La légende du Che

Anna B., 26 ans, violoniste et sauvée par grâce.

Je ne connaissais du Che que son célèbre portrait. À Saint-Denis où j’ai grandi, seuls quelques jeunes bobos révolutionnaires en herbe arboraient fièrement son effigie sur leurs agendas. Mais ça, c’était avant. Avant de mettre les pieds en Amérique latine.
En arrivant, on m’a conseillée pour comprendre la culture, de regarder son film biographique : Diarios de Motocicletas. C’est là que j’ai rencontré pour la première fois le personnage. Ernesto Rafael Guevara. Il était alors étudiant en médecine lorsqu’il entreprit son premier voyage de Buenos Aires jusqu’au Vénézuela, accompagné de son vieil ami Alberto Granado, réformiste de gauche. Ce périple durera neuf mois durant lequel il découvrira les conditions de vie des mineurs du Chili, des lépreux du bord de l’Amazone au Pérou et, à chaque étape, les conditions précaires et l’impuissance de milliers de citoyens laissés pour compte. Transformé au plus profond de lui-même, influencé par ses lectures marxiste et ses nombreuses rencontres, il conclut que le remède aux inégalités sociales d’Amérique latine était la révolution par les armes. Il deviendra le célèbre Che Guevara, commando de guérillas et révolutionnaire à Cuba. Ce personnage continu encore et toujours à émerveiller au point que son voyage est devenu un pèlerinage pour beaucoup de routards… Son véritable succès est d’inspirer jour après jour des milliers de jeunes à se rebeller contre les inégalités. Comme dit un célèbre empereur, « les héros ne se battent que pour la dignité des faibles ». Voilà pour quoi s’est battu le Che.

Alors par un étrange concours de circonstance, j’ai pris mon sac à dos et j’ai suivi une route qui me mènerait de Buenos Aires au Pérou, comme Che Guevara. Pas tout à fait les mêmes étapes, pas tout à fait les mêmes rencontres, mais à plusieurs endroits, je sentais qu’un homme légendaire m’avait précédé. Arrivé au Pérou pour un volontariat de 6 mois, je rencontre Santiago, un Espagnol quinquagénaire plein d’énergie. Assis autour d’un déjeuner typique, il me raconte avec émotion et humilité les débuts de son aventure.
« Il faisait chaud et sec. Nos sacs à dos étaient lourds, mais nous savions que nous pourrions aider ici, au Pérou. Mon rêve était de bâtir un orphelinat, les besoins étaient énormes. Vous savez, quand on est jeune, on a encore des rêves plein la tête et de l’énergie pour les réaliser. Nous venions de terminer notre voyage à travers l’Amérique latine, sur les traces du Che. D’ailleurs, vous savez quoi ? Mon compagnon de voyage était le fils d’Alberto Granado… »
Et il a de quoi être fier : il a bâti un orphelinat et une école où plus de 300 enfants étaient scolarisés. Il a aussi participé à amener l’électricité dans tout le quartier. Son voyage, sa haine des inégalités socioéconomique, son œuvre dans cette ville… Bref, tout montrait qu’il était un vrai disciple de Che Guevara.

Parfois, on s’identifie au Robin des bois des temps modernes et on arrive à penser à ce qu’on pourrait faire pour changer le monde, pour avoir un destin de héros. Moi, après m’être dégourdie l’esprit de toute cette fascination presque excessive, j’ai considéré la personne du Che. Et j’ai réalisé que je connaissais un modèle bien plus excellent : Jésus-Christ, qui m’appelle à le suivre…

Christ est ressuscité et il est vivant

Le Che, Gandhi, Boudha, Coluche… tous sont morts. Mais Jésus-Christ, lui, est vivant ! Le chrétien est disciple d’un vivant, cela fait toute la différence ; il a une espérance que nul autre ne peut avoir : la vie éternelle. Il se doit de partager son espérance qui anime ses actes. Notre monde court à sa perte et la mort est inéluctable. Alors oui, il y a bien des gens qui souffrent de la faim, de la maladie et de la persécution au quatre coins du monde et l’inégalité est évidente. Le chrétien peut aider son prochain dans son mal physique, mais par dessus tout, dans son mal spirituel. Seul l’Évangile peut répondre au problème universel, celui de la mort… aucun autre homme, aucune autre œuvre. « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 14.12)

Christ aime son peuple jusqu’à la mort

Transformé en une nouvelle créature, je suis appelé à imiter mon chef, Christ. Aimer notre prochain, sans conditions ni intérêts. « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13.33-35) Quel est notre modèle ? Son propre amour. Il nous appelle à un commandement qu’il a lui-même inauguré à la croix, voilà le défi ! Et Jésus va même plus loin : par son autorité, il donne la crédibilité au monde de voir, de juger si nous sommes ses disciples authentiques. Comment ? Par l’amour que nous manifestons pour notre prochain. « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Il est possible de m’investir pour une grande œuvre sociale, de combattre pour l’égalité des faibles, de servir dans les Restos du cœur, ou de faire du bénévolat à la Croix rouge… mais seul l’amour que j’ai pour mon prochain témoignera que je suis bel et bien un disciple de Jésus. Et de là à aimer comme Christ m’a aimé… ma mission prend une toute nouvelle dimension !

Christ agit à travers son peuple

Le disciple de Jésus reconnaît sa petitesse. C’est revêtu d’humilité qu’il doit servir dans ce monde parce qu’il n’est finalement rien de plus qu’un serviteur inutile. Si tu en doutes, relis Luc 17.7-10. « Ce n’est pas à dire que nous soyons par nous mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. » (2 Corinthiens 3.5) Ce Dieu tout puissant n’a manifestement pas besoin de sa créature pour accomplir ses desseins, mais dans sa grâce il nous associe à son œuvre. Serviteur inutile mais pas inutilisé ! C’est par la force que Dieu nous donne que nous changerons ce monde… et non par la révolution armée.

Christ seul est glorifié

Voilà le point crucial : toute action, tout service, toute bonne chose vient de Dieu et glorifie Dieu. Un serviteur revêtu d’humilité n’est pas à l’abri de se glorifier lui-même. Nous sommes humains et cela nous paraît légitime de vanter notre altruisme, intelligence ou générosité. Et pourtant, défiant toute intelligence, c’est bien Christ, et même Christ crucifié, qui est l’objet de toute gloire et toute louange. Comme un guide de musée, débordons d’énergie et de créativité pour attirer les regards sur la beauté DU chef-d’œuvre, sur celui qui seul mérite d’être adoré. Et effaçons-nous. Que nous annoncions l’Évangile aux inconnus, que nous fassions de l’humanitaire, ou que nous témoignons à l’école, que la gloire de Christ soit notre objectif ultime.

Le destin de Che Guevara continue d’inspirer de nombreuses personnes qui marchent sur ses traces et aspirent à sa grandeur. Notre société n’attend pas que les chrétiens lui viennent en aide : il y a tant et tant de personnes qui œuvrent toute leur vie pour soutenir les plus faibles. Et comme le monde le proclame haut et fort, le chrétien n’a pas le monopole de l’humanisme. Rappelons-nous humblement de cette vérité, parce qu’en tant que disciple de Christ, nous sommes appelés à faire bien plus encore… Et souvenons-nous que Jésus est bien plus excellent que tous ces héros humains ! Prions Dieu de nous transformer quotidiennement à sa ressemblance…

Digiqole ad

Anna B.

Anna, 25 ans, est originaire de région parisienne et a été sauvée par grâce.

Tu devrais aussi aimer...

2 Commentaires

    Avatar
  • Un bon article. Je vous recommande grandement « thé drum major instinct » de Martin Luther King Jr, sur le même sujet. Il parle de lui et de l’héritage qu’il souhaite laisser.

  • Avatar
  • Che Guevara était le chien de garde de Fidel Castro, même si ce dernier s’est progressivement servi de lui et s’en est finalement débarassé. Le Che a fait assassiner de nombreuses personnes à Cuba. Son côté romantique n’est qu’un leurre qui ne sert qu’à cacher ses méfaits au nom de la dangereuse cause politique qu’il défendait.

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *