Et toi, si tu pouvais refaire ta vie, que changerais-tu ?

Article de Eva, 21 ans

Regarder les étoiles

Assise sur le trottoir

La main dans les cheveux

Le cœur dans le brouillard

Hier, je faisais le tour du monde. Filant vers l’équateur, sans doutes ni prétentions, je connaissais la route. Le brouillard ne devait jamais se lever.

Aujourd’hui, je crois que je me suis perdue. Je ne trouve plus le chemin. J’ai dû trébucher ou manquer une indication.  Il ne me reste plus qu’à prendre le temps de respirer, d’assembler mon existence et de sentir l’herbe juste coupée. Je me demande où  se trouve l’erreur, je me demande quand est ce que j’ai loupé le coche comme ils le diraient. J’essaie de  retrouver quels choix j’aurais dû éviter. Assise, je tortille chaque situation, chaque souvenir. Je cherche la pièce du puzzle dépareillée.

Et toi, si tu pouvais refaire ta vie que changerais-tu ? Tu ne regrettes rien ?

Tout, je changerai tout

Mais c’est impossible. Je ne sais pas ce que j’aurai pu changer et je ne le saurai jamais. La vie est bien trop complexe pour saisir le pourquoi des comment. Et c’est douloureux. J’aimerais tellement qu’il y ait toujours une raison, une vraie explication. Alors, lentement, je pourrai prendre un crayon et retracer sur le mur chaque étape ratée avant de m’en vouloir pendant mille nuits. Je culpabiliserai d’avoir trop peu attendue, de ne pas avoir pensé à aller au bout du village. Je reprocherai à toute la terre son incompréhension et je balancerai du haut des murailles les pages raturées. J’écrirai un livre sur les mauvaises habitudes et je conseillerai les enfants sur les champignons empoisonnés. Belle thérapie du regret.

Mais ce n’est pas possible. La vérité c’est que je ne peux pas savoir ce qui se serait passé si j’avais choisi de vivre à la mer ou d’apprendre le violon. Mes choix m’ont simplement déposé ici, devant toutes ces collines. Je ne peux pas tout justifier. Choisir c’est exclure et grandir c’est choisir. Toutes mes décisions raisonnent dans ma tête comme dans le vide. Je ne sais pas si l’autre aurait été mieux, j’ai simplement atterrie ici.

Pourtant, ce matin là, il me reste moi, avec mes chaussures et mon avenir. J’imagine que c’est suffisant pour tout changer. Pas ce qui a déjà été fait. Non, il faut changer tout ce qui reste.

« Dis à ton cœur de battre à nouveau

Ferme les yeux et respire doucement

Laisse les ombres s’envoler

Tu es sous la lumière de la grâce

La porte d’hier est fermée

tu n’as plus à y aller

Dis adieu à ton passé

Et regarde ton cœur battre à nouveau. »

Mais ceux qui espèrent en l’Éternel renouvellent leur force. Ils prennent leur vol comme les aigles ;

ils courent et ne se lassent pas. Ils marchent et ne se fatiguent pas.

– Esaïe 40.31