Plaire aux hommes en plaisant à Dieu

Plaire aux hommes n’est pas une vertu que beaucoup d’entre nous cherchent à cultiver. Nous cherchons peut-être à influencer les autres ou à les gagner à notre cause, mais pas à leur plaire. L’expression elle-même sonne double, comme un jeu d’acteur, comme un compromis – comme si nous agissions contre notre volonté pour satisfaire les désirs de quelqu’un d’autre. Personne ne veut être quelqu’un qui plaît aux autres.

Et pourtant l’apôtre Paul nous dit : “Je m’efforce en tout de plaire à tous” (1 Corinthiens 10.33). En tout à tous. Qu’est-ce qu’il voulait dire ? Nous devrions vouloir le savoir car dans le verset suivant il écrit, “Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ” (1 Corinthiens 11.1). De toute évidence, chercher à plaire aux autres n’est pas aussi mauvais que ce que nous aurions pu penser. L’apôtre, imitant Christ lui-même, s’est dévoué à plaire aux hommes. Plaire aux hommes, c’est donc poursuivre la sainteté, devenir mature en ressemblant davantage à Christ, être comme Dieu.

Les chrétiens doivent constamment chercher à plaire aux hommes, et nous devons avec passion éviter à chercher à plaire aux hommes.

Mais avant de nous vouer totalement à plaire aux hommes, le même apôtre nous dit aussi, “Maintenant, est-ce la faveur des hommes que je recherche ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ” (Galates 1.10). Qu’est-ce qu’il voulait dire ? N’est-ce pas le même homme qui a dit s’efforcer à plaire (même mot) pas seulement à une personne mais à tous les hommes, et en tout ? De toute évidence, plaire aux hommes peut être encore plus dangereux que nous le pensions. Dans ce cas-là, essayer de plaire aux hommes équivaut à rejeter et même à s’opposer à Christ. Plaire aux hommes, c’est donc céder au péché, abandonner l’obéissance, et défier Dieu.

Ainsi, selon Paul, nous devons constamment chercher à plaire aux hommes, et nous devons avec passion éviter de chercher à plaire aux hommes. Comme pour tant de questions dans la vie chrétienne, la sagesse et la sainteté viennent du fait que nous voyons, par l’Esprit, comment une phrase comme celle-ci n’est pas une contradiction.

 

Chercher à plaire aux hommes d’une manière qui méprise Dieu

 

Lorsqu’il s’agit de plaire aux hommes, les dangers sont sans doute plus évidents pour la plupart d’entre nous que les vertus. Même sans définir les termes, nous l’associons à quelque chose de négatif. Nous espérons ne pas le voir en nous, et nous sommes suspicieux quand nous le voyons chez les autres. Nous savons que nous devons vivre et travailler pour le Seigneur, et « non comme des gens qui cherchent la faveur des autres » (Ephésiens 6.6; Colossiens 3.22).

Certains d’entre nous sont presque totalement (et à contre cœur) captifs des désirs des autres. Nous choisissons trop souvent la voie du péché où il est plus simple de dire ou faire ce que les autres veulent que nous disions ou fassions. Nous pensons consciencieusement et calculons ce que chaque personne pourrait répondre à chacune de nos décisions, et ensuite nous choisissons la réponse qui satisfera le plus la personne (ou qui la frustrera le moins). Cette manière de plaire aux hommes devient un épuisant tapis de course de micro management de nos situations, conversations et relations.

Et parce que nous ne pouvons pas rendre tout le monde heureux, ce chemin nous mène seulement vers du stress relationnel, du découragement et de l’apitoiement sur soi. ‘Il n’y a pas d’argument plus puissant pour nous persuader d’arrêter de chercher l’approbation des hommes”, nous écrit Lou Priolo, “que la profonde folie, futilité et l’impossibilité d’essayer de plaire à tous tout le temps” (Pleasing People, p.83).

Et Dieu déteste ça. Comme Paul le dit, “Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ” (Galates 1.10; voir aussi 1 Thessaloniciens 2.4). Personne ne peut servir deux maîtres. En fin de compte, soit nous vivons pour plaire à Christ, soit nous vivons pour plaire à quelqu’un d’autre — et vivre pour plaire à n’importe qui d’autre nous laisse en guerre avec Christ. Nous ne pouvons pas vivre en paix avec Christ alors que nous nous soumettons premièrement et par-dessus tout aux désirs et aux demandes des autres.

 

Chercher à plaire aux hommes d’une manière qui plaît à Dieu

 

En revanche, nous ne pouvons également pas suivre Christ et ne pas aspirer à plaire aux autres. Comme nous l’avons vu au-dessus, Paul cherchait à plaire à tous ceux qu’il rencontrait, mais d’une manière très différente de celle dont nous sommes souvent tentés de plaire aux autres.

Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. Ne soyez une cause de faux pas ni pour les non-Juifs, ni pour les Juifs, ni pour l’Eglise de Dieu. Faites comme moi : je m’efforce en tout de plaire à tous, recherchant non mon avantage mais celui du plus grand nombre afin qu’ils soient sauvés. Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. (1 Corinthiens 10.31-11.1)

En fin de compte, soit nous vivons pour plaire à Christ, soit nous vivons pour plaire à quelqu’un d’autre.

Dans ce contexte particulier, Paul adressait la question suivante : les croyants pouvaient-ils manger de la viande qui aurait pu ou non être sacrifiée à des faux dieux (1 Corinthiens 10.25). Nous ne nous trouvons pas très souvent dans ce genre de situation, mais ces versets nous donnent quand même d’importantes clés de compréhension pour déterminer si notre façon de plaire aux autres est remplie d’amour par l’Esprit, sur le chemin étroit qui mène à la vie, ou si c’est une façon de nous auto-gratifier, si c’est un péché qui laisse notre orgueil nous aveugler à l’amour et qui nous mène à la mort.

 

1. A quel point est-ce que je me préoccupe de moi ?

 

La manière de plaire aux hommes qui plaît à Dieu ne cherche pas à assouvir son propre besoin d’amour ou d’approbation. Paul dit “je m’efforce en tout de plaire à tous, cherchant non mon avantage…”. Il donne sa vie pour les autres, en faisant tout ce qu’il peut pour leur plaire, il ne cherche pas subtilement un quelconque gain égoïste. Il n’avait pas soif de plus d’approbation. Sa recherche provient de la plénitude, pas du vide, de l’amour, pas de l’orgueil ; d’un désir de servir, pas d’être servi.

Alors que nous pesons quoi faire ou quoi dire, nous devrions nous demander : à quel point est-ce que je me préoccupe de moi ?

C’est un test remarquable pour tester notre manière de plaire aux hommes. Est-ce que notre envie de plaire aux hommes, à son apothéose, est une envie de plaire à nous-mêmes – de gagner de la louange, de nous montrer sous un meilleur jour, pour que quelqu’un nous soit redevable, pour avoir une opportunité ou promotion, pour être aimé ? Ou est-ce une envie de librement servir les autres à cause de la manière dont nous avons été servis par Jésus ? Est-ce que nous aimerions toujours de cette façon si nous n’avions rien en retour – si personne d’autre que Dieu ne saurait jamais ce que nous avons fait ?

 

2. Qu’est-ce que je désire le plus pour cette personne ?

 

 Paul nous encourage à plaire aux autres avec une intention particulière : “je m’efforce en tout de plaire à tous, recherchant non mon avantage mais celui du plus grand nombre afin qu’ils soient sauvés.” Paul cherche à ce que les autres se plaisent en Jésus – pour faire confiance à Jésus, pour lui obéir et prendre plaisir en Jésus. Avec tout ce qu’il fait et dit, il veut que les gens soient attirés à Jésus, pour qu’ils soient sauvés.

Notre bataille avec nos tentations de plaire aux autres ne commence-t-elle par la si petite mesure dont nous nous préoccupons de leur état spirituel ? Souvent nous sommes plus anxieux de savoir si les autres vont nous apprécier que de savoir s’ils croient en Jésus ou non, ou de savoir si leurs péchés seront couverts ou non, s’ils verront le ciel ou non, s’ils marcheront loin du péché et grandiront en maturité spirituelle ou non.

Nous devons nous demander, est-ce que mon désir de plaire aux autres est un désir de les voir être sauvés par Jésus, ou un désir d’être celui sauvé dans cette situation ? Est-ce que je suis prêt à être ignoré, oublié, même moqué et méprisé, si cela veut dire qu’ultimement la personne verra ou grandira en Jésus ?

Même parmi les croyants, nous pouvons bien plus nous inquiéter de ce que les autres peuvent penser de nous que de l’approbation que nous pouvons recevoir de Dieu. Est-ce que Dieu approuve cette décision ou cette conversation ? Est-ce que mon Père est satisfait de la façon que j’ai d’aimer mon prochain ? Qu’est-ce que cela dit de nous lorsque nous sommes touchés par les j’aime et les commentaires sur les réseaux sociaux, mais jamais ébranlés par ce que le Créateur et le Juge de l’univers peut penser ?

La manière de plaire aux hommes qui plaît à Dieu ne cherche pas à assouvir son propre besoin d’amour ou d’approbation.

Est-ce que tu veux, vraiment, profondément, avec endurance plaire aux autres ? Alors aide les à se trouver en Jésus, toujours plus chaque jour. Cette ambition donne à l’amour et au ministère de Paul une saveur non de lui-même, mais de Jésus. Ce n’est pas de l’auto-promotion ; ce ne sont pas les formes de l’orgueil ; ce n’est pas une capitulation pour le monde ou un compromis ; c’est gagner des âmes, à tout prix. Nous voulons que tous soient autant que possible satisfaits en Jésus, et nous voulons faire tout ce que nous pouvons pour encourager cette satisfaction en Lui, cet amour et cette foi vers une maturité plus complète.

 

3. Suis-je d’accord pour sortir de l’équation ?

 

Cette question reprend les deux premières avec un angle un peu différent. Paul dit, “Ne soyez une cause de faux pas ni pour les non-Juifs, ni pour les Juifs, ni pour l’Eglise de Dieu. Faites comme moi : je m’efforce en tout de plaire à tous” (1 Corinthiens 10.32-33). En d’autres termes, cherche à n’offenser personne. Cela peut sembler étrange venant de l’apôtre qui dit, “Puissent-ils même se castrer, ceux qui jettent le trouble parmi vous !” (Galates 5.12). Paul n’avait certainement pas peur d’offenser. Alors que veut-il dire ici ?

Il veut dire ne donne pas d’offense qui ne soit pas nécessaire, surtout si cela va en travers du chemin du salut de la personne. Pour ce qui est des Corinthiens, ne mange pas de viande si cela pourrait les éloigner de Jésus (et ne t’abstient pas de la viande si cela peut empêcher quelqu’un de venir à Jésus). Fais tout ce que tu peux, pour ne pas laisser ce que tu dis ou ce que tu fais être la raison pour laquelle quelqu’un rejette ou s’éloigne de Jésus. Beaucoup seront offensés par Lui – par ce qu’il dit, qui il prétend être et ce qu’il demande de nous – mais laisse-les être offensés par Jésus et non par toi. Tant que cela dépend de toi, qu’ils soient satisfaits de toi et confrontés par la croix.

Pour être clair, l’appel à plaire aux hommes d’une manière juste vient avec l’appel à offenser d’une manière juste. Nous ne pouvons pas toujours proclamer la vérité et ne pas être méprisés à cause de celle-ci. Jésus lui-même nous avertit, “Malheur à vous lorsque tous les hommes diront du bien de vous” (Luc 6.26) et “Vous serez détestés de tous à cause de mon nom” (Matthieu 10.22). L’offense est souvent une preuve de fidélité à Christ. Mais l’offense devrait ultimement être avec Lui et non avec nous. Nous sommes appelés à bénir ceux qui nous maudissent, à aimer et à servir nos ennemis, à vaincre le mal par le bien, à plaire à tous en tout, tout en leur disant la merveilleuse vérité de tout ce que Dieu a dit et fait – une vérité que beaucoup trouveront insultante, abusive et repoussante.

 

4. Qui reçoit la gloire ?

 

La véritable différence entre le fait de plaire aux hommes sans Dieu et de plaire aux hommes en honorant Dieu, se situe au niveau de la gloire. “Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez” – plaisant dans tout à tous – “faites tout pour la gloire de Dieu”.

Le poids de l’amour qui nous motive est-il un désir de glorifier Dieu ou un désir d’être glorifié ? Notre manière de plaire aux hommes nous trahit à la même mesure que celle dont nous cherchons notre propre gloire. Mais à la mesure dont nous cherchons Sa gloire, à cette même mesure est la fidélité, et même la beauté de notre conduite pour plaire aux autres. Et elle est libératrice. Comme l’écrit Richard Baxter, “Si tu cherches premièrement à plaire à Dieu et que tu es satisfait avec cela, tu n’as à plaire qu’à un au lieu d’une multitude ; et il est plus dur d’obéir à une multitude de maitres plutôt qu’à un seul” (Pleasing People, p.97).

Nous sommes appelés par Dieu à plaire à tous dans tout ce que nous faisons – à faire tout ce que nous faisons pour la gloire de Dieu – et nous sommes avertis à ne pas vivre pour plaire aux autres – à ne pas subtilement traiter les autres comme des opportunités pour notre propre gloire. Le chemin est étroit. Mais le Père que nous trouvons sur ce chemin est infiniment sage, infiniment aimant, infiniment clairvoyant, et il promet de nous aider à trouver notre chemin.

 

Article traduit avec autorisation, merci Zoé pour cette traduction !!

 

 

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