Volonté & Sanctification, Partie 1/3
Série par Alfred Kuen, 90 ans, théologien français, auteur de nombreux ouvrages.
Quel est le rôle de la volonté dans notre sanctification ?
Est-ce que « vouloir, c’est pouvoir » ? Lorsque le peuple d’Israël était entré en Canaan, il a dit à Josué : « Nous voulons adorer l’Eternel, car il est notre Dieu » (Jos 24. 15, 18). Josué avait beau les avertir : « Vous ne serez pas capables de servir l’Eternel, car c’est un Dieu saint, un Dieu qui ne tolère aucun rival. Il ne tolérera ni vos révoltes ni vos péchés… – Non, répondit le peuple. C’est bien l’Eternel que nous voulons adorer » (v. 19-21).
Plus tard, les psalmistes donnent souvent expression à cette volonté : « Je veux faire ta volonté, ô Dieu, et ta Loi est gravée tout au fond de mon cœur » (Ps 40.9). « Je veux m’attendre à toi, car ta bonté se manifeste à tes fidèles » (52.11). « Je veux garder tes ordonnances… » (119.8). Même des païens démontrent par leur comportement que les œuvres demandées par la Loi sont inscrites dans leur cœur. Mais l’homme peut-il accomplir la volonté de Dieu ?
Tous ceux qui s’y sont essayés ont dû constater comme l’apôtre Paul l’immense décalage entre le vouloir et le pouvoir (Rm 7.14-25). Personne ne peut être sauvé par les efforts de sa volonté. « Personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu’il aura accompli les œuvres demandées par la Loi (de Moïse) » (Rm 3.20) ni par aucune autre loi. Mais Dieu a pris l’initiative de « justifier » certains d’entre eux, c’est-à-dire de les déclarer justes et les considérer comme tels sur la base d’un acte de foi : s’ils font confiance au moyen que Dieu leur présente : le salut accompli par Jésus en payant la dette de nos péchés par sa mort sur la croix.
C’est là qu’intervient la volonté : dans l’acte de foi qui accepte ou refuse de don de Dieu. En effet, le salut a beau être gratuit et offert, comme un cadeau, il n’est imposé à personne : seul ceux qui le souhaitent, qui veulent le recevoir en bénéficient. La volonté a aussi la possibilité de refuser l’offre de salut que Dieu lui propose et de dire comme la délégation des Juifs dans la parabole des mines : « Nous ne voulons pas que cet homme-là règne sur nous » (Lc 19.14).
Au malade de Béthesda qui attendait depuis si longtemps sa guérison, Jésus demande : « Veux-tu être guéri » (Jn 5.6). Cette parole pourrait aussi s’appliquer sur le plan spirituel à ceux qui souffrent de la maladie du péché. Le salut est gratuit, mais il n’est pas automatique. Dieu demande que nous en exprimions au moins le désir, c’est-à-dire la volonté de guérir.
« L’essentiel de la conversion est une attitude de la volonté. Il ne s’agit pas de sentir ou ‘d’être agi’, mais de consentir et d’agir » (A. Gaillard).
Le programme de Dieu
Lorsqu’il parle de « faire tous nos efforts pour ajouter » à notre foi telle et telle vertu, l’apôtre Pierre dresse tout un programme à notre sanctification (2 Pi 1.5-7). Le point de départ est la foi ; donc il s’adresse à des chrétiens, enfants de Dieu, et il leur demande de faire tous leurs efforts pour ajouter 7 aspects caractéristiques d’une vie chrétienne normale :
- la force de caractère,
- la connaissance,
- la maîtrise de soi,
- l’endurance dans l’épreuve,
- l’attachement à Dieu,
- l’affection fraternelle,
- l’amour.
« Car si vous possédez ces qualités, et si elles grandissent sans cesse en vous, elles vous rendront actifs et vous permettront de connaître toujours mieux notre Seigneur Jésus-Christ » (v. 8).
Devant chaque aspect, la formule : « faites tous vos efforts pour ajouter » est sous-entendue. Ce passage nous permet donc de voir quel rôle Dieu assigne à notre volonté dans l’édification de notre personnalité chrétienne.
Dans la série Partie 1 / Partie 2 / Partie 3