Analyse théologique du chant « Te connaître » de Graham Kendrick

Après ma dernière analyse il y a déjà presque 5 mois, me revoilà pour une autre. J’avoue que j’ai pris un plaisir particulier à l’écrire parce que ce chant me fait chaud au cœur. Il me rappelle tant de vérités bibliques. Il me rappelle l’essentiel qu’un chrétien doit retenir pour toujours aimer et vivre pour Dieu. Je trouve la mélodie très belle, riche et intéressante à jouer ou à accompagner. Ma version préférée est l’originale en anglais (le piano est juste magnifique). Cependant je ne conseille pas de jouer au culte comme le piano de l’originale, qui prend trop de distance avec la mélodie, car cela peut perturber l’assemblée. Dernière remarque assez spéciale, je préfère les paroles en français (traduites de l’anglais) aux paroles originales en anglais.

« Te connaître » a été composé et écrit par le célèbre Graham Kendrick en 1993. C’est donc un chant « contemporain » qui commence à dater (à l’époque, Hillsong, Tomlin et Redman ne s’étaient pas encore mis à l’électro). On retrouve beaucoup de ses cantiques dans les recueils JEM (J’aime l’Éternel), particulièrement le JEM3.

Couplet 1

Ce qui m’était cher pour construire ma vie,
Utile et précieux selon ce monde,
Ce qui m’était gain n’a plus de valeur,
Ne me sert à rien, car je préfère

Les paroles du chant s’inspirent beaucoup de Philippiens 3.4-11. Celles du premier couplet correspondent aux versets 7 et 8 :

« Mais ces qualités qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte à cause de Christ. Et je considère même tout comme une perte à cause du bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. A cause de lui je me suis laissé dépouiller de tout et je considère tout cela comme des ordures afin de gagner Christ. » – Philippiens 3.7-8

Dans ce passage, « ce qui était cher pour construire sa vie, utile et précieux selon ce monde » pour Paul, c’est la Loi et son obéissance à celle-ci. Comme beaucoup de Juifs à l’époque de Jésus, il avait fait de la Loi, en plus de sa tradition pharisienne (utile et précieux selon les Juifs en général) une idole (Marc 7.8-13). En d’autres mots, il était clairement dans le légalisme : croire à tort que l’on peut, par ses propres forces, obéir aux commandements de Dieu et lui être ainsi agréable. Cela n’est rien d’autre que de l’orgueil. Il refusait de reconnaître qu’il était pécheur.

Plus tard, dès sa conversion, il s’est rendu compte de son erreur (1 Timothée 1.15). Toutes ses bonnes actions n’étaient en fait qu’une rébellion envers Dieu. Connaître Jésus, au lieu d’adorer la Loi, est devenu le but de sa vie. Il a renoncé à son ancienne attitude mauvaise pour gagner Christ et être pleinement satisfait en lui. Face à la connaissance de Jésus, toutes les choses mauvaises que la société humaine aime perdent toute leur valeur.

Bien sûr cela s’applique à chaque chrétien. Quelles sont les idoles auxquelles tu as renoncé avant de suivre Jésus ? Quelles sont celles que tu veux et dois encore détruire ? Est-ce la pornographie, les jeux-vidéo, la rébellion face à tes parents, le sport, l’alcool, la drogue, les études, le travail ou l’orgueil ? Comme Paul, considère toutes ces choses auxquelles tu t’attachais avant comme une arnaque et des excréments (souvent traduit par boue ou ordures dans nos Bibles au verset 8). Arnaque parce que le péché ne te fait rien gagner mais te fait perdre ta joie. Excrément parce qu’il ne sert à rien en plus d’être répugnant.

Refrain

Te connaître Jésus, te connaître,
Il n’est rien de meilleur.
Toi, mon Dieu, mon seul bien,
Ma vraie joie et ma justice,
Ô Seigneur, je t’aime.

Le refrain reprend les versets 8 et 9. Le bien suprême et unique du chrétien, c’est la connaissance du Seigneur Jésus. Christ est notre justice parce que c’est lui qui partage son obéissance avec nous. Grâce à son union avec nous, il nous transfère son obéissance. C’est pour cela que Dieu le Père, au lieu de nous voir pécheurs (ce que nous sommes réellement), nous voit et donc nous déclare justes comme si nous avions obéi parfaitement à sa loi. Au lieu de voir notre péché, Dieu voit l’obéissance de Jésus en nous.

Couplet 2

Mon plus cher désir : te connaître mieux,
Demeurer en toi, t’appartenir.
Saisir par la foi ta grâce infinie
Et le don précieux de la justice.

Le disciple de Jésus a toujours envie de mieux le connaître. Comme il n’est qu’une créature (et non pas le Créateur, Dieu), il ne le connaîtra jamais complètement (même au paradis). Mais il peut quand même vraiment le connaître, de plus en plus, et cela même dans sa vie sur Terre. Ce souhait profond sera ultimement exaucé lorsque dans le nouveau monde, nous le verrons tel qu’il est (1 Jean 3.2), face à face et comme nous avons été connu de lui (1 Corinthiens 13.12).

De plus il veut demeurer en lui et lui appartenir pour toujours, et non plus au péché (1 Corinthiens 6.19-20). On retrouve le « salut par grâce par le moyen de la foi ». Par grâce, parce que l’homme est sauvé de la mort et du péché « sans aucun paiement d’aucune espèce » (Jerry Bridges, Vivre sous la grâce, p.46). Par la foi, car c’est le seul moyen d’être « connecté » à la grâce. C’est « le rejet complet de toute confiance en notre justice personnelle au profit d’une confiance entière dans la justice parfaite et dans la mort de Jésus-Christ » (Jerry Bridges, Vivre sous la grâce, p.42).

Couplet 3

Vivre de ta vie de résurrection,
Communier, Jésus, à tes souffrances,
Devenir conforme à toi dans la mort,
Et vivre avec toi l’éternité.

Comme je l’ai déjà évoqué, nous, les chrétiens, nous sommes unis à Christ. Non seulement nous recevons tout ce qu’il possède (par exemple sa justice), mais nous suivons son modèle. Nous sommes appelés à reproduire les différentes étapes de sa vie (Romains 6). Comme Christ, nous vivons dans la souffrance, dans l’humilité, nous mourons et nous ressuscitons.

Le couplet 3 décrit l’aspiration du chrétien à vivre comme Jésus. Comme Jésus est ressuscité, il en est de même pour nous. Nous sommes ressuscités spirituellement (dans notre âme) lorsque nous naissons de nouveau. Mais notre résurrection sera complète au retour de Christ car nous ressusciterons corporellement : nous recevrons un corps glorifié (1 Corinthiens 15.42).

Comme Jésus a souffert, les chrétiens souffrent aussi jusqu’à leur mort. C’est ainsi car ils vivent encore dans un monde esclave de la mort et de la destruction, et sont persécutés pour leur foi.  C’est comme cela qu’ils communient aux souffrances de Christ.

Comme Christ est mort (s’est détaché) à la puissance du péché, les chrétiens expérimentent la même délivrance. De même que la mort de Christ l’a amené à la résurrection, la mort de ses disciples n’est qu’une étape avant la résurrection glorieuse. Ainsi ils vivront avec Christ pour l’éternité, dans un monde parfait. Quoi de mieux ?

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Laurent

Laurent

23 ans, Rébellutionaire et étudiant.

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