Le problème des beaux discours qui ne sauvent pas (Meak, Post scriptum)

Tu l’as peut-être vu passer, Meak vient de sortir un nouvel album. En écoutant le dernier morceau de l’album, « Post scriptum », j’ai été interpellé. Meak met le doigt sur plusieurs problèmes auxquels nous sommes confrontés dans nos Églises. Dans cet article, j’aimerais simplement reprendre sa réflexion, et aborder ces mêmes problèmes sous une forme différente.

Des sujets dont il ne faut plus parler

Dans « Post scriptum », Meak s’attaque à nos « beaux discours » qui paraissent évangéliques de l’extérieur mais qui sont creux à l’intérieur. Il se questionne :

« Pourquoi l’pasteur ne parle plus d’disciples mais parle que d’leaders
Pourquoi le thème de l’enfer est passé en bas d’liste
Et pourquoi sert-on le dimanche du p’tit lait positiviste »

Il y a des sujets dont on est plus à l’aise de parler aujourd’hui. Parler de l’enfer, ça n’attire pas les foules. Et pourtant, Jésus en a parlé plus que quiconque (cf. Marc 9.43-50 par exemple). Appeler les gens à renoncer à eux-mêmes et à suivre Jésus, c’est trop radical, on préfère aller doucement en leur demandant de lever la main ou de réciter une prière. Et pourtant, Jésus a appelé ceux qui voulaient le suivre à une obéissance radicale (Marc 8.34-38 ; Marc 10.17-27).

Jésus cherche des disciples qui le suivent, pas des fans qui l’acclament de loin sans prendre au sérieux ce qu’il dit. Mais nous avons peur de choquer. Nous préférons donc donner, comme le dit Meak, du « petit lait positiviste ». Nous voulons assurer les gens qu’ils peuvent devenir meilleur, qu’ils peuvent changer. Ils doivent juste « libérer leur potentiel ».

Libérer son potentiel et rater la vraie guérison

Libérer son potentiel ? Vraiment ? Alors pourquoi la Bible parle des êtres humains en dehors de Christ comme étant morts, esclaves, condamnés, aveuglés, pas intelligents, insensés, dans les ténèbres, esclaves du péché, privés de la gloire de Dieu, n’étant pas justes, et corrompus dans tous les aspects de leur être (cf. Éphésiens 2.1 ; 2 Corinthiens 4.4 ; Romains 3.11 ; Éphésiens 4.17-18 ; Psaumes 14.1 ; Actes 26.18 ; Jean 8.34 ; Romains 3.10-18 ; Romains 3.23) ? Sacré potentiel ! Tu es sûr que tu veux le libérer ?

Nous n’avons pas besoin de libérer notre potentiel, mais de tomber à genoux devant le Dieu juste et saint que nous avons offensé, pour implorer son pardon. Car comme le montre Meak, nos discours contemporains passent à côté du vrai problème, et donc de la vraie solution :

« Toi t’es venu pour régler le problème de fond
Et mettre la lumière sur la misère de notre condition
Mais ça, ça gêne et ça fait mauvaise impression
Donc en jouant les ptits médecins on passe à côté d’la vraie guérison »

En donnant des discours centrés sur l’homme, qui appellent à croire davantage en soi, nous donnons, comme le dit Meak, des « dictons placébo ». Ça ne guérit personne. Si l’on passe à côté du vrai problème, on passera aussi à côté de la vraie solution. Le péché dans notre cœur est le vrai problème, et la croix est la seule solution.

Alors arrêtons de jouer les petits médecins. Parce qu’en ciblant mal le problème et en donnant une solution humaine, nous n’apportons la guérison à personne. « L’évangile » que l’on annonce n’est pas un évangile qui sauve. Nous donnons aux gens un « salut » qui n’en est pas un.

L’Évangile est une bonne nouvelle qui scandalise

Notre but n’est pas de choquer pour choquer, bien sûr. Oui, l’Évangile est un message de grâce et de pardon, une bonne nouvelle. Mais soyons conscients qu’il y a dans cet Évangile des éléments qui offensent. C’est ce que Paul montre aux Corinthiens :

« Les Juifs demandent un signe miraculeux et les Grecs recherchent la sagesse. Or nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les non-Juifs, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, qu’ils soient juifs ou non. » (1 Corinthiens 1.22-24)

Un Messie crucifié, c’est un scandale pour un Juif ! Et pourtant, faut-il enlever cela de notre message ? Bien sûr que non ! De la même manière, ce n’est agréable pour personne d’entendre qu’il est pécheur et condamné devant Dieu. Mais sans annoncer la mauvaise nouvelle, il n’y a pas de bonne nouvelle… Dans ces versets, nous voyons aussi que le message de la croix apparaissait bien faible, tant pour les Juifs qui voulaient des miracles que pour les Grecs qui recherchaient la sagesse. Nous avons le même problème aujourd’hui, comme le souligne Meak :

« Pardonne-nous, on carbure au miracle
Toujours plus de surnaturel, de mystique, de spectacle
Du sensationnel qui en met plein la vue
Est-ce que ton miracle de résurrection ne nous suffirait plus ? »

Nous courons après les miracles, le sensationnel, la grandeur, le prestige, les lumières, la bonne ambiance, les messages inspirants… et nous nous éloignons de la croix. Nous sommes loin de l’exemple de Paul, qui ne voulait savoir rien d’autre que Jésus, et Jésus crucifié (cf. 1 Corinthiens 2.1-2).

Une fois que nous sommes conscients de ces problèmes, nous devons prendre position. Allons-nous continuer à nous laisser entraîner par la culture ou allons-nous vivre à contre-courant ? Meak confesse, « Je dois prendre position mais j’ai peur de passer pour l’fanatique ». Effectivement, nous avons peur d’être trop radical, de perdre des amis, de la crédibilité, et des likes sur Facebook. Mais il vaut mieux réaliser ses erreurs maintenant plutôt qu’une fois qu’il sera trop tard…

Alors confions-nous en Jésus, et dans le pardon qu’il est toujours prêt à nous offrir. Et demandons à Dieu la grâce de nous aider à être fidèle et courageux dans ce monde – quoi qu’il en coûte. C’est difficile, mais ça vaut le coup.

Je t’encourage à écouter le morceau en entier – il dénonce d’autres problèmes avec beaucoup de pertinence. Tu peux l’écouter, ainsi que l’album entier, par ici !

Une fois que j’avais terminé d’écrire cet article, j’ai vu que mon cousin Maxime avait écrit un article sur le même titre dans la même lignée, allez le lire ici !

Digiqole ad
Benjamin Eggen

Benjamin Eggen

25 ans, français exilé à Bruxelles, passionné par l'Evangile, les bons livres et la mission. Auteur du livre Soif de plus ? et co-auteur de Une vie de défis. Vous pouvez suivre Benjamin sur sa chaîne Youtube et son compte Instagram.

Voir tous ses articles →

Tu devrais aussi aimer...

1 Commentaire

    Avatar
  • Il a le don de faire prendre conscience de certaines choses avec de très beaux jeux de mots. Il reste l’un des artiste que je préfère! :)

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *