Sur les épaules de géants #7 : John Wyclif

John Wyclif (vers 1330-1384)

John Wyclif est un théologien anglais de grande envergure de la fin du Moyen Âge, souvent considéré comme un précurseur de la Réforme.

Il naît vers 1330 dans le Yorkshire, une région du Nord de l’Angleterre, dans une famille aisée. On sait peu de choses sur son enfance; il rejoint Oxford à la fin de son adolescence, grande ville universitaire à laquelle il reste lié jusqu’à la fin de sa vie. Là, il y travaille les mathématiques, la physique et la théologie.

Wyclif conserve ces bénéfices jusqu’à sa mort. Il exerce plusieurs charges d’enseignement et de prédication pendant ses longues études, qui s’achèvent vers 1371 lorsqu’il reçoit officiellement le titre de professeur titulaire de théologie à Oxford. Il enseigne pendant une dizaine d’années, avant de se retirer seul près de sa région natale , où il meurt d’une crise cardiaque le 31 décembre 1384.

L’étoile du matin de la Réforme

Wyclif est l’un des rares, sinon le seul Réformateur d’envergure à n’avoir été ni excommunié, ni inquiété pour sa vie, et à avoir eu une existence relativement tranquille et stable (voir les autres volets de la série pour s’en assurer). S’il est surtout connu, c’est pour ses thèses novatrices pour l’époque, consignées dans une abondante production littéraire.

Beaucoup de ses idées annoncent en effet celles que la Réforme du XVIe siècle répand massivement dans toute l’Europe. De façon générale, il est un proto-évangélique inspiré par l’augustinisme, hostile aux traditions romaines et à toute sorte de clergé hiérarchisé. Il défend l’idée d’une Église invisible des élus contre l’idée que la seule Église valable soit celle de Rome. Il est hostile à la papauté telle qu’elle est organisée de son temps. Il défend l’autonomie du pouvoir étatique, et rejette donc toute autorité du clergé sur les affaires temporelles. En outre, il condamne la vente des indulgences, nie l’existence d’un purgatoire, défend le mariage des prêtres, etc.

L’un de ses principaux chantiers reste le travail de mise à disposition de l’Écriture au plus grand nombre. Opposé à la règle romaine de son temps qui entend permettre la lecture de la Bible aux seuls membres du clergé, et en latin uniquement, Wyclif milite pour sa traduction en langue vernaculaire (c’est-à-dire, la langue que parle le peuple, en l’occurrence l’anglais). Pour lui, la Bible doit en effet rester la seule autorité en matière de doctrine : il rejette en cela l’importance accordée par les catholiques à la Tradition. La datation de ses travaux de traduction est très incertaine : on sait seulement qu’il traduit lui-même le Nouveau testament, l’Ancien étant traduit par ses amis et disciples. La Bible entière est publiée à la fin des années 1380, après sa mort donc. Cette insistance de Wyclif et de ses amis sur l’importance d’avoir une Bible lisible dans la langue que l’on parle, les a fait qualifier de « Bible men » (« Messieurs Bible ») par leurs opposants.

Voilà pourquoi les Protestants le surnomment depuis « L’étoile du matin de la Réforme » : l’étoile du matin, c’est Vénus, le premier astre à briller dans la nuit juste avant l’aurore. C’est la première lumière qui annonce la fin de l’obscurité : dans la Bible, Jésus lui-même est appelé l’étoile du matin (Apoc 22:16). Et en effet, les thèses de Wyclif inspirent grandement un éminent théologien de la génération suivante, Jean Hus : les deux hommes et leurs thèses sont d’ailleurs également condamnés par les Pères du Concile de Constance, en 1515. L’historiographie traditionnelle de la Réforme voit dans ces deux hommes de lointains précurseurs de Martin Luther.

Lire Wyclif

De l’abondante production littéraire de Wyclif, il n’existe aucun ouvrage en traduction française accessible, ni même de biographie. On peut donc le lire, mais en anglais.

Pour aller plus loin

Aujourd’hui, particulièrement pour nous en Occident, nous nous figurons à peine à quoi peut ressembler une société où la Bible soit si rare et inaccessible. Réfléchissons-y un instant, en n’oubliant pas non plus qu’à l’époque de Wyclif, l’imprimerie n’existe pas encore : il faut donc recopier à la main chaque nouvel exemplaire de la Bible ! L’abondance dans laquelle nous sommes peut nous conduire à deux réflexions.

D’abord, es-tu conscient de l’offre à ta disposition ? Quelle traduction de la Bible lis-tu ? Il peut être utile d’en comparer plusieurs, pour déterminer si l’une ou l’autre te convient mieux, t’aide davantage, te paraît moins difficile qu’une autre, etc. En effet, il est dommage de ne se contenter que d’une Bible pour enfants, au vocabulaire forcément un peu simplifié, quand on peut comprendre un niveau de langage plus élevé et donc un vocabulaire plus précis ; et dans l’autre sens, il est dommage de se casser la tête sur la difficile traduction Darby si l’on a besoin d’une traduction un peu plus abordable.

Deuxièmement, ce difficile accès à la Parole de Dieu est encore une réalité pour nombre de peuples aujourd’hui dans le monde. C’est pour leur venir en aide que l’association internationale Wycliffe envoie des linguistes et des missionnaires chrétiens en immersion parmi ces peuples, afin d’apprendre leurs langues et, finalement, de traduire la Bible pour eux. Cette association, dont l’antenne française est basée à Valence (http://www.wycliffe.fr/accueil/), est aussi très active dans le domaine de la traduction de matériel et documents d’évangélisation pour un public international. Elle est toujours à la recherche de bénévoles pour traduire (le plus souvent, de l’anglais au français et vice-versa) ou simplement corriger les traductions françaises : tu peux les contacter si cela t’intéresse en proposant ton aide à l’adresse personnel@wycliffe.fr.

 

 

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Quentin

Quentin, étudiant en théologie à la faculté Jean Calvin d'Aix-En-Provence

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