Ce qui me frustre me révèle ce à quoi j’attache réellement de l’importance

Depuis deux ou trois mois, j’ai un souci. En réalité, j’en ai plusieurs. Tout ce que je possède tombe en panne. Des choses essentielles pour mon travail et ma vie quotidienne : mon ordinateur, mon GPS, ma voiture, mon vélo, mon appareil photo1, et même ma santé… Ce qu’il faut que tu saches, c’est que j’habite en Guyane. Dans ma région, il n’est pas du tout aussi facile de remplacer ou de faire réparer ces choses qu’en France métropolitaine. À moins d’être prêt à payer un prix exorbitant.

Déjà, avec l’accumulation de ces problèmes, je commençais à être frustré. Mais lorsqu’en rentrant de l’entrainement de foot et ayant pris un mauvais coup, je me suis retrouvé avec le dos bloqué… Ma frustration a atteint son apogée.

Heureusement pour moi, le dimanche qui suivait je devais prêcher dans mon Église et Dieu m’avait conduit à réfléchir sur les deux plus grands commandements : aime le seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, de toute ton âme et de toute ta pensée et aime ton prochain comme toi-même2.

J’ai alors commencé à réapprendre une leçon que j’avais apprise il y a trois années lorsque j’ai été privé d’internet pendant plusieurs semaines ; ce qui me frustre me révèle ce à quoi j’attache réellement de l’importance.

Qui-suis-je réellement ?

Pourtant, Jésus nous avait déjà mis en garde en nous enseignant que là où est notre trésor, là aussi sera notre cœur (Matthieu 6.21). Ce qu’il faut réaliser, c’est que dans la pensée de l’époque, le cœur ne signifie pas exactement la même chose que pour nous. À savoir, pour un occidental, le cœur est associé aux émotions. Dans la société antique, le cœur était la source de la vie, le foyer central de chaque être humain d’où partent les composantes de la vie comme un tronc d’où partent plusieurs branches.

frustration identité Audric

C’est pourquoi, quand la Parole parle du cœur, elle évoque assurément quelque chose de bien plus profond que les émotions. Elle fait allusion à la racine ontologique3 de l’être humain.

Cela veut dire que, lorsque la Bible nous demande de « garder notre cœur plus que tout autre chose car de lui vient la vie » (Proverbe 4.23). Elle ne nous engage pas seulement à nous méfier de nos émotions ou encore à faire attention de qui nous tombons amoureux. Elle nous prévient : veille sur ton identité profonde !  Prends garde à ce qui te définit en tant qu’être.

Ce qui fait qu’une personne est ce qu’elle est, ce n’est pas les grands choix qu’elle a effectués. Ainsi, ce n’est pas son métier qui va la définir, de même que sa coiffure, les pays où elle a voyagé, son style de vie, ses études, sa manière de s’habiller, son conjoint, ses loisirs, son ministère… Tous ces choix ne sont que le reflet de son identité. Et cette identité se construit au quotidien, dans les détails, les petits riens, les micros décisions, les pensées, les réactions …

La frustration opère à ce moment comme un projecteur, qui va mettre en lumière ce que tu es vraiment, qui va révéler ce qui importe dans ton quotidien. La frustration peut venir dans différents domaines.

Les biens matériels. Être frustré de ne pas obtenir ce que l’on souhaitait, ou encore être privé de quelque chose qu’on avait, dont on pensait avoir besoin, et que l’on considérait finalement comme un du et non plus comme une grâce. On peut être frustré par un manque de réussite (sociale, amoureuse, professionnelle, spirituelle), que ce soit en comparaison avec les autres ou parce qu’on se plaçait des objectifs, des attentes trop élevés.

Quel est mon plus grand bien sur cette terre ?

Comme suite à mon cambriolage4, petit à petit le message divin se révèle à moi. J’apprends à prendre du recul, à réaliser que même si je suis privé de certains biens, tout ne va pas si mal. J’essaie depuis à voir non pas ce qui me manque, mais à compter les bienfaits dont je suis comblé. Et ils sont si nombreux que finalement, je ne peux qu’être reconnaissant. J’ai un travail, un toit pour vivre, un frigo, des livres, des amis, j’ai le privilège de croiser des animaux extraordinaires même si je ne peux pas les photographier. J’apprends à dire merci à chaque fois que ma voiture démarre5, à chaque fois que ma connexion internet fonctionne, à chaque fois que je me lève sans le dos bloqué et que je peux aller faire du sport…

Et puis surtout, je possède une chose que rien ni personne ne pourra me retirer. La Grâce. La grâce de connaître le Dieu qui a tout créé, qui tient toutes choses dans ses mains. Alors j’essaie, avec son aide, de placer ma joie et mon espérance, non pas dans ce qui m’entoure, mais dans la certitude qu’il est mort et ressuscité pour mon péché, qu’il prend soin de moi et que rien ne pourra me séparer de son amour. Cet amour qu’il veut que je communique autour de moi. Et je demande pardon, chaque fois que je suis frustré, parce que mes yeux n’étaient pas fixés sur lui.

La vie chrétienne est faite de détails. C’est dans les petites choses que réside la différence.

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  1. J’habite en lisière de la forêt amazonienne et je prends en photo la richesse et la beauté de la création. Vous pouvez avoir un aperçu en visitant mon blog : https://audricbx.wordpress.com.
  2. #leplusgrandcommandement présent trois fois dans les évangiles : Matthieu 22.36-37, Luc 10.27 et Marc 12.30-31.
  3. Ontologie : partie de la philosophie qui étudie l’être en lui-même et non pas dans ce qu’il paraît. Selon  Léon Meynard (Métaphysique 1959) l’ontologie c’est « l’étude de l’être dans ses propriétés générales et dans ce qu’il peut avoir d’absolu; c’est l’étude de ce que sont les choses en elles-mêmes, dans leur nature intime et profonde, par opposition à la seule considération de leurs apparences ou de leurs attributs séparés. »
  4. Je me suis fait cambrioler ma maison en décembre 2015. Quand on perd tout ce qui peut être précieux aux yeux des hommes, ça nous apprend à réévaluer nos priorités et à investir là où les voleurs ne peuvent pas dérober, selon Matthieu 6.20.
  5. En trois mois, ma voiture est tombée trois fois en rade. Elle vient tout juste de rentrer du garage.

Audric B.

Audric, 29 ans, est professeur d’EPS en Guyane, aventurier, évangéliste et artiste à ses heures perdues.

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5 Commentaires

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  • Merci !

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  • Que Dieu vous bénisse n’oublies pas que tout concourt au bien de ce qui aime Dieu moi je suis frustré par moi même par exemple quand je regarde un bout de film à la télé je délaisse le spirituel et les prêches puis après y’a la pub alors je suis dégoûté d’être resté de toute façon la télé c’est comme une illusion au final je pense que elle n’apporte rien de bon. Au final ce qui est importe c’est Dieu seul Dieu vous bénisse amen.

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  • Merci pour cet article très pertinent !
    Je prie Dieu qu’il nous aide à cultiver la reconnaissance ; il est vrai que nous avons une tendance malheureuse à nous plaindre sans cesse, parfois même pour des choses sans importance.
    Je suis particulièrement concernée par cela et j’aimerais que ça change de façon durable.
    Et cela est possible, par la puissance rédemptrice de Dieu ! À Lui soit la gloire !!!

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  • Merci,

    Ce témoignage est édifiant en ce sens qu’il nous emmène à réévaluer nos priorités ( l’essentiel dans nos vies).

    Bien fraternellement.

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  • Merci! Soit béni

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