Jusqu’où pour Jésus ?

Crédit photo - craigholiday.net
Crédit photo – craigholiday.net

Un jeune homme talentueux, coté pour aller très loin dans son entreprise vient te voir. Il est tiraillé. Depuis plusieurs mois, il partage sa foi au sein de son entreprise, parmi ses collègues. Son patron est venu le voir pour lui dire d’arrêter, sans quoi il serait viré. Qu’est-ce que tu lui réponds ?

Idem pour une femme qui est professeur des écoles. Elle a l’occasion au jour le jour de parler à des jeunes et de les impacter avec le message de Jésus. Mais elle ne le fait pas à cause du contexte laïc dans lequel elle se trouve.

Idem pour un gardien de prison. Si un des détenus le dénonce pour avoir parlé de Jésus, il pourrait perdre son travail.

Idem pour la majorité des chrétiens évangéliques aujourd’hui : tiraillés entre l’interdiction de parler de Jésus sur leur lieu de travail et la demande que fait leur Seigneur de parler de lui.

Je pense qu’on finira par leur répondre que c’est ok pour eux de taire leur foi, parce que, sur le long terme, c’est mieux pour leur témoignage de ne rien dire, mais d’avoir l’occasion sur la durée d’avoir des opportunités de parler de Jésus.

On répondra aussi qu’il nous faut respecter l’autorité civile. Pour celui-là, on a même un verset clé !

On répondra encore que ce n’est pas un bon témoignage que de parler de Jésus tout le temps (pas de verset clé pour celui-là…).

On répondra aussi que Dieu veut aussi que l’on garde notre travail, pour pourvoir financièrement pour la famille, les enfants, l’Église, etc. (Mouais… Là non plus pas de verset clé…)

Et on répondra encore bien d’autres choses, permettant de rationaliser et de justifier le fait de taire notre allégeance à Jésus, comme s’il s’agissait de quelque chose dont on devait avoir honte…

Tout cela me fait me poser bien des questions, et la première est celle-ci : pourquoi est-ce que je kiffe tant le témoignage de Marcos Cearà ?

Pour ceux qui ne l’ont jamais entendu, Marcos Cearà (ancien latéral droit titulaire du PSG) est devenu chrétien alors qu’il était en formation dans un grand club au Brésil, primé pour un grand avenir dans le foot. Issu des favelas (bidonvilles brésiliens), le foot était sa bouée de sauvetage, son passeport hors des favelas, son espoir pour une vie meilleure.

Mais alors qu’il commençait à parler autour de lui de sa foi, le directeur du club a menacé de le virer s’il continuait à parler de Jésus à ses coéquipiers.

Ce jeune homme du premier paragraphe, c’est Cearà. Qu’est-ce que vous lui auriez dit ?

Marcos décide de continuer à témoigner activement et verbalement de Jésus. Il se fait virer. Il se retrouve dans son bidonville, sans club, sans avenir dans le foot. Sans rien, sauf l’infinie valeur de connaître Jésus.

Et mince ! Toutes ces occasions de passer à la télé, de devenir une star, de devenir riche, de pourvoir pour sa famille, et de pouvoir dire, du haut de cette position : « en plus, je suis chrétien », jetées à la poubelle… Bravo ! Bien joué !

Mais forcément, la fin de l’histoire est plus belle. Il s’est avéré qu’à l’entrainement dans son club brésilien, il avait été repéré par le PSG. Il se retrouve parachuté en France, il brille sur le terrain, et continue de témoigner de sa foi.

Quand on entend Marcos Cearà donner son témoignage, et qu’on entend l’ultimatum que lui avait posé son directeur au Brésil, on se dit tous : « Vas-y Marco, continue à parler de Jésus ! » Peut-être que c’est parce qu’on connaît la fin de l’histoire. Sa fidélité envers Dieu aura été récompensée par celui qui est souverain.

Dans nos vies, on ne voit pas comment ça va finir… Mais au lieu d’essayer de rationaliser notre non-témoignage en donnant des excuses somme toutes un petit peu bidon, est-ce que vous pensez que c’est possible qu’on soit une génération qui dise : « Peu importe ma carrière. Je suis sur terre non pas pour faire carrière, mais pour la renommée de Jésus… » ?

Ou bien est-ce que c’est plus complexe que ça ? Je ne prétends pas avoir fait le tour de la question. Aussi, si vous avez des choses à contribuer là-dessus, on peut continuer la conversation dans la section commentaires ci-dessous !

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Nathan L

http://nathanlambert.net/

26 ans, Rébellutionaire depuis une bonne dizaine d'années, marié à Beki, papa d'Emilie et de Caleb, responsable à l'Eglise CVV Paris et auteur du livre Devenir un Homme Selon Jésus.

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14 Commentaires

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  • A mon avis, il n’y a pas de réponse simple…
    C’est au discernement et à la perception de chacun.

    Une chose est sûre, on met souvent plus en avant la personne qui aura été touchée par un témoignage un peu brutal que les dix qui auront été saoulées et repoussées par la même attitude.

    L’équilibre entre ne pas faire du prosélytisme, mais quand même saisir des occasions de partager sa foi est difficile et il ne faut pas tomber dans l’un des extrêmes : en parler tout le temps, ou n’en parler jamais.

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    • Quelle est, pour toi, la différence entre prosélytisme et évangélisation, ou prosélytisme et témoignage ? C’est une distinction qui est assez fine, et je pense qu’il est bon qu’on apprenne à bien distinguer entre les deux.

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    • Je partage ton observation PA, tout en étant d’accord avec l’idée générale de Nathan.

      Je connais des personnes très discrètes qui conduisent des personnes à Christ, et d’autres qui parlent de Jésus à tout bout de champ mais voient moins de fruit.

      Drôle, non ?

      Au final, c’est une question de sagesse, de discernement. Quand je sais que je vais travailler avec les mêmes collègues pendant plusieurs années, je ne veux pas griller mes cartouches dès le début. Je veux d’abord construire des relations de confiance et de respect mutuels. Avant de leur prêcher l’Evangile, je veux leur montrer que j’ai à coeur leur bien. S’ils savent que j’ai à coeur leur bien terrestre, ils seront beaucoup plus enclins à m’écouter quand je parlerai de leur bien éternel…

      Après, c’est vrai que trop souvent, nous trouvons de belles excuses (prendre le temps, gagner la confiance, être respecté, etc.) alors qu’en vérité, ce qui nous retient, c’est la peur. Je suis le premier à plaider coupable… Merci Nath pour l’encouragement !

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      • C’est exact Sam. Et c’est la raison pour laquelle je me retiens de toute conclusion, et reste sur la base d’une réflexion qui m’a défiée dernièrement. Notre contexte nous met-il trop vite devant une excuse de facilité, inadmissible si Jésus est bien notre Seigneur.

        Je vois, ceci étant dit, toute la sagesse de l’approche plus soft. Elle me parait plus conforme au caractère de Dieu en plus.

        D’où l’idée de lancer le débat pour m’aider dans ma réflexion plutôt que de donner des conclusions : je n’en ai pas encore ! Juste des pensées qui m’interpellent pour l’instant…

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  • Et est ce qu’il faudrait bien commencer à qualifier ce qu’on veut dire quand on pale du discernement personnel ? Ca me parait aussi parfois un fourre-tout pour dire : « je fais ce que je veux »… C’est un peu une façon non-charismatoc de dire « c’est Dieu qui me l’a dit » parfois.
    Mais je suis d’accord qu’il faut utiliser son discernement dans ces situations, comme dans bien d’autres. Qui écrit un article pour donner des bonnes lignes pour discerner « by the book » ?

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  • Ce que j’aime dans la Rebellution c’est que souvent les discussions dans les commentaires sont aussi intéressant que les articles. Merci en tout cas, cet article m’a fait réfléchir. Pas facile de partager sa foi au travail, dur de trouver un juste milieu. Et comme bien souvent, il faut revenir à ce que dit la Bible sur l’évangélisation…

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    • Tout à fait.
      Moi qui était assez à l’aise avec le témoignage à la fac, je me suis rendu compte qu’au boulot c’était vraiment différent.
      Mais peut être que je me prends trop la tête et que je pourrais faire un peu plus ?
      Difficile à dire… Faut tester :)

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  • Hey mais c’est trop fort !!! L’article qui tombe à pique !! Car je suis exactement dans cette situation en ce moment !! En fait, je prie afin d’être une grande bénédiction dans mon entreprise et il s’est passé des choses exceptionnelles !! Je vois que Dieu prépare le terrain et je suis complètement dépassée tellement je suis émerveillée par la tournure des choses.

    Mon point de vu serait de ne pas tout de suite dire qu’on est chrétien, mais d’interpeller nos ami(e)s, nos collègues… par notre façon de vivre, de penser, d’agir etc.. et de nous laisser conduire par Dieu. Je pense que ça a + d’impact – Par exemple, j’ai un collègue homosexuel avec qui je n’aurai peut-être pas eu la même approche et les mêmes discutions s’il savait que je suis chrétienne (car les gens se mettent facilement des barrières dans ces conditions). Et je pense qu’il risque d’être très surpris le jour où il apprendra que je suis chrétienne.
    Donc pour résumer, au travaille ou avec des ami(e)s, j’évangélise dans un 1er temps par ma façon d’être, pour interpeller les gens. Bien évidement avant toute chose je prie. Et quand Dieu me donne l’opportunité de parler de Lui, je saisis l’occasion.

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    • Félicitation SABRINA….!!!! je suis ravis de cet exploit et surtout de ton approche. Beaucoup de courage.! tout est sur la manière d’aborder les gens avec l’évangile; notre caractère en est la première, si des gens autour de toi témoigne d’un caractère exemplaire alors ils aimeront vous aborder pour demander conseil, ou bien pour se confier à vous et c’est au travers de cela que vous pourrez utiliser vos armes spirituelles (la parole et la prière) pour infiltrer l’évangile et je crois que ça sera le bon moment pour gagner cette personne à Christ. soit bénis..!

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  • la persécution est l’un des moyens qui nous est accordé d’expérimenter la souffrance de Christ et de renforcer notre amour pour lui, si nous ne parvenons pas présenter JESUS dans nos activités professionnelles et autres, alors nous avons hontes de lui, et c’est la preuve que nous n’avons pas decidé de le suivre et porter notre croix.

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    • Tout à fait d’accord avec toi Daniel pour dire qu’il ne faille pas avoir honte de Jésus.

      En revanche, je nuancerais tes propos. Il faut distinguer entre honte et sensibilité.

      Avoir honte, c’est se taire par peur de se faire ridiculiser ou de perdre la face. Être sensible, c’est choisir le bon moment pour parler à la bonne personne, et prendre en compte son histoire, son vécu.

      Dans les Évangiles, nous voyons que Jésus traite chaque personne différemment. Avec certains, il est direct, avec d’autres, il est plus subtil. Jésus ne voyait pas les non-chrétiens comme des cibles mais comme des personnes à aimer.

      Porter sa croix, ce n’est pas crier constamment sur les toits que Jésus est Seigneur. Porter sa croix, c’est vivre la seigneurie du Christ dans son coeur, ce qui ouvrira immanquablement des portes au témoignage (cf. 1 Pierre 3.15).

      Finalement, faire preuve de sensibilité, c’est montrer de l’amour. De nombreux chrétiens se vantent de ne pas avoir honte de l’Évangile, mais font fuir les perdus à cause de leur arrogance…

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      • je consens à ce que vous dites, SAM…! et je suis vraiment bénis par cela. Mais la vraie marche avec Christ n’est de la proclamer avec arrogance, ou encore de crier sur les toits son appartenance à Christ, mais c’est de vivre une vie de témoignage, une vie identifiable à la lumière de la parole, et pour que cela soit une réalité du moins parfaite il faudra que tôt ou tard nous fassions face à la persécution où nous ne pouvons nier celui que nous avons décidé d’accepter dans notre vie « JESUS » , que sa soit devant nos collègues, notre patron, ou une amie…! on se comprend SAM ?? Nous sommes dans ce monde, mais nous n’appartenons pas à ce monde…!

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  • Dans un cadre scolaire, on parle plus aisément car les seules retombées sont la moquerie, la mise à part et les choses semblables. Alors que dans le cadre professionnel, on peut perdre notre gagne-pain.

    Ce que j’ai compris, c’est qu’il faut être pertinent et ce peu importe le domaine, car quand on est pertinent les gens qui nous entourent voient là une source de conseils car dans tout ce qu’on fait ils peuvent voir des qualités pertinentes qui font une réelle différence.
    Ils se disent « il est dans la même situation que moi, mais il a des résultats différents, pourquoi ? »
    (Relation sentimentale, travail, école, argent, voyage…)
    Et « Pourquoi », pour un chrétien, n’est pas un mot anodin c’est une terre où il faut semer !!

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  • Et que fait-on de « annonce l’évangile en toute occasion, favorable ou non » (2 tim 4:2).

    On commence facilement à argumenter quand notre sécurité est en jeu (en l’occurrence la perte potentielle d’un emploi) et on utilise trop facilement la théorie de la « mauvaise manière de témoigner » ou du « témoignage par l’exemple sans paroles » pour ne pas annoncer l’évangile du tout.

    Il me semble que Jésus est assez clair sur les priorités… notre sécurité, nos besoins (nourriture, vêtements), viennent après (Matt 6:33 et suivants/précédents). Il nous promet même de s’en occuper quand nous cherchons son Royaume!

    La réalité est que nous n’annonces pas l’évangile POUR que quelque chose se passe; que les gens soient touchés, surpris par notre comportement, qu’ils soient intéressés, etc, mais bien PARCE QUE Jésus a tout accompli et nous a donné sa grâce.

    Heureusement nous avons de bons exemples, même contemporains comme ce footballeur, pour nous encourager! Les miens sont les prêtres ouvriers, Erino Dapozzo, Shane Claiborne, …

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