Viande sacrifiée aux idoles et sainte cène : quel rapport ? (9/18)

Durant cet été 2023, nous allons faire une série d’articles autour de l’ouvrage « La vérité rendue visible » de Tim Chester, un livre qui a pour but de nous aider à mieux comprendre les sacrements (baptême, sainte cène) : bonne lecture et bon visionnage des vidéos accompagnant ces articles !

Si tu veux préfères cet article en format vidéo, c’est par ici.

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La position sur la sainte cène défendue dans cet ouvrage (la présence réelle spirituelle) étant succinctement expliquée, une question se pose alors à nous : dans quel contexte le Christ se rend-il présent spirituellement, pour combler son peuple de ses bienfaits ?

L’étude des propos de Paul sur les viandes sacrifiées aux idoles en 1 Co 8-10 va nous aider à répondre à cette question : il ne faut pas considérer le pain et le vin de manière isolée, mais plutôt les comprendre dans le cadre de la communauté de la sainte cène.

La viande sacrifiée aux idoles : qu’en penser ?

Dans les chapitres 8 et 9 de la première épître aux Corinthiens, Paul rappelle que manger de la viande sacrifiée aux idoles ne pose pas de problème en soi mais insiste sur l’importance d’agir sans choquer les autres croyants. 

Néanmoins, il est intéressant de voir que lorsqu’on arrive au chapitre 10, il va changer de ton.

En 1 Co 10.1-5, il rappelle que les Israélites ont reçu une sorte de baptême.

« Frères et sœurs, je ne veux pas vous laisser ignorer que nos ancêtres ont tous été sous la nuée et quils ont tous passé à travers la mer; ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer » (1 Co 10.1-2)

En 10.6-7 ; 11, il rappelle qu’ils ont pourtant été idolâtres, et Paul leur donne un avertissement.

« Ne devenez pas idolâtres comme certains d’entre eux. En effet, il est écrit: Le peuple s’assit pour manger et pour boire; puis ils se levèrent pour samuser. » (1 Co 10.7)

En 10.11-14, il rappelle que nous-mêmes, nous pouvons tomber dans le même écueil de l’idolâtrie, et qu’il faut par conséquent être prudent.

Tous ces faits leur sont arrivés pour servir d’exemples, et ils ont été écrits pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des temps. Ainsi donc, que celui qui croit être debout fasse attention à ne pas tomber! » (1 Co 10.11-12)

Une question de contexte

En 1 Co 10.14-17, Paul va établir un parallèle entre le culte chrétien et le culte païen.

« C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie. Je vous parle comme à des personnes intelligentes; jugez vous-mêmes de ce que je dis. La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion au sang de Christ? Le pain que nous rompons n’est-il pas la communion au corps de Christ? Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes nombreux, nous formons un seul corps, car nous participons tous à un même pain. » (1 Corinthiens 10.14-17)

Il va affirmer que la viande en elle-même n’est pas altérée lorsqu’elle est offerte à une idole. Et il va montrer qu’il en est de même pour le pain et le vin de la sainte cène. Leurs propriétés ne changent pas.

En fait, la clé est la question du contexte. 

Dans le contexte de la communauté chrétienne qui se rassemble dans la foi, manger du pain et boire du vin devient un acte de communion en Christ. La sainte cène n’est pas que du pain et du vin : c’est du pain, du vin, avec une liturgie, des prières et des lectures bibliques dans le contexte d’une communauté de foi.

Alors : idole ou pas idole ?

Ainsi, effectivement, une idole n’est rien. Et la nourriture sacrifiée aux idoles n’est rien. 

« Que veux-je donc dire? Que la viande sacrifiée aux idoles aurait de limportance, ou qu’une idole serait quelque chose? Pas du tout. » (1 Corinthiens 10.19)

Cependant, dans le contexte des sacrifices païens, cela revient à être en communion avec les démons. 

« Mais ce que les non-Juifs sacrifient, ils le sacrifient à des démons, et non à Dieu; or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. Vous ne pouvez pas boire à la coupe du Seigneur et à la coupe des démons; vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur et à la table des démons ». (1 Corinthiens 10.20-21)

Le contexte fait donc toute la différence ! Comme le dit justement un de mes professeurs de théologie à la Faculté Jean Calvin :

« Si Paul évoque la cène ici, ce nest pas pour donner un enseignement à son sujet, mais pour dire qu’il est incompatible de prendre la cène et de participer aux sacrifices païens, parce quen prenant ces deux repas, on dit à la fois quon est en communion avec le Dieu de la Bible et avec les idoles. Et cest contradictoire, impossible ! »

Le contexte de la sainte cène

Ainsi, cette même idée traduite dans le contexte de la sainte cène, nous informe que le pain et le vin deviennent un acte de communion avec le Christ lorsqu’on célèbre ce sacrement avec nos frères et sœurs ! 

La sainte cène, ou une étreinte du Seigneur à notre égard

Comme on a pu le dire précédemment, cette communion avec le Christ se fait par l’Esprit, qui nous fait asseoir, symboliquement, avec notre seigneur dans les lieux célestes. Il faut voir par les yeux de la foi qu’en prenant ce sacrement, on est amené dans la présence de Christ. Et comme on ne peut pas voir et toucher les choses spirituelles par nos sens, Dieu nous a donné des signes physiques pour nous encourager.

En fait, le baptême pourrait être comparé à une cérémonie de mariage.

Comme le dit Chester :

« Un couple s’aime peut-être, mais les sentiments peuvent fluctuer. C’est la raison pour laquelle le mariage est si important … Dieu a fait la même chose avec nous. Il a fait une alliance. Il s’est lié à nous, et le baptême symbolise cet engagement ».

La Sainte Cène, quant à elle, pourrait être comparée à une étreinte.

Le Seigneur s’approche de nous pour nous assurer de son amour allianciel. Il s’approche de nous pour nous étreindre. 

Il serait évidemment intolérable pour un mari ou une femme de passer un bon dîner avec son conjoint, pour ensuite aller coucher avec son amant. Cela provoquerait la colère et la jalousie de la partie lésée. 

Et c’est l’exemple qu’utilise Paul en 1 Co 10.21-22 :

« Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons. Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? »

Ainsi, on comprend mieux les parallèles mis en avant par Paul entre les cérémonies païennes et la sainte cène chrétienne. Si on s’approche du Christ dans la sainte cène pour ensuite le délaisser et pécher, alors il ne faut pas être surpris si Christ est jaloux. 

Il faut donc recevoir ce cadeau du Seigneur dans de bonnes dispositions, car c’est un signe de son amour. Il est l’hôte de ce repas, et il nous invite et nous étreint à travers celui-ci.

Comme pouvait l’écrire le théologien hollandais du 17e siècle Wilhelmus à Brakel :

« Le Seigneur Jésus, l’Epoux, viens vers eux par amour pour passer ce repas avec eux et faire en sorte qu’ils se régalent avec lui. Avec amour et plaisir, il les regarde, assemblés autour de lui. C’est là que le Saint-Esprit est actif, remplissant l’âme de lumière, de grâce et de réconfort ».

Conclusion

Le pain et le vin reçoivent ainsi leur puissance lorsqu’ils sont pris dans le contexte d’une alliance avec Dieu. Comme le dit Augustin en parlant du sacrement, cité par Calvin dans l’institution de la religion chrétienne : « Si tu le reçois charnellement, il n’en est pas moins spirituel, mais il ne l’est pas pour toi ».

Le signe reçoit donc son efficacité dans une relation d’amour et d’amitié avec le Christ. 

Que nous puissions venir humblement et avec foi au Christ, pour goûter à son amitié !

 

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Colin C.

Colin C.

Colin, 24 ans, Diplômé de Sciences-Po Lyon, et étudiant à la faculté de théologie Jean Calvin. Amateur de sport, de musique... et de tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la question de Dieu !

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