Des œuvres desquelles être fier

La grâce est un sujet vaste et merveilleux qui change l’existence. C’est aussi un sujet nébuleux car des confessions de foi différentes de la chrétienté l’expliquent de manières très variées, voire même opposées, notamment en ce qui concerne l’articulation entre la foi et les œuvres. Il m’est arrivé d’entendre la grâce décrite comme ceci : Dieu a vu des hommes et femmes pécheurs en danger de mort comme les marins d’un bateau perdu en pleine mer ; il a vu leur misère et leur a envoyé une corde, Jésus, pour les sauver par sa miséricorde. Les chrétiens seraient ceux qui ont compris que leur seul espoir se trouve en Jésus et qui ont décidé d’eux-mêmes de saisir cette corde en se confiant en lui et son œuvre à la croix. Cette explication présente l’avantage d’être imagée, belle, claire et simple. On y voit Dieu et les hommes à l’œuvre. Mais cette explication est-elle adéquate ? Au final, quelle est la place de l’œuvre de Dieu et de nos œuvres à nous ?

Paul, dans son épître aux Éphésiens, emploie lui aussi un langage imagé pour parler de la grâce, tout en expliquant la place des œuvres. Si le cœur vous en dit, mettez en pause cet article et lisez cette épître. Vous verrez à quel point la grâce est profonde et cosmique, tout en étant hyper concrète pour notre vie de tous les jours. Aux versets 1 à 10 du chapitre 2, Paul décrit l’articulation entre la grâce et les œuvres. Considérons ces versets pour répondre à notre question de départ.

La grâce rend des morts vivants

Avez-vous remarqué la terrible condition dans laquelle nous étions avant d’avoir la foi, nous tous qui nous confions aujourd’hui en Jésus ? Nous étions spirituellement morts (v. 1 et 5), inertes, sans vie ! Nous étions, en quelque sorte, des morts-vivants – vivants physiquement mais morts spirituellement – qui méritaient la juste colère de Dieu (v. 3). Tout cela à cause de notre rébellion envers Dieu (v. 1-3). En gros, notre condition était désespérée, et nous en étions coupables.

Heureusement, l’histoire ne s’arrête pas là. Dieu est lui-même intervenu à cause de son grand amour (v. 4). À partir du verset 4, la grâce – le don immérité et gratuit de Dieu – envahit le texte et nous inonde (on la retrouve trois fois des v. 4 à 8). Sans notre « permission » (!), ni notre participation (en effet, nous étions morts !), il a rendu des morts bien vivants en Jésus, et il les a remplis d’espérance grâce à sa mort, à sa résurrection et à son exaltation (v. 5-7 ; voir aussi Éphésiens 1.7). Ainsi, c’est par la grâce de Dieu que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi, c’est-à-dire en se confiant en Jésus et son œuvre à la croix. Oui, nous sommes personnellement convaincus de notre besoin de nous confier en Jésus, mais même cette foi nous vient de Dieu car c’est un don de sa part (v. 8 ; notons que la repentance est aussi un don de Dieu – Actes 11.18). Autrement, comment des morts auraient-ils pu saisir la grâce de Dieu ? Nous n’avons donc pas de quoi être fiers, mais que de quoi remercier Dieu (v. 9) !

Il nous faut ainsi modifier l’image de tout à l’heure : les croyants étaient comme des cadavres au fond de l’océan qu’un plongeur a repêchés en mourant à leur place ; et un secouriste les a réanimés au moyen d’un bouche- à-bouche et d’un massage cardiaque. Le plongeur, c’est Jésus qui est mort à la place de ses élus, et le secouriste c’est le Saint-Esprit qui les a ramenés à la vie en leur donnant la repentance et la foi en Jésus (voir Ezékiel 36.25-27 ; 37.1- 14 ; Jean 3.4-18 ; Tite 3.4-7).

La grâce rend des morts vivants pour de bonnes œuvres

Si notre salut est uniquement l’œuvre de Dieu, quelle est la place de nos œuvres à nous ? Le verset 10 nous en donne la réponse que l’on peut résumer de la manière suivante :

Les chrétiens on été rendus vivants, ils sont l’œuvre de Dieu qu’il a créés en Jésus (par la foi qu’il leur a donnée – v. 8-9)… => …pour des bonnes œuvres qu’il a lui-même préparées d’avance afin qu’ils les pratiquent.

Cette réponse nous appelle à la fois à l’humilité et à la reconnaissance, en nous donnant une grande assurance, sans pour autant nous laisser inactifs.

Vive les « solas » de la réforme : Sola fide, Sola gratia, Solus Cristus… Nous sommes sauvés par la foi seule, par la grâce (l’œuvre de Dieu) seule, et par Jésus seul. Merci, Seigneur, pour ton don gratuit et immérité ! Et puis, ouf, notre salut ne dépend pas de nous mais uniquement de toi. Grâce à ta grâce nous sommes assurés d’être sauvés pour l’éternité ! Mais, du coup, allons-nous être inactifs ? Ou allons-nous vivre à nouveau comme nous le voulons ? Non, puisque nous avons été sauvés pour faire des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance. Il est ainsi exclu de se vanter des bonnes œuvres que nous avons faites, ou de celles que d’autres ont faites à notre instigation. Soli Deo gloria… A Dieu seul soit la gloire ! Oui, soyons fiers, mais fiers de son œuvre pour nous et en nous. Étant sauvés par son immense grâce, qu’il nous fortifie pour que nous puissions aimer nos proches, nos frères et sœurs de l’Église, ainsi que les autres, pratiquement et d’une manière qui l’honore. Qu’à la lumière de sa grâce, Dieu nous rende plus humbles, plus reconnaissants, et plus à l’œuvre !


Cet article a d’abord été publié dans le GBU Info Eté 2016, le magazine trimestriel des GBU de Belgique. Pour le lire en entier, clique ici.

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Alexandre Manlow

Alexandre Manlow, Secrétaire Général des GBU de Belgique et professeur de l'évangile de Marc à l'Institut Biblique Belge. Marié à Sara, qui est aussi employée par les GBU, ils ont une adorable petite fille nommée Natalina et un petit bout tout mignon qui s’appelle Cohen.

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