Sur les épaules de géants #5 : Charles Spurgeon

Charles Spurgeon (1834-1892)

Charles Spurgeon est une figure de proue de l’évangélisme réformé en Angleterre au XIXe siècle. Dans une Angleterre largement chrétienne, où anglicanisme, méthodisme et catholicisme composent l’essentiel du paysage religieux, il naît d’une famille où l’on est pasteur de père en fils. Convaincu de pécher dès son jeune âge, où il assiste aux cultes que dirige son père, sa rencontre personnelle avec Dieu remonte à ses 15 ans. Alors qu’il est en route seul, à pied, pour un rendez-vous, une tempête de neige soudaine le contraint à trouver refuge dans une église méthodiste proche : il y entend un prêche stimulant (d’après Ésaïe 45) qui l’encourage à donner sa vie à Jésus. Nous sommes au début de l’année 1850.

L’année suivante, à 16 ans, il devient pasteur d’une petite église de Waterbeach, dont l’effectif double en quelques mois. Il part deux ans plus tard à Londres, où il devient pasteur d’une nouvelle église. Les foules se pressent pour l’entendre, ce qui pose de nouveaux problèmes : rapidement, les locaux utilisés sont surchargés, accueillent bien trop de personnes, il faut sans cesse déménager pour pouvoir accueillir plus de monde.

En 1856, à 22 ans, il épouse Susannah, avec qui il aura deux enfants.

En 1857, alors que son succès auprès des fidèles est à son comble, il est invité pour prêcher au Crystal Palace – la plus grande assemblée devant laquelle il a prêché, composée de plus de 23 000 personnes. Spurgeon raconte que pour déterminer où l’estrade doit être placée, il fait un test, et crie aussi fort que possible : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde ». Un technicien, à un balcon, entend cette phrase, se sent convaincu de pécher, rentre chez lui bouleversé et donne sa vie à Jésus quelques jours après.

Aidé de fidèles, Spurgeon entreprend la construction du Metropolitan Tabernacle, l’une des plus grandes églises de Londres, achevée en 1861. C’est le lieu principal dans lequel il prêche plusieurs fois par semaine, accueillant à chaque fois 5000 personnes environ.

On le surnomme bientôt le Prince des Prédicateurs : il faut dire que son talent oratoire, sa force de caractère et sa connaissance des Écritures stimulent grandement les assemblées devant lesquelles il parle, et ce dès sa conversion. Spurgeon, en souvenir de sa propre expérience de jeune homme, insiste sur l’importance d’une rencontre personnelle et intime avec Jésus : ses témoignages ajoutent de la chair à ses prédications, et cela contribue à accroître sa popularité.

Ces qualités peu communes, il ne les réserve pas aux cultes « organisés » : Spurgeon accorde aussi beaucoup d’importance non seulement à l’évangélisation individuelle (il déclare avoir été béni de pouvoir prêcher bien plus souvent dans la cuisine ou le garage d’une simple ferme où il était invité que dans un temple), mais aussi à la prière. Pendant chaque culte, des centaines de fidèles prient en continu au sous-sol du Metropolitan Tabernacle, et Spurgeon en rend grâce à Dieu : la plupart de ces prédications insistent grandement sur l’importance vitale d’une prière fréquente et pleine de foi. Les réunions de prière de son église sont pour lui les réunions les plus importantes de la semaine.

En parallèle avec ses activités au Tabernacle, Spurgeon aussi fait construire plusieurs orphelinats, et développe des activités missionnaires hors du Royaume-Uni.

De composition fragile vers la fin de sa vie, il meurt près de sa femme dans sa retraite du Sud de la France, à Menton. C’est son fils Tom qui perpétue la tradition familiale, en devenant le nouveau pasteur du Metropolitan Tabernacle.

Lire Spurgeon

L’œuvre littéraire de Spurgeon est immense. Il a écrit dans de nombreux genres : traités de théologie, poésie, hymnes et cantiques, livres d’édification, recueils de prières, etc. Ses sermons, très populaires, sont publiés chaque semaine pour permettre à ceux qui n’ont pas pu entrer dans l’église d’y avoir accès. Il y en a des centaines : Spurgeon pouvait parfois prêcher en chaire plus de 300 fois par an ! On peut trouver ici plusieurs de ces livres d’édification et de prières, en langue française. La plus grande partie de son œuvre reste encore uniquement accessible en anglais, comme par exemple son Autobiographie. On peut aussi écouter certaines de ses prédications, en français, ici : malheureusement, le ton adopté dans ces vidéos donne sans doute une idée bien éloignée de ce que devait être la propre voix de Spurgeon, poussée dans une immense église de 5000 personnes avec la force de la conviction !

Réflexion

Bien qu’il soit encore considéré comme le « Prince des Prédicateurs » en raison de ses talents oratoires, Charles Spurgeon n’accordait pas plus d’importance au sermon du dimanche qu’à l’évangélisation en face à face chez les personnes intéressées, loin de la visibilité qu’offre la chaire (chaise du pasteur) de l’église et qui a contribué à sa popularité. Témoigner aux autres de sa rencontre avec Jésus, particulièrement aux non chrétiens, n’est pas réservé aux personnes spécialement douées pour prendre la parole en public. L’essentiel est bien souvent le fond du message et la transformation personnelle qu’il révèle chez toi, bien plus que l’habileté rhétorique du langage que tu emploies pour en témoigner : si Salomon était effectivement instruit et probablement bon orateur, Amos n’était qu’un paysan, et ses prophéties ont égale valeur spirituelle. Tous les témoignages sont utiles, quels que soient leur forme, il ne faut pas mésestimer l’importance du témoignage discret. Donc, foin de timidité !

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Quentin

Quentin, étudiant en théologie à la faculté Jean Calvin d'Aix-En-Provence

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1 Commentaire

    Avatar
  • A propos de Charles Spurgeon
    voici un bon livre sur le prince des prédicateurs :
    Charles Spurgeon et la dépression
    Un espoir réaliste pour ceux qui souffrent
    Zack Eswine

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