Post de Pierre-Emmanuel F., 22 ans, étudiant en école de commerce
- Hé, j’ai un truc de ouf à te proposer, t’es dispo ce soir ?
Recevant ce SMS d’un ami habitant à l’autre bout de la France, j’étais un peu sceptique…
- Euh oui, j’suis dispo ! Pas longtemps, mais j’suis dispo…
- Alors ni une ni deux, prends ta Bible, et va dans le café le plus proche de chez toi ! J’y vais aussi de mon côté !
Je pensai en moi-même : Oula, ralentis un peu ! Je suis bien calé dans mon fauteuil, je me couche dans moins de deux heures, on est en hiver, et tu sais moi, l’évangélisation…
Je lui répondis :
- Tu sais, je n’ai que peu de temps, je crois que je préfère prier pour toi pour ce soir. Tiens-moi au courant !
Il y a trois ans, un jeudi soir après avoir échangé ces SMS, j’ai commencé à accompagner cet ami dans la prière. L’évangélisation directe, avec ma Bible, dans un café, je ne le sentais pas. Non pas qu’évangéliser n’est pas essentiel, au contraire, mais plusieurs moyens existent. Et celui-là n’était pas celui qui me convenait le mieux. Ma Bible sur mes genoux, bien calé sur mon lit, j’ai donc commencé à prier. Entre deux prières, je lisais. Entre deux versets, je méditais. Puis je priais à nouveau.
Pendant trois ans, je priais ainsi, régulièrement, le jeudi soir. Bien installé avec ma liste de sujets de prière, j’établissais de mon côté ce lien triangulaire qui nous unissait à Dieu. Certains soirs, j’avais très peu de nouvelles, c’était plutôt bon signe : c’est qu’il discutait avec les gens, prenait de leurs nouvelles et les écoutait. Les conseillait aussi, parfois. Ou alors leur lisait un verset en lien avec leur vie, leur histoire, leur état d’esprit.
Durant ces trois années, je passais du temps chaque semaine à penser à Patrick, un homosexuel qui a lié une amitié avec ce pote. J’ai appris à aimer Tony, un jeune au chômage qui a souffert d’un orphelinat chrétien. J’ai entendu parler des dessins de Fredo, un artiste méconnu qui voulait connaître le message de la Bible. J’ai suivi l’histoire de Marvin, 30 ans, un original qui vit dans une caravane dans le jardin de ses parents. J’ai su que Romain faisait une thèse sur les religions. Sébastien, lui, rigolait toujours en voyant la Bible. Nicolas, le barman, était toujours présent. Et cet homme, qui a perdu sa femme et sa fille dans un accident de voiture le jour des 18 ans de cette dernière…
Ses potes de promo l’appelaient « l’apôtre ». Ça m’a fait rire, ce soir-là. Même si certains le regardaient du coin de l’œil ou étaient parfois susceptibles de l’agresser, j’admirais sa démarche. Je n’étais pas capable d’accomplir ce qu’il faisait. De lâcher mon confort, mes quatre murs et la chaleur de mon studio pour partir rencontrer des inconnus. En revanche, je priais. Car nous étions tous deux persuadés que la prière est efficace. Prier pour des inconnus et pour la progression de l’Évangile me permettait de ne pas me centrer sur moi-même, mais sur Dieu. Sur son action, et ce mystère de la grâce. C’était pour moi un moyen de me connecter directement à Dieu, lui parler librement et passer un moment agréable en sa présence. J’ai beaucoup appris : à connaître Dieu, à m’émerveiller de ses actes, à m’humilier devant sa face… Les soirées se finissaient plus ou moins tard, mais j'avais toujours droit à un retour complet, un « débrief » comme on appelait ça. Je revivais ainsi, par procuration, les événements racontés, et complétais ma liste de sujets de prière.
Tu n’es peut-être pas hyper à l’aise à l’idée de partir évangéliser dans le café en bas de chez toi. Et pourtant… tu pourrais peut-être le faire, seul ou avec un ami. Ou alors, si tu préfères prier, prie. Associe-toi avec un pote ; même à distance, ça fonctionne super bien ! Il suffit d’un peu de volonté et de beaucoup de foi, et le tour est joué. Dieu en a accompli des choses dans ce café. Et je suis certain que les prières, paroles et encouragements laissés ont porté et continueront de porter du fruit, car Dieu entend. Et agit.
Accepte de relever ce défi. Ne te pose pas de question et agis : pars dans ce café, ou prie pour un pote et les inconnus rencontrés… fais quelque chose, agis ! Et des vies pourront être transformées, comme la tienne l’a été. Par la grâce de Dieu.