L’étendue de l’amour fraternel (5/7)

 L’ÉTENDUE DE L’AMOUR FRATERNEL

 Dans ce nouvel article, j’aimerais aborder un nouvel aspect pratique de l’amour fraternel : son étendue et ses éventuelles limites. Existe-t-il des limites (temporelles, hiérarchiques, spatiales ou autres) à l’amour fraternel ? Le commandement d’aimer ses frères est-il applicable en tout temps ? Certaines circonstances te dispensent-elles de ce commandement ? Peux-tu « choisir » les frères et sœurs que tu aimes ?

S’agissant des éventuelles limites temporelles ou d’importance, la première épître aux corinthiens nous répond que l’amour ne connaîtra pas de fin dans le temps. En effet, qu’est-ce qui différencie l’amour de la prophétie ou de la connaissance ? L’amour n’aura pas de fin alors que -par définition- la prophétie et la connaissance qui sont des dons spirituels auront une fin[1]. De plus, si l’amour fraternel n’a pas de « limite temporelle finale », il ne doit pas souffrir de discontinuité non plus : « Que l’amour fraternel demeure. » nous dit Hébreux 13.1[2]. 

Existe-t-il des vertus chrétiennes plus importantes que l’amour qui justifieraient qu’on la relègue au second plan ? Qu’est-ce qui différencie l’amour de la foi et l’espérance (deux autres grandes vertus de la vie chrétienne) ? L’amour est la plus grande de ces vertus[3]. Dans la même idée, Colossiens 3.12-15[4] nous enseigne qu‘avant toute chose, l’élu de Dieu doit se revêtir de l’amour : ici l’amour est placé en priorité à côté de la miséricorde, la bonté, l’humilité, la douceur, la longanimité, le support, le pardon. Nous pouvons également citer ce verset de l’apôtre Pierre qui place l’amour fraternel comme LA priorité : « Mais la fin de toutes choses s’est approchée ; soyez donc sobres et veillez pour prier ; mais, avant toutes choses, ayant entre vous un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés ; » (1 Pierre 4.7-8). 

Certaines circonstances peuvent-elles justifier que nous n’agissions pas avec amour ou même avec haine ?La Bible enseigne que l’amour devrait être omniprésent dans nos actions : « Que toutes choses parmi vous se fassent dans l’amour. » (1 Corinthiens 16.14). Il s’agit de « marcher » dans l’amour[5], d’être « enracinés et fondés dans l’amour »[6], de se « revêtir » de l’amour[7] et de s’aimer « ardemment d’un cœur pur »[8]. On voit là l’idée de continuité, de marche sans exception possible et même de progression : « Or, quant à l’amour fraternel […] nous vous exhortons, frères, à y abonder de plus en plus » (1 Thessaloniciens 4.10). Cet enseignement est valable y compris dans le cas où un frère ou une sœur t’aurait causé du tort : tu dois t’efforcer de l’aimer même si ton cœur naturel te pousse à ne plus l’aimer ou pire à le haïr. Si c’est difficile, prie pour cela et parles-en à des amis de confiance : un manque d’amour ne produit jamais de bonnes choses. 

Enfin, pour répondre à la dernière question : « puis-je « choisir » parmi mes frères et sœurs ceux que j’aime ? », là encore, la Bible est sans appel et nous invite à un amour au bénéfice de tous les frères et sœurs sans exception : « Honorez tous les hommes ; aimez tous les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi. » (1 Pierre 2.17)[9]. De plus, cet aspect d’aimer « tous » les frères et sœurs me semble sous-entendu dans chaque commandement du type « aimez-vous les uns les autres ». On perçoit bien la portée générale de ce commandement (qui participe d’ailleurs de sa grandeur). A ce propos, Alfred Kuen nous interpelle : « Dans l’Église nous rencontrons des hommes et des femmes sympathiques, souriants, qui ont le contact facile. Nous en trouvons aussi d’autres, plus renfermés, moins communicatifs, au caractère (ou au physique) moins agréable. Aimerons-nous les uns comme les autres – comme Jésus nous a aimés ? »[10].

 En résumé, l’étendue de l’amour fraternel est très vaste et ne connaît pas de limites. Mais cela ne doit pas te décourager : rappelle-toi que c’est Dieu qui est la source de cet amour infini et qui te permet de le vivre au quotidien par le Saint-Esprit qu’il t’a donné.

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[1] « L’amour ne périt jamais. Or y a-t-il des prophéties ? elles auront leur fin. Y a-t-il des langues ? elles cesseront. Y a-t-il de la connaissance ? elle aura sa fin. » 1 Corinthiens 13v8.

[2] Le reproche de n’avoir pas obéit à ce commandement n’est-il pas en parti celui qui est fait à l’église d’Éphèse en Apocalypse 2v4 : « mais j’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour » ?

[3] 1 Corinthiens 13v13.

[4] « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi [faites] de même. Et par-dessus toutes ces choses, [revêtez-vous] de l’amour, qui est le lien de la perfection. Et que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos cœurs ; et soyez reconnaissants. » Colossiens 3v12-15 ; voir aussi 1 Timothée 1v5.

[5] Éphésiens 5v1-2.

[6] Éphésiens 3v14-19.

[7] Colossiens 3v14.

[8] 1 Pierre 1v22.

[9] A ce propos, voir aussi 1 Thessaloniciens 4v9-10.

[10] Alfred Kuen, Les uns les autres, p.31

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