Qu’est-ce qui est « en jeu » avec l’amour fraternel ? (3/7)

DEUXIEME PARTIE : QU’EST-CE QUI EST « EN JEU » AVEC L’AMOUR FRATERNEL ?

Après avoir évoqué l’importance que revêt le sujet de l’amour fraternel pour Dieu, je te propose, dans ce troisième article, d’évoquer les principaux domaines de notre foi qui sont impactés par la façon dont nous aimons nos frères et sœurs.

SINCERITÉ DE NOTRE FOI ET OBEISSANCE A DIEU

 Tout d’abord, l’amour fraternel est un révélateur d’une foi vraie et authentique. Il va de pair avec la vie nouvelle. Watchman Nee peut ainsi affirmer en accord avec la Bible que : « Si l’amour fait défaut, la foi est inexistante. Si l’amour est là, la foi l’est aussi. Ne cherchez donc pas à vous assurer de l’authenticité de la foi en observant la foi. Percevez la foi à travers l’amour ; tout sera clair, alors. » Tu pourrais trouver cette affirmation sévère voire simpliste, pourtant elle se contente de reformuler les enseignements de la Bible[1] : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères » (1 Jean 3.14) ; « Bien-aimés, aimons-nous l’un l’autre, car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1 Jean 4.7-8). 

Un personnage de la Bible semble avoir tout particulièrement expérimenté cet amour fraternel consécutif à la nouvelle naissance : le geôlier d’Actes 16. Alors qu’il est présenté avant sa conversion comme un homme dur et cruel (il « jette » Paul et Silas en prison et les attache par les pieds au v.24), il se convertit et montre très vite de l’amour pour ses frères (il leur ouvre sa maison et nettoie leurs plaies aux v.33-34).

Ensuite, comme nous l’avons vu en introduction, le fait d’aimer ses frères est un commandement de Dieu : « C’est ici mon commandement : Que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. » (Jean 15.12)[2]. Ce commandement est répété à maintes reprises : par Jésus lui-même mais aussi par les apôtres (une épître est même très largement consacrée à ce sujet[3]). Dès lors, un deuxième enjeu solennel découle du commandement d’aimer ses frères et sœurs : ton degré d’obéissance à Dieu. Si nous aimons nos frères, nous obéissons à Dieu. Mais si nous les négligeons, nous lui désobéissons. D’ailleurs, le fait d’obéir aux commandements de Dieu est à la fois une preuve d’amour pour Lui : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime […] » (Jean 14.21) et une façon de demeurer en Lui : « Personne ne vit jamais Dieu ; si nous nous aimons l’un l’autre, Dieu demeure en nous, et son amour est consommé en nous. » (1 Jean 4.12). 

La façon dont tu aimes tes frères et sœurs est donc à la fois un marqueur de la vie nouvelle en toi et une façon d’obéir et d’être en communion avec Dieu. 

CROISSANCE SPIRITUELLE

 L’amour fraternel exerce également une influence sur ta croissance spirituelle individuelle et collective.

 S’agissant de ta croissance individuelle, il faut d’emblée relever que l’amour fraternel est étroitement lié à notre façon d’imiter Jésus. Chercher à aimer ses frères, c’est chercher à imiter Christ. C’est Jésus lui-même qui nous demande de l’imiter dans la façon dont il nous a aimés[4] : « Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre. » (Jean 13.34). Or, nous comprenons bien que c’est en imitant toujours plus fidèlement notre Maître que nous pourrons grandir significativement dans la foi. De plus, l’apôtre Pierre présente l’affection fraternelle et l’amour comme des boosters pour connaître Christ : « pour cette même raison aussi, y apportant tout empressement, joignez à votre foi, la vertu ; et à la vertu, la connaissance ; et à la connaissance, la tempérance ; et à la tempérance, la patience ; et à la patience, la piété ; et à la piété, l’affection fraternelle ; et à l’affection fraternelle, l’amour ; car, si ces choses sont en vous et y abondent, elles font que vous ne serez pas oisifs ni stériles pour ce qui regarde la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ ; » (2 Pierre 1.5-8). Plus largement, c’est dans une vie d’obéissance à Dieu, et donc à son commandement d’aimer nos frères, que tu pourras croître et t’épanouir spirituellement.

 S’agissant de la croissance collective, l’exercice des dons spirituels est un domaine où l’édification et la croissance du Corps est directement concernée[5]. La Bible nous présente justement l’exercice des dons spirituels comme étant indissociable de l’amour pour porter du fruit : « Si je parle dans les langues des hommes et des anges, mais que je n’aie pas l’amour, je suis comme un airain qui résonne ou comme une cymbale retentissante. Et si j’ai la prophétie, et que je connaisse tous les mystères et toute connaissance, et que j’aie toute la foi de manière à transporter des montagnes, mais que je n’aie pas l’amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais en aliments tous mes biens, et que je livrerais mon corps afin que je fusse brûlé, mais que je n’aie pas l’amour, cela ne me profite de rien. » (1 Corinthiens 13.1-3). L’apôtre Paul enseignera même aux corinthiens que « la connaissance enfle, mais l’amour édifie. » (1 Corinthiens 8.1). 

L’épître aux éphésiens livre également un enseignement magistral sur le processus d’édification et d’accroissement du Corps : « […] mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ ; duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour. » (Éphésiens 4.15-16). On voit que l’amour se retrouve à deux niveaux du processus de croissance collective (du Corps). Il en est un ingrédient indispensable (v.15) et fait partie du résultat recherché : « l’édification du corps en amour » (v.16). 

La façon dont tu aimes tes frères et sœurs, en plus de parler de ton obéissance à Dieu et de ta foi, impacte ta croissance spirituelle individuelle et collective.

 TEMOIGNAGE

 Jésus le dit très clairement, la façon dont nous nous aimons a une influence directe sur notre témoignage : « Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous. » (Jean 13.34-35). Notre unité -qui est étroitement lié à l’amour que nous avons les uns pour les autres- a la même influence sur le monde : « Or je ne fais pas seulement des demandes pour ceux-ci, mais aussi pour ceux qui croient en moi par leur parole ; afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi tu m’as envoyé. » (Jean 17.21). A l’inverse, existe t’il pire contre-témoignage que des chrétiens divisés, ou pire, qui se font la guerre ?[6]

 Comme le dit très justement Alfred Kuen : « Le monde […] aspire à trouver un milieu où les liens humains soient solides et profonds. Plus l’organisation sociale se perfectionne, plus l’homme devient solitaire. […] L’Église peut, sur ce plan, apporter un témoignage unique et convaincant. […] S’il voit un groupe dans lequel les membres s’aiment réellement sans que ces relations s’enlisent […] alors il écoutera peut-être aussi plus attentivement ce que les chrétiens ont à lui dire. »[7]

Aimer tes frères et sœurs exerce donc une influence pratique, quotidienne et profonde dans ta vie chrétienne. Il est d’abord le marqueur de la vie nouvelle en toi, une sorte de battement de cœur de l’homme régénéré. Il est également une preuve de ton obéissance et de ta communion avec Dieu. Il impacte aussi très largement ta croissance spirituelle au niveau individuel comme collectif. Enfin, pour nous qui devons porter la bonne nouvelle au monde, la façon dont nous nous aimons peut être un formidable moyen d’annoncer Christ.

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[1] A ce propos, voir aussi : 1 Jean 3v10-15 ; 1 Jean 4v7-8 ; Galates 5v22-23…

[2] Voir aussi Romains 13v8 qui indique que celui qui aime son prochain a accompli la loi et Jacques 2v8 qui qualifie le commandement d’aimer son prochain comme étant la « loi royale ».

[3] Cf. la première épître de Jean.

[4] A ce propos, voir aussi : Jean 13v12-15 ; Éphésiens 4v31-32 ; Éphésiens 5v1 ; Colossiens 3v8-15.

[5] Éphésiens 4v11-16 ; 1 Corinthiens 14v12 ; Romains 14v19 ; Romains 1v11 ; Romains 15v2 ; 1 Corinthiens 14v1-4 ; 1 Corinthiens 14v6 ; 1 Corinthiens 14v19 ; 1 Corinthiens 14v26.

[6] « Si nous ne nous aimons pas les uns les autres comme Jésus nous a aimés, nous ne resterons pas unis longtemps. Les forces démoniaques le savent et pointent leurs flèches enflammées stratégiquement. C’est pour cela qu’un trop grand nombre d’Églises disparaissent à cause de conflits internes plutôt qu’à cause de persécutions externes. C’est pour cela que des Églises alors solides peuvent se briser. » Jon Bloom, Si nous n’aimons pas, nous ne durerons pas : surmonter les conflits dans l’Église.

[7] Alfred Kuen, ICHTHUS, n°5, juillet-août, 1970

 

 

 

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