Pourquoi les chrétiens ont-ils du mal à aimer ?

Pourquoi les chrétiens ont-ils tant de mal à s’aimer les uns les autres ? Je ne pose pas cette question pour critiquer une fois de plus les échecs de l’Église – j’ai déjà bien assez de mal à m’attaquer à la poutre du manque d’amour qui est dans mon propre œil. Bien sûr, la question a autant de réponses différentes qu’il y a de chrétiens – même beaucoup plus, en fait, puisque chacun de nous a de multiples raisons de trouver difficile d’aimer Dieu et les autres comme nous le devrions.

Nous ne sommes pas surpris que l’humanité dans son ensemble trouve si difficile le type d’amour décrit dans 1 Corinthiens 13. Les humains sont défaillants ; c’est incroyablement difficile pour des pécheurs qui sont séparés de Christ de « pardonner tout, croire tout, espérer tout, et supporter tout » comme le fait l’amour.

Mais ce qui peut nous surprendre, c’est que les chrétiens ont tant de mal avec l’amour. Comment se fait-il que nous, qui sommes nés de nouveau, qui avons reçu un cœur nouveau, et qui sommes animés par le Saint-Esprit, ayons encore tant de mal à aimer Dieu de tout notre être, à aimer notre prochain comme nous-mêmes, et à aimer nos frères chrétiens comme Jésus nous a aimés ? Cela ne devrait-il pas être plus facile que nous le pensons ?

Le Nouveau Testament et deux mille ans d’histoire de l’Église disent que non. L’une des raisons est que le Saint-Esprit ne nous est pas donné pour nous transformer magiquement en personnes qui aiment comme Jésus. Il nous est donné en tant qu’aide (Jean 14.26) pour nous apprendre à suivre notre Bon Berger sur le chemin difficile et laborieux de la transformation en personnes qui aiment comme Jésus. Le Saint-Esprit rend possible d’aimer comme Jésus a aimé, ce qui est impossible sans lui. Mais il ne nous donne pas des raccourcis faciles pour parvenir à un amour semblable à celui de Dieu.

« Le Saint-Esprit nous permet d’aimer comme Jésus a aimé, ce qui est impossible sans lui. »

Un joug facile, un chemin difficile

Qu’est-ce qu’est cette histoire de « chemin de transformation difficile et laborieux » ? Jésus n’a-t-il pas dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, et je vous donnerai du repos » et « mes exigences sont bonnes, et mon fardeau est léger » (Matthieu 11.28-30) ? Oui, il l’a dit. Mais il a aussi dit, « Étroite est la porte, resserré est le chemin menant à la vie, et il y en a peu qui les trouvent » (Matthieu 7.14). Ces deux déclarations ne sont pas des contradictions ; ce sont deux dimensions différentes de ce que signifie se repentir et croire en l’Évangile.

Lorsqu’il s’agit de nous réconcilier avec Dieu, Jésus a fait tout le travail nécessaire pour « effacer l’acte rédigé contre nous qui nous condamnait par ses prescriptions » (Colossiens 2.14). En ce sens, le joug de Jésus est facile : il paie l’entièreté de la dette pour nous. Le seul fardeau léger qui nous est demandé est de nous repentir et de croire en l’Évangile.

Mais lorsqu’il s’agit du fait de devenir conformes à l’image de son Fils (Romains 8.29), de la « transformation à l’image de Dieu, de gloire en gloire » (2 Corinthiens 3.18), le chemin menant à la vie est difficile. Dans ce contexte, se repentir et croire en l’Évangile signifie apprendre à marcher dans « l’obéissance de la foi » (Romains 1.5) – apprendre à « marcher par l’Esprit, et ne pas accomplir les désirs de notre nature propre » (Galates 5.16), apprendre à « marcher d’une manière digne du Seigneur, et lui plaire entièrement » (Colossiens 1.10).

Apprendre à marcher dans le chemin du Christ n’est pas moins une œuvre de la grâce de Dieu en nous que d’apprendre à croire en Jésus pour le pardon de nos péchés. Mais cela exige que nous exercions notre foi en Christ en obéissant activement à Christ, contrairement aux désirs pécheurs qui habitent encore nos membres (Romains 7.23).

C’est censé être difficile

Selon le Nouveau Testament, apprendre à marcher dans l’obéissance de la foi ressemble à ce qui suit :

  • Renoncer à nous-mêmes, prendre notre croix et suivre Jésus là où il nous conduit (Matthieu 16.24).
  • Faire mourir ce qui est terrestre en nous (Colossiens 3.5), et ne pas laisser le péché régner dans nos corps mortels, pour nous faire obéir à ses passions (Romains 6.12)
  • Mourir chaque jour au péché, aux préférences personnelles et même à nos libertés chrétiennes par amour pour Jésus, nos frères et sœurs dans la foi et les incroyants (1 Corinthiens 15.31).
  • Ne rien faire par esprit de rivalité ou par désir d’une gloire sans valeur, mais, avec humilité, considérer les autres comme supérieurs à nous-mêmes (Philippiens 2.3)
  • Se revêtir de sentiments de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience, se supporter les uns les autres et, si l’un a une raison de se plaindre, se pardonner mutuellement comme le Seigneur nous a pardonné (Colossiens 3.12-13)
  • Ne rendre à personne le mal pour le mal, mais rechercher toujours le bien, soit entre nous, soit envers tous les hommes (1 Thessaloniciens 5.15)
  • Se réjouir sans cesse, prier sans cesse et exprimer notre reconnaissance en toute circonstance (1 Thessaloniciens 5.16-18)
  • Aimer nos ennemis et prier pour ceux qui nous persécutent (Matthieu 5.44)
  • Lutter contre les puissances, les autorités, les souverains de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal dans les lieux célestes (Ephésiens 6.12)

Et ce n’est qu’un échantillon. Mais c’est un échantillon suffisamment important pour nous donner une idée de l’impossibilité humaine d’obéir aux plus grands commandements, qui sont tous des expressions de l’amour pour Dieu, pour nos voisins et pour les autres chrétiens. Tous ceux qui prennent ces impératifs au sérieux se rendent compte que la voie transformationnelle de l’amour qui mène à la vie est difficile. C’est censé être difficile.

« La voie transformationnelle de l’amour qui mène à la vie est difficile. C’est censé être difficile. »

Mais pourquoi le chemin doit-il être aussi difficile ? Voici comment Jésus a répondu à cette question.

Seulement possible avec Dieu

Te souviens-tu de l’histoire du jeune homme riche dans Matthieu 19 ? Lorsqu’il a été contraint de choisir, il n’a pas pu se défaire de ses richesses pour avoir Dieu, ce qui a révélé qu’il aimait ses richesses plus que Dieu, que ses richesses étaient son dieu. En regardant l’homme s’éloigner, Jésus a dit : « Je vous le dis, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » Et te souviens-tu de la réponse des disciples ? Ils ont demandé : « Qui donc peut être sauvé ? ». Lorsqu’ils ont vu où Jésus avait placé la barre, ils ont compris que personne ne pouvait sauter aussi haut. C’est précisément ce que Jésus voulait dire : « Aux hommes, cela est impossible, mais à Dieu, tout est possible » (Matthieu 19.26).

Nous, les disciples, devons tous nous rendre compte de cela. Aussi beaux et admirables que soient les commandements d’amour de Jésus, nous ne pouvons et ne voulons pas y obéir par nos propres forces. C’est impossible. Notre chair est tout simplement trop faible et notre péché résiduel trop fort.

Cela mérite d’être répété. Il est impossible d’aimer comme Jésus sans être habilité par le Saint-Esprit. Parce que s’efforcer d’aimer Dieu et les autres comme Jésus expose et confronte chaque impulsion impie, pécheresse et égoïste du péché restant en nous, nous obligeant à mettre quotidiennement à mort ce qui est terrestre en nous et à renoncer régulièrement à nous-mêmes pour l’amour de Jésus et le bien d’autrui.

Aucun d’entre nous ne suivra cette voie difficile de manière cohérente et continue à moins que, par l’Esprit, nous ne « [contemplions] vraiment la gloire du Seigneur » et que nous ne considérions toutes les épreuves comme « une légère affliction momentanée » qui nous transforme de gloire en gloire et « nous prépare un poids éternel de gloire qui dépasse toute comparaison » (2 Corinthiens 3.18 ; 4.17). Nous ne marcherons pas sur ce chemin difficile si nous ne voyons pas que vivre selon la chair conduit à la mort, mais que faire mourir les actions du corps par la puissance de l’Esprit conduit à la vie (Romains 8.13) – que choisir le chemin difficile, c’est choisir la vie abondante (Jean 10.10).

« Toi, suis-moi »

Cela ne répond pas aux nombreuses questions qui nous assaillent sur le chemin de l’amour. Beaucoup d’entre elles, vues de notre point de vue très limité, peuvent sembler n’avoir aucun sens. J’en sais quelque chose. J’ai longtemps réfléchi à ce genre de questions.

Mais lorsque je suis trop découragé et critique à l’égard des échecs de l’Église en matière d’amour, une phrase que Jésus a dite à Pierre m’aide souvent à me recentrer sur mes propres échecs en matière d’amour – les échecs en matière d’amour dont je suis le premier responsable et auxquels je peux, par la puissance de l’Esprit, faire quelque chose. Lorsque Jésus a révélé à Pierre la façon désagréable dont il allait mourir, Pierre a essentiellement demandé : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? ». Jésus lui dit : « Si je veux qu’il vive jusqu’à ce que je revienne, en quoi cela te concerne-t-il ? Toi, suis-moi ! » (Jean 21.21-22).

Dieu a tissé tant de desseins mystérieux dans la manière dont il a ordonné la réalité, et je continue d’apprendre à quel point mes perceptions ne sont pas fiables lorsqu’il s’agit de les déchiffrer. Il est sage de tenir compte des paroles de Paul : « [Ne portez aucun] jugement avant le moment fixé, avant le retour du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et il dévoilera les intentions des cœurs » (1 Corinthiens 4.5) ; je suis sage d’écouter les paroles de Jésus : « Toi, suis-moi! ».

En tant que chrétiens, notre vocation première aujourd’hui est de suivre Jésus, dans la puissance de l’Esprit de Jésus, sur le dur chemin de l’amour auto-sacrificiel et glorifiant Dieu, qui mène à une vie incomparablement glorieuse, abondante et éternelle. Nous ne sommes pas responsables du témoignage d’amour de toute l’Église, ni même de toute notre Église locale.

Mais si nous sommes prêts à renoncer à nous-mêmes, à prendre notre croix et à suivre Jésus – aussi imparfaitement que nous aimons tous de ce côté-ci de la gloire – alors nous ferons de plus en plus l’expérience du fruit de l’amour né de l’Esprit : « C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35).

 

Article traduit avec autorisation, merci Lara !

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1 Commentaire

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  • Mercii beaucoup que Dieu vous bénisse

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