Prière de patienter !

Il y a quelques semaines, j’ai été témoin d’un miracle. Le type de miracle pour lequel j’ai bien souvent prié et pour lequel je n’avais plus d’attentes. Et lors d’un moment ordinaire dans une journée ordinaire, l’impossible est arrivé !

Les miracles sont merveilleux, mais un grand nombre de miracles nécessite du temps et une patience remarquable.

Un homme que je connais et que j’aime depuis longtemps, un homme au sujet duquel je me suis investi et pour lequel j’ai prié, un homme qui m’a fait désespérer et contre qui j’ai quelquefois péché, cet homme a changé. Il a vraiment changé. L’Esprit de Dieu est venu éclairer ce qu’il y avait de plus sombre dans son âme. Les anges, eux-mêmes, ont dû être émerveillés par ce moment.

Maintenant que je repense à ce miracle et aux années durant lesquelles j’ai prié avant qu’il ne s’accomplisse, je crois que j’aurais aimé faire preuve de moins d’impatience. J’aurais aimé éviter d’avoir des pensées cyniques, de faire des reproches à cause de ma frustration, d’offrir à Dieu au sujet de cet homme, des prières sans conviction, de nourrir une colère intérieure injuste. Plus encore, je suis admiratif devant la patience de Dieu qui n’a pas honte d’appeler cet homme et moi-même, ses enfants.

Le Dieu vivant… se plaît à travailler à l’échelle de plusieurs années et décennies, au travers d’une vie entière.
David Powlison, Making All Things New, 61

Bien souvent, j’accorde un temps à mon prochain qui est bien plus court que celui de Dieu. Alors que je suis ses progrès en regardant aux jours et aux semaines, “le Dieu vivant”, selon les termes de David Powlison, “se plaît à travailler à l’échelle de plusieurs années et décennies, au travers d’une vie entière.” (Making All Things New, 61). Et j’aimerais beaucoup être comme lui : aspirer à la conversion de mon prochain avec zèle, prier avec foi afin qu’il change et attendre patiemment que cela se produise.

Car les miracles sont merveilleux, mais un grand nombre de miracles nécessite du temps et une patience remarquable.

Disciples de la patience parfaite

Reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant.
2 Timothée 4.2

L’apôtre Paul savait quelque chose de cette patience-là. Son propre témoignage porte la marque de l’amour endurant de Dieu, de sa “patience parfaite” (1 Timothée 1.16). Et Paul ne pouvait l’oublier.

Par conséquent, lui-même vivait et exerçait son ministère avec une profonde patience. Quoi d’autre aurait permis à Paul de continuer à aimer des églises qui parfois brisaient son cœur d’apôtre, des églises comme Corinthe ou celles de Galatie ? Bien que calomnié (2 Corinthiens 10.1-2), bien que mal apprécié (Galates 4.15-16), bien que confronté de manière récurrente à une déconcertante folie et au péché (1 Corinthiens 3.1-4), Paul, en disciple de Jésus-Christ, est resté patient, à l’image de son Dieu.

Ainsi, il enseignait les autres comme ceci : “reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant” (2 Timothée 4.2), « avertissez ceux qui vivent dans le désordre, consolez ceux qui sont abattus, supportez les faibles, usez de patience envers tous. » (1 Thessaloniciens 5.14). La patience pour Paul n’était pas seulement une façon d’agir parmi d’autres, c’était le vêtement à mettre sur chaque action.

Il a désiré, prié, travaillé, imploré, mais il a aussi attendu avec persistance (2 Corinthiens 12.12). Il a laissé venir les miracles au temps désigné par Dieu.

La patience pour Paul n’était pas seulement une façon d’agir parmi d’autres, c’était le vêtement à mettre sur chaque action.

Mais d’où peut venir cette “pleine patience” ? Où pouvons-nous trouver la force d’être patients, pas seulement avec ceux qui semblent espérer ou ceux dont nous comprenons les luttes, mais « avec tous » ? La patience comme celle de Paul nous vient (comme nous l’avons vu) de notre expérience de la patience de Dieu envers nous. Mais Paul nous donne plus, car très souvent quand Paul fait face au péché et à la folie, ses yeux regardent au devant.

Représente-toi leur futur

Considère le chrétien qui te cause le plus de peine : un frère, une sœur de ton entourage proche, un de tes parents, ton frère, ta sœur, ton propre enfant. Que vois-tu quand tu regardes cette personne, spécialement dans ses plus mauvais moments ? Tu vois certainement un jeune homme têtu, qui semble ne pas prendre sérieusement les conseils qu’on lui donne ou peut-être une jeune femme instable dont le “oui” est en fait un “nous verrons” et souvent un “non”.

Ces opinions sont compréhensibles, du moins pour un homme comme moi. Mais qu’est-ce que Paul voyait ? Il voyait sans nul doute, une âme troublée, comme la nôtre. Mais là où nous ne voyons souvent que ce qui est, Paul avait l’incroyable capacité de voir ce qui pourrait être et en Christ ce qui sera. Nous voyons une maison inhabitable, Paul voyait une maison inachevée. Il voyait les saints trébuchants à la lumière de ce qu’ils deviendraient un jour :

Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous une œuvre bonne en poursuivra l'achèvement jusqu'au jour de Jésus-Christ.
Philippiens 1.6

Le cadre dans lequel je place les gens n’est souvent qu’un petit carré trop étroit : je les emprisonne dans le moment présent, négligeant de voir d’où ils viennent ou où ils vont. Mais Paul utilisait un cadre beaucoup plus large ! Assez large pour voir l’obscurité et la mort d’où les autres venaient (« celui qui a commencé en vous une œuvre bonne... »), mais assez large aussi pour voir la lumière et la vie vers laquelle ils vont (« ...en poursuivra l'achèvement jusqu'au jour de Jésus-Christ »).

Paul voyait toujours le moment présent, bien sûr, et sa patience ne l’a pas empêché d’une part de reprendre ses frères et de leur faire de justes reproches, d’autre part de les mettre vivement en garde quand c’était nécessaire. Cependant, quand il portait le regard sur un enfant de Dieu repentant, certes souvent menacé par la chute mais persévérant dans sa foi, le aujourd’hui n’avait que peu d’importance face au « jour de Jésus-Christ », jour où ce saint sans éclat brillerait comme le soleil dans le royaume de Dieu :

Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père.
Matthieu 13.43

Ainsi, il pouvait distinguer les échecs décourageants d’aujourd’hui de la victoire finale de demain. Il savait d’avance que le colérique deviendrait calme, que l’impudique deviendrait pur, que le rancunier deviendrait miséricordieux et ceci non parce que les hommes eux-mêmes sont pleins de promesses mais plutôt car notre Dieu fidèle finit tout ce qu’il commence.

Maintenant nomme les

Je me trouve à penser : Ah oui, Paul a écrit ces mots pour les Philippiens, une église mature, dirait-il pareil de ceux qui luttent ? Bien sûr qu’il le ferait, et même il l’a fait. Il commence sa lettre aux Corinthiens pratiquement de la même manière (1 Corinthiens 1.8-9). Ce faisant, il révèle une autre dimension de la patience selon Dieu : l’homme patient ne voit pas seulement les chrétiens du moment présent, il arrive aussi à imaginer la réalité future dès maintenant et nomme déjà ces hommes chrétiens. Il voit, en Christ, que le soleil de leur vie se lève et non se couche, et il définit alors cette personne par le jour qui vient et non la nuit qui s’attarde.

Ainsi Paul, bien que découragé et déçu par la lenteur du progrès des Corinthiens, commence sa lettre par leur vrai nom :

À l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été consacrés en Jésus-Christ et qui sont saints par appel.
1 Corinthiens 1.2

Oh Corinthiens, vous pouvez agir quelquefois comme des pécheurs et des fous, mais ce n’est pas ce que vous êtes. En Christ, vous êtes appelés saints.

Nous trouvons cette manière de nommer avec patience ailleurs aussi, spécialement dans la vie de Pierre. Quand il se voyait comme un simple « homme pécheur » digne d’être abandonné par Jésus, notre patient Seigneur l’a appelé pêcheur d’homme (Luc 5.8-10). Plus tard, quand Pierre se sentait certainement à peine plus qu’une brebis désespérée et perdue, notre patient Seigneur l’a appelé un berger (Jean 21.15-17).

Chaque Pierre en échec a besoin de quelqu'un qui croit que cet échec ne le définit pas. Chaque Corinthien qui chancelle a besoin de quelqu’un qui voit son péché et l’appelle quand même un saint. Chaque chrétien découragé a besoin de quelqu’un qui lui fait lever les yeux vers le jour qui vient au cours duquel toutes les ombres de l’âme disparaîtront devant la face de notre patient Christ qui nous purifie.

Bien sûr, nous ne voulons pas donner à quelqu’un un nom que Dieu lui-même ne lui donne pas. Mais si Jésus pouvait voir un berger en Pierre et si Paul pouvait voir des saints dans les Corinthiens, alors certainement nous pouvons appeler les autres avec plus d’espoir que nous ne le faisons parfois.

Et quelle différence un tel nom peut faire. Quand nous nous sentons profondément perdus dans quelque forêt d’échecs, un nom fidèle peut être le chemin qui apparaît soudainement et nous éclaire pour nous guider dans notre chemin. Un tel nom suggère que je n'ai pas besoin de rester ici, en Jésus, je peux être plus que ce que je suis à cet instant.

De la place pour que le bien se développe

Chaque Pierre en échec a besoin de quelqu'un qui croit que cet échec ne le définit pas.

Plusieurs fois dans les lettres de Paul, la grâce de la patience tient la main à une autre vertu donnée par le Saint-Esprit : la bonté.

L'amour est patient, l'amour est bon (Paul aux Corinthiens)
1 Corinthiens 13.4

Il parle aussi de « la richesse de sa bonté, de sa tolérance et de sa patience » (Romains 2:4). Dans le jardin du Saint-Esprit les deux vont ensemble : « patience, bonté » (Galates 5:22).

Une telle association suggère que celui qui est réellement patient ne fait pas simplement que retenir sa langue ou son impétueuse frustration derrière un sourire de façade. Non, sa patience est le résultat d’une profonde passion, sainte et pure : un amour plein de bonté, cette bonté même qui mène à la repentance (Romains 2.4). Comme Dieu a été patiemment bon avec nous (et il l’est toujours au moment présent), ainsi nous aimons être patiemment bons envers les autres.

Imaginez alors la patience comme l’enclos d’un jardin, protégeant les fragiles pousses de grâce dans l’âme de l‘autre. Tandis que l’impatience laisse le vent et les animaux piétiner et mâcher, la patience crée de la place afin que les bonnes choses grandissent. Cela laisse de la place à la bonté pour briller et tomber comme la pluie, de la place pour que le travail commencé par Dieu se développe jusqu’à l’accomplissement.

Vous et moi, cher chrétien, sommes un jardin entre les murs de Dieu. N’importe quelle grâce que nous avons est un miracle façonné par sa patience et nourri par sa bonté. Et ces miracles arrivent encore aujourd’hui. Nous pouvons voir plus de ceux-ci si nous prions, imaginons, appelons, attendons et habillons tous nos mots avec un peu de la patience que nous avons reçue de lui.

Article traduit avec autorisation, merci Luc !

Source : Desiring God

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