Navire à babord ou navire à tribord ?
En cette année d’élection, la politique sera forcément un sujet d’actualité. Que devons nous en penser en tant que jeunes chrétiens ? Des débuts de réponses et des idées en vrac, et tout ça en trois articles.
Après les remarques introductives du précédent article, on va rentrer dans le vif du sujet : dans ma situation, en France, est ce que je devrais voter à gauche, à droite, centriste, ou quoi ?
Question complexe. Pour résumer, je dirais : « aucun », ou peut-être « tous ». Enfin non, puisqu’on ne peut voter pour qu’un seul candidat, mais plusieurs sont possibles. Bref, c’est compliqué.
Pour essayer d’éclaircir ces propos pour le moins obscurs, laissez moi mettre en scène deux chrétiens, croyant en l’autorité de la Bible, mais votant pour des partis différents : l’un de droite, l’autre de gauche. Leurs deux appartenances politiques sont modérées. Pour faire simple, l’un est le chrétien UMP, l’autre le chrétien PS.
– Chrétien PS : Comment fais-tu pour être chrétien et voter à droite ? Je veux dire, le partage équitable de nos finances, où on essaie de créer un terrain de jeu où chacun a des droits basiques et peut s’en sortir, sans donner d’avantage aux personnes à cause de leur statut social, ça paraît chrétien non ?
– Chrétien UMP : Bah non, moi je me demande plutôt comment tu peux être chrétien et voter à gauche. La gauche c’est un laisser-faire éthique complet, où l’avortement est encouragé, on veut permettre le mariage homosexuel etc. Clairement la Bible est contre ces choses, donc qu’est ce qu’on fait ?
– Chrétien PS : oui, mais bon Jésus a parlé tellement plus souvent contre les personnes respectables et avides d’argent (la droite !), alors qu’il a sympathisé avec les personnes rejetées de la société, un petit peu comme la communauté homosexuelle aujourd’hui.
– Chrétien UMP : OK, tu marques un point. D’un autre côté, ça me parait trop profond comme problème pour pouvoir le cautionner dans les urnes. Et puis en plus, tu fais croire que la politique sociale de la gauche est plus chrétienne… A mon goût ça crée de la dépendance alors que Jésus est venu pour libérer. Que les chrétiens aient une conscience sociale à titre personnelle, OK, mais qu’ils rejettent cette responsabilité sur l’Etat, non !
– Chrétien PS : Et puis tu dis que la gauche a une éthique douteuse… Qui c’est qui veut renvoyer chez eux les étrangers qui viennent en France pour chercher une vie meilleure. Tu me répondras peut-être qu’ils ne sont là que pour profiter de notre système, mais attention : l’amour ne soupçonne pas le mal.
– Chrétien plus si UMP que ça : OK, donc mon parti renvoie les gens chez eux, a tendance à favoriser le riche en défaveur du pauvre. Ton parti en revanche fait preuve d’un laxisme éthique assez alarmant et déresponsabilise les masses. OK, alors votons Centre…
– Chrétien plus si PS que ça : Bah pas si vite, parce que souvent le Centre c’est un panaché de ces défauts avec certaines qualités qu’ils compensent par d’autres torts.
– Chrétien plus si UMP que ça : Oui, soit ça, soit ils coupent chaque problème en deux, laissant le verre à moitié plein (et accessoirement à moitié vide) sur toute la ligne.
– Chrétien plus si PS que ça : OK, donc on essaie de faire une théocratie comme dans l’Ancien Testament, ou la Genève de Calvin ?
– Chrétien plus si UMP que ça : Je ne sais pas – est ce que c’est vraiment notre rôle dans la société d’aujourd’hui, dans la nouvelle alliance ?
– Chrétien plus si PS que ça : OK, donc on commence notre nouveau parti, uniquement chrétien…
– Chrétien mi-UMP/mi-confus : bah le problème c’est qu’on n’est quand même pas d’accord sur tous les points : on interprète toujours la Bible un peu différemment entre chrétiens.
– Chrétien mi-PS/mi-confus : OK, bah concrètement, je vote pour qui là ?
Le plus merveilleux et le plus rageant dans toute cette histoire, c’est qu’il n’y aura pas de système politique parfait, jusqu’au retour de Jésus. D’ailleurs cette pensée nous rappelle qui est le vrai Roi/Seigneur/Président/Maître-de-l’Univers : Jésus a toute autorité, et c’est lui qui doit recevoir notre vote. En attendant, sa grâce nous permet d’aller aux urnes avec notre conscience et notre vie de prière comme guides. Je recommanderais, à titre personnel, d’éviter, en règle général, les extrêmes politiques, qui comportent bien des dangers. Mais si le Seigneur vous a doués d’une conscience sociale très forte, avec un regard pour la justice, alors sentez-vous libres d’aller voter à gauche, tout en étant très ouverts autour de vous que votre vote ne sanctionne pas leur absence de fermeté sur des plans éthiques/sociétaires. Si vous vous sentez investis d’un combat contre les lois pour l’avortement, alors votez pour le parti qui soutiendra ce combat, tout en vous montrant compatissant par rapport à ceux qui ne possèdent que très peu et qui sont à la merci des plus aisés.
Jusqu’à nouvel ordre, en France, il n’y a pas de meilleure ou de pire option entre les partis modérés, à strictement parler. Ainsi votez à droite ! Votez à gauche ! Votez centre ! Votez même blanc ! Je ne recommande pas l’abstention, face à la responsabilité du chrétien à s’engager politiquement, mais la grâce de Dieu sur votre vie, et la perte de prise de la Loi sur votre attitude devant Dieu vous libère de toute culpabilité en allant aux urnes, sachant fort bien que vous travaillez en vue de l’élection de partis imparfaits aux systèmes éloignés de Christ.
Chrétiens de tous bords, je vous en supplie : participez au débat politique en France, et peut-être que ce genre de blog plaignant l’absence de partis acceptables aux chrétiens n’aura plus lieu d’être. Nous sommes appelés à racheter ce qui est mauvais dans notre société, et tous nos partis ont besoin de la transformation qui vient par l’Esprit de Dieu. En attendant, Dieu est assez grand pour agir au travers de vos votes. Votre responsabilité à vous est de vous en remettre à Dieu en prière et de chercher le parti qui combattra au mieux les combats que Dieu vous a mis à cœur.
10 Commentaires
[…] Via http://www.larebellution.com Share this:TwitterFacebookJ'aimeJ'aime By chiboul, on 18 mars 2012 at 14 02 14 03143, under Uncategorized. Pas de commentaire Les commentaires sont fermés, mais vous pouvez laisser un rétrolien: URL du rétrolien. « Le blog de Jeanne Smits: Royaume-Uni : interdiction de porter une croix au travail ? […]
Merci Nathan pour cet article, il est vrai que la politique a une place importante dans notre société: Et comme tu le disais dans ton premier article sur le sujet, tant que chrétiens nous avons quelquechose à dire sur l’organisation de la société et il serait plus que dommage que nous nous abstenions de participer à ce débat.
Ceci dit je suis d’un avis différent concernant l’abstention. En effet outre les différentes incompatibilités entre l’UMP/PS et certaines valeurs bibliques, autre chose me chiffonne, je m’explique:
– 1)Ce que je vois de la nature de nos dirigeants, me rends très réticent à voter, de l’extreme gauche à l’extreme droite on en apprends toujours plus sur le style de vie de nos politique (amour de l’argent, du pouvoir et divers vices) et sans s’étendre trop sur les détails je pense que l’on peut dire sans hésiter que leurs style de vie et les valeurs qu’ils véhiculent sont assez éloignées de celles que l’on voudrait voir chez nos dirigeants.
– 2) La nature du débat politique aussi m’éloigne des urnes. Les petites phrases, les attaques personelles, les alliances informelles, trahisons et mensonges que l’on peut voir sur la scène politique en temps d’élections me dérangent.
– 3) Enfin, l’état de notre démocratie m’attriste plus qu’autre chose. Devons nous nous résigner à choisir tous les cinqs ans qui maintiendra en place la pyramide bien en place ? Bien sur on peut dire que la gauche est un peu plus « progressive » sur le terrain de la distribution de la richesse et que la question des valeurs est plus conforme aux valeurs chrétiennes à droite. Mais au fond depuis le début de la cinquième république ce sont les enarques qui gouvernent et il n’y a parfois entre gauche et droite rien de plus que des symboles et quelques mots dans le vent.
Dans ce contexte j’ai beaucoup de mal à donner ma voix à un candidat, j’ai l’impression de signer un chèque en blanc, de donner une caution morale à une personne alors que’au fond de moi je ne peux pas accepter ses actes. J’ai l’impression de devoir décider entre deux maux plutot que de faire un choix constructif.
Toutefois loin de moi l’idée de me résigner. Au contraire, si je refuse de m’exprimer par le vote, c’est parce que je crois qu’il y a beaucoup d’autre possibilités pour influencer l’organisation de notre société, les récents mouvement du type « occupy wall street » le montrent bien, tout comme l’ont montrés d’autres mouvements tels que celui des « civils rights » de Marthin Luther King. En d’autre mots je suis pour une implication des chrétiens dans le débat politique mais contre l’idée que l’on soit forcé de se conformer à la quasi obligation qu’est le vote.
Pour résumer je partage complement ce que tu dis quand tu écris « votre attitude devant Dieu vous libère de toute culpabilité en allant aux urnes » et quand tu encourages chacun d’entre nous à ne pas etre invisibles dans la vie politique de notre pays. Cependant je pense que l’abstention peut-etre un choix tout aussi respectable et qu’il existe beaucoup d’autres vecteurs que le vote pour faire entendre le message chrétien.
Voilà, pardon pour le long commentaire et encore merci pour cette série d’articles très intéressants.
Ben
En même temps chrétien ou pas, si on va pas voter on prend tous le même risque: voir des extrémistes arrivés au pouvoir.
Et là franchement je trouve ça dangereux de prendre le risque, la démocratie c’est le systéme politique dans lequel on est libre de partager le message de l’évangile, et ne pas aller voter pour un candidat démocrate… c’est remettre en jeu cette liberté qui est pourtant une grâce de Dieu aussi. Donc soyons responsable, la démocratie c’est pas le supermarcher, oui les hommes politiques sont des êtres humains, pour la plupart pas converti, mais ils leurs restent quand même des compétences et des qualités.
Justement, je ne sais pas dans quelle mesure ne pas aller voter est un « risque », est-ce vraiment un risque ou est-ce que l’on nous a rabâché tellement de fois que s’en était un qu’on y croit ?
Et puis je ne suis pas contre la démocratie, loin de là ! Comme tu le dis c’est le régime où l’on est le plus libre de partager l’Évangile et c’est une vraie bénédiction !
Ce que je disais c’est simplement que le vote n’est pas le seul moyen pour nous d’agir sur le monde politique ou d’exprimer nos idées, et si il est clair que les chrétiens ont leurs mot à dire en politique je ne vois d’obligation ni de voter à droite, ni de voter à gauche, ni de voter tout court.
Comme l’auteur de cet article le dit, participons au débat et comme tu le dis toi-même oui soyons responsable ! Mais ne nous laissons pas enfermer par le clivage droite/gauche ni par la stigmatisation de l’abstention.
Pour moi l’important est d’être au clair dans ma relation avec Dieu et libre devant les urnes.
Hey Benjamin et Camille. Merci pour vos commentaires. Ils apportent beaucoup au débat. Vous m’édifiez !
Pour ma part, j’ai mis de voter blanc comme alternative si on ne fait pas confiance aux candidats proposés. C’est une façon de dire : « je suis impliqué, je m’intéresse à ce qu’il se passe autour de moi, mais là, franchement, je dis activement que personne n’est jugé digne de mon vote. »
Je trouve ça vraiment dommage qu’en France le vote blanc et le fait de ne pas aller aux urnes sont comptabilisés comme étant la même chose (« abstention »). Pour moi, de voter blanc n’est pas une abstention.
Après, je suis d’accord avec toi Benjamin que le vote n’est pas la seule (ni même forcément la meilleure) façon de faire peser un poids certain sur la politique de notre pays.
Si, voter blanc est une abstention. C’est ça le but de s’abstenir. Mais c’est ne pas allez qui n’est pas nécessairement une abstention. Fin c’est plutôt une abstention passive plutôt d’active. Mais ça veut dire la même chose non ? Soit la personne ne s’intéresse pas assez aux élections – ne voit pas l’intérêt de voter. Soit la personne n’est pas renseignée – n’a pas reçu de bonne communication. Soit la personne ne eut pas voter – pourrait faire un blanc ou ne pas aller – pareil.
Je ne suis peut être pas très claire mais e que je veux dire c’est que si qn ne vote pas à cause d’un manque d’intérêt ou quoi que ce soit comme ça, c’est aussi la faute du système. Fin, je trouve….
Salut Rebecca !
Pour moi l’abstention et le vote blanc sont différent. Le sens du vote blanc peut être double:
1) « Je soutiens le système tel qu’il est, cependant aucun des candidats ne corresponds à mes attentes ». Tu exprimes donc ton soutiens au système électoral et à la République telle qu’elle est mais tu portes une critique sur les candidats.
2) Comme tu l’as dit ce peut être un sentiment d’incapacité et d’un manque de connaissance, donc ça serait plutôt: « Je veux voter, mais je ne sais pas pour qui, dans le doute je vote blanc ».
L’abstention est porteuse d’autres sens:
1) Un désintéressement total de la politique. Soit par manque d’information, soit par manque d’incitation, soit par « dégout » ou sentiment d’impuissance « à quoi bon voter, ma voix ne changera rien ».
2) Un intérêt pour la politique, mais le refus d’adhérer au système actuel, soit parce que tu le trouves injuste, soit corrompu, soit parce que tu préfère d’autres modes d’expressions qui nous paraissent plus efficaces… voir tout ça à la fois.
Enfin, il s’agit ici de caricatures, mais je penses que tu comprendras la différence.
Ce qui justement me gêne avec le vote blanc à l’heure d’aujourd’hui c’est que quelque part le vote blanc est un vote de soutiens ou un vote d’ignorance, un vote totalement muet.
Il n’y a pas de vote blanc réellement comptabilisé comme vote de contestation. Si on n’est pas d’accord avec le système et qu’on le trouve injuste il y a très peu de moyen de le montrer excepté l’abstention.
Benjamin, tu écris « Justement, je ne sais pas dans quelle mesure ne pas aller voter est un « risque » . Quand je vois la maniére dont Le Pen monte dans les sondages, moi ça m’inquiéte, pas toi? C’est ça le risque, les extremistes.
« En attendant, Dieu est assez grand pour agir au travers de vos votes. » Donc il n’y a pas pas de libre arbitre en fait ?
Merci pour vos commentaires, chacun ! Ça me fait tellement plaisir de voir une génération de chrétiens qui réfléchit clairement et chrétiennement sur la politique et qui en débat avec amour, respect et vigueur ! Continuez, vous m’inspirez…
Aie, Tokxa, tu poses une question qui tue. J’ai un avis très tranché sur la question : « non, il n’y a pas de libre-arbitre ». C’est ma position, et d’autres chrétiens en ont une qui est inverse. Voici comment je distillerai la chose :
– Dieu est souverain. La Bible est extrêmement claire là dessus. Il n’y a pratiquement rien sur lequel la Bible est plus claire (si tu souhaites que j’ailles au delà de simplement l’affirmer et que j’aille la prouver, dis-le moi et je bombarderai le blog de versets… En attendant, si tu en es convaincu avec moi, ça me gagnera du temps de ne pas le faire!).
– L’homme a une responsabilité face à ses choix et une liberté clairement établie.
La question pour moi est : « jusqu’où peut-on étendre la liberté de l’homme sans qu’elle n’enfreigne la souveraineté de Dieu ? », et pour moi, d’affirmer le libre-arbitre (l’idée que l’homme fait ce qu’il veut, peu importe que Dieu le veuille ou pas) est aller trop loin. L’homme est libre, mais pas absolument libre. Si l’homme était absolument libre, Dieu ne le serait pas, or la liberté de Dieu (dont il n’est marqué nulle part dans la Bible qu’il l’a restreint, contrairement à ce que certains affirment) est un principe fondamental dans ce que ça veut dire d’être Dieu.
Après, si toi, dans ta pensée, tu arrives à faire coexister le fait que Dieu est parfaitement libre et l’homme aussi, alors génial. D’autres l’ont fait avant toi, et l’ont défendu de façon éloquente et puissante. Pour ma part, je n’arrive pas à le voir, et je vois le libre-arbitre humain et la souveraineté de Dieu comme deux concepts contradictoires et mutuellement exclusifs.
Ce que tu dis met d’ailleurs le doigt sur le coeur du problème. Je ne crois pas que ce soit non-biblique d’affirmer que Dieu fait ce qu’il veut dans ce monde, y compris agir souverainement au travers de nos voix dans les urnes. Je lisais Actes ce matin, et à plusieurs reprises, Dieu se sert de décideurs politiques pour faire advenir sa volonté.
Il y a bien sûr une grande part de tension entre la souveraineté de Dieu et la liberté humaine, et elle n’est pas facile à articuler. Mais pour ma part, je préfère parler de la tension non pas entre souveraineté de Dieu et libre-arbitre humain, mais plutôt entre souveraineté de Dieu et responsabilité humaine…
Mais comme je dis, ma position n’est pas la seule à pouvoir être considérée chrétienne, et je respecte totalement un point de vue adverse, tant qu’il est basé sur et soumis à la Bible.