de toute éternité, qui était auprès de Dieu et qui était Dieu (Jean 1,1), s’est faite chair (Jean 1,14), c’est-à-dire qu’elle s’est incarnée. L’évangile selon Jean affirme à plusieurs reprises la préexistence du Fils (c’est-à-dire le fait que Jésus existait, en tant que Fils, en tant que Verbe, de toute éternité). Outre Jean 1,14, on peut citer encore Jean 3,13 ; 6,62 ; 17,5,  ainsi que 1 Jean 1,1-3. Reprenant probablement les paroles d’un hymne que les premiers chrétiens avaient l’habitude de chanter, Paul affirme que le Christ, de condition divine, s’est humilié et a pris la forme de serviteur en devenant semblable aux hommes (Philippiens 2,6ss). De même, en Colossiens 1,15s, l’apôtre signale que le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de la création (c’est-à-dire l’héritier, celui qui a la prééminence), qu’il est celui par qui le Père a tout créé. Il suggère ensuite son incarnation, en affirmant qu’il est celui qui a tout réconcilié par sa mort sur la croix. Paul parle aussi à plusieurs reprises de « l’envoi » du Fils par le Père (Galates 4,4 ; Romains 8,3) pour accomplir la mission de salut (ce qui suggère encore la préexistence et l’incarnation). L’auteur de l’épître aux Hébreux affirme aussi la préexistence du Fils : le Fils, par qui Dieu a créé l’univers (d’où sa préexistence) est le « reflet de sa gloire et l’expression de sa personne ». Ce fils, « après avoir accompli la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts » (Hébreux 1,2ss).

La foi en l’incarnation c’est l’affirmation que Dieu s’est fait homme et ce n’est pas, contrairement à ce que pensent beaucoup de non chrétiens, les musulmans en particulier, transformer un homme, Jésus, en Dieu ; ce n’est pas diviniser un homme. Selon la foi chrétienne, Jésus n’est pas « l’homme qui devint Dieu », mais il est Dieu fait homme (sans cesser d’être Dieu).

Il ne faudrait pas non plus confondre le thème chrétien de l’incarnation, avec celui de l’avatar, que l’on trouve dans l’hindouisme. En effet, les divinités (Brahma, Shiva, Vishnu), selon les hindous, « s’incarnent » ou plutôt se manifestent sous forme humaine ou parfois animale, afin de rétablir le dharma (la loi éternelle). Mais il s’agit de manifestations passagères, ponctuelles. Pour la foi chrétienne, en revanche, Dieu s’est fait homme une fois pour toutes, et ceci pour l’éternité. Jésus est, pour l’éternité, Dieu et homme. Lorsqu’il est retourné auprès du Père, il ne s’est pas « débarrassé » de son humanité, car il n’a pas revêtu l’humanité comme on revêt un manteau. L’homme Jésus existe pour l’éternité et il existe en tant que Dieu-homme (Luc 24,39 ; Actes 17,31 ; 1 Corinthiens 15,45.47, etc.).

Jésus, vrai Dieu

Nous avons signalé ailleurs les éléments de l’Ancien Testament qui suggéraient la divinité du Messie promis. Mais il est clair que ce sont surtout les textes du Nouveau Testament qui, de manière diverses et variées, affirment la divinité du Christ. Quand on fait le déploiement de ces preuves, il ne faut pas oublier que les premiers disciples de Jésus étaient des Juifs élevés dans le monothéisme le plus strict. Ces preuves n’auraient pas la même force, si le judaïsme était polythéiste. 

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Alain Nisus

Alain est vice-doyen de la FLTE et professeur de théologie systématique. Il est également auteur de quelques ouvrages de référence dans la foi évangélique.

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2 Commentaires

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  • J’ai une question concernant cet article. Voici l’extrait qui me préoccupe:
    « Pour la foi chrétienne, en revanche, Dieu s’est fait homme une fois pour toutes, et ceci pour l’éternité.Jésus est, pour l’éternité, Dieu et homme. Lorsqu’il est retourné auprès du Père, il ne s’est pas « débarrassé » de son humanité, car il n’a pas revêtu l’humanité comme on revêt un manteau.
    L’homme Jésus existe pour l’éternité et il existe en tant que Dieu-homme (Luc 24,39 ; Actes 17,31 ; 1 Corinthiens 15,45.47, etc.). »

    Déjà, je n’avais jamais perçu l’humanité de Christ comme « éternelle ».
    Je pensais qu’à sa résurrection, il avait pleinement retrouvé sa nature divine.
    Dans la mesure où sa mission était terminé. Pour moi, « L’humanité de Christ » a commencé à sa naissance pour s’achever à sa mort.
    Avant et après, il est pleinement dans la divinité. Par conséquent, j’entrevoyais  » l’humanité du chrétien » comme quelque chose de temporaire. Après sa mort, dans sa résurrection il est totalement et parfaitement conforme à Christ.

    Donc j’ai deux questions.
    – Comment concevez-vous « l’éternelle humanité de Christ? (Qui va de la création à nos jours?)
    – Qu’est ce que cela représente pour nous chrétiens?

    Au plaisir d’échanger avec vous.
    Victoria.

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    • Merci Victoria pour les questions.
      L’incarnation, c’est l’affirmation que Dieu le Fils s’est fait homme en Jésus-Christ. Il n’a jamais cessé d’être Dieu, il ne s’est pas « dépouillé » de sa divinité, car la divinité n’est pas un manteau qu’on enlève (donc il ne faut pas dire qu’il a « retrouvé sa divinité à la résurrection »). L’humanité non plus. Un homme/une femme, une fois créé(e) l’est pour l’éternité. L’humanité de Jésus a bien commencé à sa naissance, mais durera éternellement. Tu peux lire les versets bibliques que j’ai signalé et qui affirment que Jésus est homme pour toujours, mais pour être plus au clair, il faudrait lire le chapitre entier du livre, pour bien comprendre ce qu’est l’incarnation.
      La conséquence pour nous, c’est que nous vivrons éternellement, soit dans la plénitude avec Dieu (paradis) soit hors de sa présence (« châtiment éternel »).
      Bonne persévérance,
      Alain Nisus

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