Sur les épaules de géants #8 : Frère André

Frère André (né en 1928)

André van der Bijl, plus connu sous le nom de Frère André, est un chrétien évangélique baptiste, fondateur de l’association Portes Ouvertes.

Il naît en 1928 dans un village des Pays-Bas, dans une famille chrétienne. Parti en Inde puis en Indonésie dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale, il est un jour blessé par balle à la cheville. Découragé et désespéré après trois années d’un conflit où il se sent jouet de la politique, il est soigné dans un hôpital chrétien par des sœurs franciscaines, à qui il demande le secret de leur joie constante. L’une d’elles lui montre une bible, et l’encourage à la lire : André entame alors la lecture de la Bible, et rencontre personnellement Jésus. À son retour chez lui à la fin de la guerre, il part pour Glasgow, où il se forme en théologie.

Le voyage qui change sa vie a lieu en 1955. Des chrétiens polonais l’invitent à un grand séminaire. Le voyage est assez risqué, car à cette époque la Pologne est sous dictature communiste : les chrétiens ne doivent pas exprimer leur foi, ils n’ont pas accès à la Bible. Sur place, André découvre des frères dans la foi démunis : dans un moment de prière, il est interpellé par le verset « Réveille-toi, fortifie ce qui reste mais qui est près de mourir » (Apocalypse 3:2). Il y voit une invitation à consacrer sa vie au soutien des chrétiens persécutés.

Portes Ouvertes

C’est le début d’une mission d’envergure, qu’il officialise la même année en créant l’association Portes Ouvertes, destinée à livrer du matériel chrétien aux croyants persécutés pour leur foi. Frère André commence bien modestement par livrer des bibles dans sa Volkswagen Coccinelle, dans les régions communistes d’Europe de l’Est. Il raconte qu’il les laissait parfois bien visibles dans sa malle, et qu’au contrôle douanier, il comptait simplement sur Dieu, afin que les officiers ne les remarquent pas.

Le nombre de ses voyages augmente, il commence à se faire aider : il visite la Chine communiste, les pays d’Afrique, Cuba, retourne en Europe de l’Est, etc. En 1976, l’antenne française de Portes Ouvertes est créée près de Strasbourg.

En 1981 a lieu l’un des projets les plus ambitieux et risqués de l’association : en une nuit, un million de bibles sont acheminées clandestinement par bateau sur une plage chinoise.

Entre 1988 et 1992, c’est l’effondrement du communisme en Europe, avec notamment la chute du Mur de Berlin en novembre 1989. Dans les années 1990, l’action d’André et de Portes Ouvertes se concentre sur le Moyen-Orient musulman, en particulier le Liban et la Syrie : historiquement, il y a en effet de nombreux chrétiens maronites dans ces régions. Il travaille à la réconciliation des Palestiniens et des Israélites, en lutte depuis au moins les années 1940 pour la possession du territoire d’Israël.

L’association continue son activité aujourd’hui, en Amérique latine, en Afrique principalement, même si à 92 ans, Frère André n’est plus de tous les voyages. Portes Ouvertes est financée majoritairement par les dons.

Lire Frère André

Le plus connu de ses nombreux livres est Le Contrebandier, paru en 1967 : c’est une autobiographie, qui raconte donc les débuts du ministère de Frère André. L’auteur n’était pas très content du titre, que l’éditeur a pourtant imposé : en effet, un contrebandier est un hors-la-loi, hors André a toujours proclamé avoir suivi rigoureusement la loi de Dieu, même si cela l’a conduit à commettre des actes défendus par certains régimes politiques. Ce livre est un immense succès de librairie dans le monde chrétien, car il s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires.

Il est par ailleurs l’auteur de nombreux autres livres d’édification et de témoignages.

Pour aller plus loin

Frère André a passé des années à apporter la Parole de Dieu dans des pays où c’était pourtant rigoureusement interdit par la loi des régimes en place : cependant, il s’est senti tout à fait légitime et autorisé à le faire, au nom du respect de la loi de Dieu lui-même. La Bible nous appelle à nous soumettre aux autorités humaines (Romains 13) ; pourtant, elle nous montre aussi des croyants qui refusent de se soumettre à des lois injustes et contraires à la volonté de Dieu, l’exemple le plus fameux étant sans doute les trois amis de Daniel, qui acceptent d’être jetés au feu pour avoir refusé d’adorer la statue de Nabuchodonosor (Daniel 3). La Bible ne fournit pas de manuel complet et pratique pour indiquer à chacun comment se comporter dans tel ou tel régime politique : nous sommes appelés à prier sur chaque situation personnelle, à nous demander comment nous positionner face à certaines lois contraires au message de Dieu, à vérifier la validité biblique de nos opinions, etc. Ce n’est pas une question tranchée, nous devons chercher en nous-mêmes et avec Dieu comment être des chrétiens honnêtes et justes face à l’iniquité, sans alourdir pour autant notre conscience par la compromission. Et ce n’est pas forcément facile !

Digiqole ad

Quentin

Quentin, étudiant en théologie à la faculté Jean Calvin d'Aix-En-Provence

Tu devrais aussi aimer...

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *