L’humanisme, Nietzsche… ou le Christ !

Nous vivons une époque singulière où le christianisme est un courant de pensée devenu minoritaire en Occident. De ce fait, il peut être difficile, en tant que jeune chrétien, de s’orienter au sein de l’université, dans un monde où fusent des idées très différentes. Ce fut en tout cas mon expérience au début de mes études à Sciences-Po, n’étant pas au fait de ces différents cadres de pensée.

Le but de cet article est de nous aider à y voir un peu plus clair, afin de prendre garde à ces systèmes qui ont pour prétention de résoudre les problèmes de notre monde, tout en nous éloignant de la solution qu’apporte le Christ !

 

L’humanisme 

Un mouvement de pensée assez fort aujourd’hui parmi les jeunes étudiants (et ça ne date pas d’hier) est une forme d’humanisme, qui déclare vouloir participer à la mise en place d’une société totalement juste, en luttant contre tout ce qui peut être vu comme une forme d’oppression. Cela s’accompagne souvent d’une vision positive de la nature humaine : la cause des problèmes de notre monde ne serait pas à chercher dans le cœur de l’homme (donc la Bible nous dit pourtant qu’il est tortueux (Jérémie 17.9)), mais il serait avant tout à chercher dans les systèmes d’oppressions liés aux structures sociétales. Dans le système marxiste, certaines franges de la société étaient particulièrement ciblées (ex : les bourgeois, les élites, etc.).

En soit, les valeurs défendues par ces mouvements peuvent être nobles, comme la défense de la justice par exemple. Ce sont des valeurs que partagent aussi les chrétiens. Le problème est lorsque les hommes se pensent légitimes pour définir par eux-mêmes ce que sont des « bonnes valeurs », et lorsqu’ils croient que ces valeurs peuvent s’exprimer dans une forme parfaite dans notre société : vouloir un monde sans injustice, c’est vouloir le paradis avant l’heure, et c’est mal comprendre l’état du monde tel que décrit dans les Écritures. Cela revient à ne pas saisir la violence que constitue le péché, et l’étendue de son influence dans notre monde.

Pélage était un moine breton du 4e siècle qui niait l’existence du péché originel. Certains penseurs ont remarqué avec justesse l’existence de lien étroit entre une forme de pensée de gauche et la doctrine pélagienne [1]. Si on ne saisit pas que l’homme est mauvais pas nature, de par le péché originel qui a infecté son être tout entier, on va s’égarer dans une pensée humaniste non biblique. On ne comprendra plus que le problème principal est celui de la nature humaine, et on cherchera ainsi à assigner l’entièreté de la faute à la société dans son ensemble, ou à certaines franges de celle-ci (ex : les riches.).

Nietzsche 

De l’autre côté, il y a tout un pan de la jeunesse qui n’hésite pas aujourd’hui à se réclamer de l’héritage de Nietzsche, comme en témoigne la popularité croissante de nombreux youtubeurs classés à droite de l’échiquier politique [2]. Suivant une certaine interprétation de ce penseur [3], ces nouveaux disciples vont diviser le monde entre les faibles et les forts, en méprisant cet état de faiblesse qui caractériserait la majorité des hommes. À l’inverse, les forts, ceux que Nietzsche appelle « les surhommes », seraient ceux qui seraient capables d’avoir un impact sur la société, en adoptant une morale de puissance. Le sentiment de culpabilité serait une tare, héritée du christianisme, dont les forts devraient se débarrasser au plus vite. Il y a donc une critique très forte de ce qui est appelé « la culture woke » dans ces milieux, culture qui existerait dans le seul but de mettre sur les hommes un fardeau de culpabilité non légitime, et en les rendant faibles.

Chez ces personnes, au discours souvent virile, l’appel évangélique à se plaire dans les faiblesses (2 Corinthiens 12.10), et à se faire serviteur des autres (Galates 5.13), est donc inaudible.

En citant l’apôtre Paul (1 Corinthiens 4.11-13), Nietzsche expliquait ainsi son rejet du christianisme :

« Le christianisme a incorporé la rancune instinctive des malades contre les bien portants, contre la santé. Tout ce qui est droit, fier, superbe, la beauté avant tout, lui fait mal aux oreilles et aux yeux. Je rappelle encore une fois l’inappréciable parole de saint Paul : « Dieu a choisi ce qui est faible devant le monde, ce qui est insensé devant le monde, ce qui est ignoble et méprisé » ; c’est là ce qui fut la formule, in hoc signo la décadence fut victorieuse » (L’ Antéchrist ).

 

Le Christianisme 

En tant que chrétien, il nous faut bien comprendre comment nous situer entre ces différents mouvements :

Oui, le christianisme affirme l’importance des valeurs morales, mais il reconnaît avant toute chose que le cœur de l’homme est mauvais et qu’il nécessite le Christ. Que l’on soit bourgeois ou prolétaire, noir ou blanc, que l’on ait souffert beaucoup d’injustices ou non, le diagnostic est le même : tout notre être est corrompu, et nul d’entre nous ne peut se vanter de ne pas pécher. La solution est donc que les hommes soient réconciliés avec Dieu, en étant revêtus de la justice du Christ.

Oui, la nature humaine est marquée par la faiblesse, mais la voie de la rédemption ne passe pas par le surhomme. Croire en Christ, et accepter notre culpabilité devant notre péché, ce n’est pas la négation de la vie : mais bien plutôt rentrer dans la vraie vie, pleinement.

Cher lecteur, devant ce monde de péché et compte tenu des difficultés auxquelles on peut être confronté, on pourrait être tenté de vouloir trouver une planche de salut dans des systèmes de pensée séculiers, qui essayent à leur façon de régler le problème du péché. Et certains tempéraments seront plus prompts à être séduit par l’un ou l’autre de ces modes de pensée.

Mais la voie que le christianisme nous propose de suivre est la seule durable et profonde. Elle peut susciter le mépris des hommes, car elle est réaliste dans le diagnostic qu’elle pose sur le cœur mauvais de l’homme, et sur son besoin d’être racheté de sa culpabilité. L’homme n’est pas bon par nature. L’homme ne remplira pas sa mission sur la terre en devenant un « surhomme ». Il trouvera seulement la solution de son existence à la croix du Christ.

Acceptons les enseignements bibliques, et entrons dans le repos du Seigneur !

 

 

[1] C’était par exemple la thèse de l’auteur Léo Moulin (voir https://philitt.fr/2020/12/10/la-gauche-et-la-droite-face-au-peche-originel-la-theologie-politique-de-leo-moulin/)

[2] On peut penser aux youtubeurs Valek, Julien Rochedy, Barbare civilisé, etc.

[3] La pensée de Nietzsche étant souvent difficile à saisir, beaucoup de personnes de tendances politiques très différentes tentent de se l’approprier.

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Colin C.

Colin C.

Colin, 24 ans, Diplômé de Sciences-Po Lyon, et étudiant à la faculté de théologie Jean Calvin. Amateur de sport, de musique... et de tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la question de Dieu !

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