Lettre à un adolescent incomplet et peu sûr de lui…

Post de John Piper, 65 ans, pasteur et théologien américain, et auteur de Et si je ne gâchais pas ma vie ?
Traduction de Nathanaël G., 17 ans, rebellutionnaire.

Il y a quatre ans, un adolescent de notre église m’a écrit en me demandant des conseils sur la vie en général, et sur l’identité en particulier. Voici ce que je lui ai répondu, avec une bonne dose d’autobiographie pour illustrer.

Cher ____,

L’expérience que j’ai faite de sortir d’une vie d’adolescent introverti, incertain, coupable, lascif, et égocentrique ressemblait plus à l’évolution d’un têtard en grenouille qu’à celle d’une chenille en papillon.

Les chenilles disparaissent dans leurs cocons et vivent, en privé, une transformation inexplicable, sans que personne ne le voit (c’est probablement en désordre à l’intérieur) ; et puis le cocon s’ouvre et tout le monde dit ooooh, ahhh, c’est superbe. Cela ne s’est pas passé comme ça pour moi.

Les grenouilles naissent toutes petites, ressemblent à des poissons, habitent dans des marigots. Elles ne sont pas exposées dans les parcs d’attractions aquatiques. On les trouve parfois dans les piscines d’un hôtel chic, si l’endroit a été abandonné depuis vingt ans et qu’il ne reste que quelques centimètres d’eau verte tout au fond.

Mais petit à petit, parce que ce sont de saintes grenouilles par prédestination et par leur A.D.N. spirituel (nouvelle naissance), elles nagent dans l’eau verte et commencent à ressembler de plus en plus à des grenouilles.

D’abord, de petits pieds apparaissent dans leurs flancs. Bizarre. A ce stade, personne ne leur demande de donner un témoignage dans un banquet d’Athlètes en Action (les gens peuvent payer pour manger avec leurs athlètes préférés et les entendre parler de leur vie, l’argent sert pour des action caritatives ; pratiqué en Amérique).

Puis une nouvelle paire de jambes. Puis un dos rond. Les poissons dans l’étang se sont déjà reculés : «Hum », disent-ils, « ça ne ressemble plus du tout à l’un de nous. » Une grenouille à moitié développée ne s’intègre nulle part.

Mais Dieu est bon. Il a un plan, et ce n’est pas de rendre cette métamorphose facile. Juste certaine. Il y a un millier de leçons à apprendre dans le processus. Rien n’est gaspillé. La vie n’est pas arrêtée dans l’attente de la grande apparition. Les larves dans le cocon le font. Mais les grenouilles sont visibles tout au long du changement malgré la bizarrerie de celui-ci.

Je pense que, pour moi, la clé fut de trouver de l’aide dans l’Apôtre Paul, C.S. Lewis et mon père, qui paraissaient tous avoir une incroyable santé, justement parce qu’ils étaient absolument fascinés par tout sauf eux.

Ils m’ont montré que la plus grande santé mentale n’est pas de s’aimer soi-même, mais d’être joyeusement intéressé par tout, sauf par soi. Ils étaient le genre de personnes qui sont tellement fascinées par les gens qui ont un nez (pas un nez étrange, juste un nez), que marcher dans n’importe quelle rue passante est comme une sortie au zoo. Oui, bien sûr, eux aussi avaient un nez, mais ils ne pouvaient pas voir le leur. Et pourquoi auraient-ils voulu le voir ? Regardez tous ces nez que l’on peut voir sans s’embêter ! Fascinant.

La capacité de ces hommes à être fasciné était immense. Je m’émerveillais et je priais pour arrêter de gâcher tant de temps et d’énergie émotionnelle à penser à moi. Zut, me suis-je dis. Qu’est-ce que je fais ? Pourquoi est-ce que je fais attention à ce que les gens pensent de moi ? Je suis aimé par le Dieu tout puissant et Il est en train de faire de moi une authentique grenouille, une de celles qui sautent haut.

Le texte le plus important dans ma ‘grenouilleté’ émergente devint 2 Corinthiens 3.18 :

Nous tous qui, le visage dévoilé, contemplons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire.

Ce fut l’un des plus grands secrets que j’ai jamais découverts : contempler est devenir.

L’introspection doit laisser place à la fascination de la gloire, et quand ceci est fait, on devient. S’il y a une quelconque clé à la maturité, c’est cela. Contemple ton Dieu en Jésus-Christ. Ainsi tu passeras de têtard à grenouille. C’était une grande découverte.

Je ne pourrai jamais parler devant un groupe, tellement je suis nerveux, c’est certain (c’est ce que je pensais). Et je ne me marierais certainement jamais, car j’ai trop de boutons d’acné. Les filles de mon université me terrifiaient profondément. Mais Dieu me tient dans sa main et Il a un plan qui est bon ; et il y a un monde, visible et invisible, peu connu et stupéfiant. Pourquoi ruinerais-je ma vie à penser autant à moi ?

Merci Seigneur d’avoir donné Paul, Lewis et mon père ! C’est tellement évident maintenant. Mon moi est trop petit pour satisfaire l’explosion de désirs de mon cœur. Je voulais goûter et voir quelque chose d’énorme et de merveilleux et de superbe et d’éternel.

Cela a commencé en regardant la nature, et a fini en regardant Dieu. Cela a commencé dans la littérature, et a fini dans Romains et les Psaumes. Cela a commencé en marchant dans l’herbe, les bois et les lagons, et a fini en marchant à travers les vastes plaines de la théologie. Non pas que la nature, la littérature, l’herbe, les bois et les lagons aient disparu, mais il devenait plus évident qu’ils n’étaient que des copies et des pointeurs.

Les cieux proclament la gloire de Dieu. Quand tu quittes les cieux des yeux pour regarder à la gloire de Dieu, les cieux ne cessent pas d’être glorieux. Mais ils ne sont plus déifiés quand tu découvres ce qu’ils disent. Ils pointent vers quelque chose :

Tu fais crier de joie l’Orient et l’Occident. (Psaumes 65.9) (Comprenez : Tu fais crier de joie le lever et le coucher du soleil.)

Pourquoi est-ce que le lever du soleil et le coucher du soleil crient si joyeusement ? Pour leur créateur ! Ils nous font signe de se joindre à eux. Mais si je suis en train de me plaindre du bouton qui est sur mon nez, je ne regarderai même pas par la fenêtre.

Mon conseil est donc le suivant : sois patient sur le chemin que Dieu a prévu pour toi, et tu deviendras une grenouille très joyeuse qui saute avec force. Ne reste pas bloqué au stade de têtard ou de demi-grenouille bizarre. Mais ne sois pas non plus surpris par la bizarrerie et la lenteur du processus.

Comment suis-je devenu pasteur ? Comment ai-je pu me marier ? Seul Dieu le sait. Incroyable. De même, ton développement jusqu’à ce que tu seras à trente-quatre ans sera incroyable. Reste juste dans la course et regarde. Regarde, regarde. Il y a tellement de choses à voir. La Bible est inépuisable. Regarde principalement à cela. L’autre livre de Dieu, celui sans autorité, la nature, est aussi inépuisable. Regarde. Regarde. Regarde. En contemplant la gloire du Seigneur, nous sommes changés.

Je t’aime et j’espère que Dieu a de grandes choses ‘grenouillières’ pour toi. Ne t’inquiète pas de devenir seulement une grenouille qui saute très haut comme Christ. Ta joie vient de ce que tu vois :

Mes chers amis, nous sommes maintenant enfants de Dieu, mais ce que nous deviendrons n’est pas encore clairement révélé. Cependant, nous savons ceci : quand le Christ paraîtra, nous deviendrons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. (1 Jean 3.2)

Il y a une autre métamorphose qui attend, toujours de mieux en mieux. Dieu est illimité. Il y aura donc toujours de plus en plus de sa gloire à voir pour un esprit limité. Il n’y a rien d’ennuyeux dans l’éternité.

Affectueusement,

Pasteur John.

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John Piper

John Piper est un pasteur et prédicateur américain, fondateur du site desiringGod.org et auteur d'une cinquantaine de livres, dont "Et si je ne gâchais pas ma vie ?".

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