Battle théo: Reynald défend la position compatibiliste (2/2)

Crédits Photo : tribesofcreation.wordpress.com
Crédits Photo : tribesofcreation.wordpress.com

Après avoir introduit la série lundi, donné la parole à Guillaume pour défendre la position incompatibiliste (1/22/2), avant de donner la parole à Reynald Kozycki, ex-enseignant en informatique, pasteur à Paris d’une Église CAEF et président du réseau FEF, pour la première partie de la défense de la position compatibiliste, voici la seconde partie de sa défense.

QUELQUES OBJECTIONS

Le mot jour

Le premier récit de création (Ge 1) parle de 7 jours. On entend souvent dire chez les « créationnistes » que le mot jour en hébreu ne peut pas avoir d’autres sens que 24h lorsqu’il est précédé d’un article. Pourtant on constate que les six premiers jours ont un commencement et une fin (« il y eu un soir, il y eu un matin »), mais le septième ne s’achève pas. Hé 4 montre que ce repos est encore pour aujourd’hui. Si le septième jour se prolonge autant, on peut imaginer que la lecture symbolique se prête aux récits de création.

Certains relèvent que le décalogue reprend la semaine de création comme modèle de la semaine de travail avec un jour de repos (Ex 21.11). Mais cette référence peut tout à fait renvoyer à une semaine symbolique de création comme modèle pour nos semaines.

La mort

Paul écrit dans Romains que le péché est entré dans le monde par un seul homme et par le péché la mort (5.12). De quelle mort s’agit-il ?

Ceux qui voient la mort des animaux dans ce texte arrivent à une lecture étrange du 6e jour. Les animaux ont été créés, puis l’homme et la femme ce même jour (Ge 1). Le 2e récit de la création en Ge 2 montre qu’avant l’apparition de la femme, Dieu a eu le temps de faire pousser des arbres dans le jardin d’Eden, puis de faire venir tous les animaux vers Adam pour qu’il les nomme (Linné a mis des années à classifier et nommer les animaux au 18e), Dieu a le temps aussi d’accorder un profond sommeil à Adam pour former Eve de sa côte. Pendant ces heures interminables, il faudrait imaginer que tous les gros animaux comme les éléphants, les dinosaures aient dû marcher sur la pointe de pieds pour ne pas écraser un seul insecte… Une lecture littérale paraît étrange pour ce long 6e jour.

La mort correspond plutôt à l’avertissement divin : « Le jour où tu mangeras de cet arbre tu mourras certainement » (v. 17). La suite montre qu’il s’agit d’abord de la mort spirituelle, celle du rejet du jardin d’Eden, loin de la présence de Dieu, même si la mort physique humaine suivra plus tard. C’est dans un sens spirituel qu’Ép 2.1 nous décrit comme morts sans Dieu.

Et les fossiles d’australopithèques, homo erectus ou néanderthalien ?

C’est un grand débat pour savoir où situer Adam. Dieu a probablement créé les animaux du « 6e jour symbolique » avec certaines lois évolutives qui ont  abouti, dans sa souveraineté, à des formes de singes très proches de l’être humain, voire des êtres que la paléoanthropologie classe comme homo sapiens, avant que Dieu ne « forme de la poussière de la terre » Adam, ne lui donne ce « souffle de vie dans ses narines » et ne le façonne en son image et à sa ressemblance.

Les preuves de l’évolution ?

Il y a souvent de nombreux contresens sur ce qu’est ou pas l’évolution. On devrait parler des théories de l’évolution. Vu le nombre de champs scientifiques qui entrent en compte et la complexité de chacun d’entre eux, il faut beaucoup d’humilité.

Pour ma part, je suis convaincu qu’il n’y a pas de contradiction entre la Révélation biblique et la « Révélation naturelle » comme le Ps 19 le laisse penser. Les deux expriment la gloire de Dieu dans des langages différents. Nous n’avons pas à craindre les « découvertes » scientifiques. Si elles sont honnêtes, elles ne peuvent que donner un éclairage plus précis sur la création de Dieu.

Par contre, lorsque les sciences donnent un sens plus radical à l’évolution, ce que certains appellent le « darwinisme fort », en cherchant à tout expliquer par le hasard et en rejetant toute idée de Dieu, nous devons exprimer nos convictions sans crainte sur le fait que : « C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu » (Hé 11.3) ou plus directement : « L’insensé dit en son cœur : il n’y a point de Dieu » (Ps 14.1).

Et les scientifiques évangéliques ?

J’ai posé un jour la question à un jeune professeur de géologie à l’ENS Ulm : « Y a-t-il dans toutes les publications de haut niveau en géologie, quelques faits qui feraient penser que la terre a 10 000 ans ? » Il m’a répondu que si c’était le cas pour une seule publication avec suffisamment de preuves à l’appui, l’auteur recevrait probablement un prix Nobel tellement ce serait révolutionnaire dans cette discipline.

Je demandai à une directrice de recherche en embryologie, ce qu’elle pensait de l’évolution. Elle me répondit qu’elle en avait la preuve tous les jours dans ses observations. Je pourrais poursuivre sur les quelques dizaines de chercheurs d’assez haut niveau que je connais, à l’exception d’un seul, tous ont adopté une lecture littéraire de Ge 1-3.

Le Réseau Scientifique Évangélique (RSE) nous le rappelle par ses différentes conférences.

Conclusion

L’évolution comprise, non comme une idéologie anti-Dieu (ce qu’elle est malheureusement chez quelques scientifiques ou encore plus, chez de nombreux vulgarisateurs), ne devrait pas nous apeurer ou nous faire redouter un gigantesque complot. Plus je me suis penché sur ces questions ces derniers temps, plus j’y vois un processus complexe très probable que Dieu aurait utilisé pour sa première création1. L’étude, notamment du Nouveau Testament, m’amène à m’émerveiller peut-être davantage à la découverte de la nouvelle création dont nous avons les prémisses à la résurrection de Christ, œuvre encore plus prodigieuse.

À demain pour la réponse de Guillaume aux arguments de Reynald! ;)

______

NOTES

1. Pour aller plus loin je recommande une revue accessible sur le web où j’ai participé à la coordination du numéro sur les Origines, Servir en l’attendant, 3-2010.

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Reynald Kozycki

Reynald Kozycki est marié et père de deux jeunes adultes. Il est pasteur dans une Église CAEF en région parisienne. Il exerce son ministère depuis maintenant plus de 22 ans, il est aussi enseignant à l’Institut Biblique de Genève et président du réseau FEF.

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14 Commentaires

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  • Je trouve l’idée très bien amenée, ça ne semble pas contredire la Parole de Dieu.
    Les arguments sont logiques et bien appuyés, de plus les vraies découvertes scientifiques ne contredisent pas la Bible.
    J’apprécie l’observation sur les nombreux fossiles trouvés et la nuance apportée sur la notion du jour dans Genèse car c’est vrai que pour le 7ème, il n’y a pas l’expression « il y eût un soir et il y eût un matin ».

    Je ne mettais jamais arrêté réellement sur le sujet, je me rappelle juste qu’un ami m’avait dit une fois « il faut plus voir les jours de la création comme des périodes, car la science est voulue de Dieu et elle révèle sa puissance. Et symboliquement, chaque jour est applicable au cheminement du chrétien avec Dieu. » Pour la seconde partie, je ne me rappelle plus des détails.

    Tout ça pour dire que je trouve ça intéressant.

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    • Merci.

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  • Je suis sûr qu’avant le péché il n’y avait aucune mort

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  • Il y a une phrase qui n’est pas très claire : « Dieu a probablement créé les animaux … avec certaines lois évolutives … avant que Dieu ne « forme de la poussière de la terre » Adam. » D’après Reynald Kozycki, l’évolution ne concerne que les animaux ou Adam compris ?

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    • Hello Alexis,

      J’espère que tu vas bien depuis Lognes.

      Je ne veux pas répondre à la place de Reynald, mais après de nombreux débats informels avec lui, je sais bien que le fait que l’homme ait été créé de la poussière de la terre fait partie des éléments qu’il ne comprendra pas littéralement.
      Il réagira certainement et confirmera dès qu’il se connectera sur la Reb’.

      A très vite.
      gb

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      • Merci Alexis et Guillaume des questions ou éléments de réponse.
        Il y a des domaines où il faut beaucoup de prudence. Je ne crois pas que le texte de la Genèse entre dans le détail des explications du « comment » de la création.
        Pour faire court, dans ce que je comprends de la Bible et des données « scientifiques », Dieu aurait utilisé certaines lois évolutives pour la « création » du monde végétal et animal. Il est possible que vers la période néolithique (puisque Caïn et Abel connaissent l’agriculture) Dieu ait insufflé un souffle de vie à un être qu’il a façonné, sans donner d’explication, à partir de la « poussière ». Ce mot (aphar) peut être pris aussi dans un sens symbolique puisque même Abraham se reconnait comme « poussière » (Ge 18.27).
        Cette « poussière » pouvait ressembler génétiquement à des « pré-humains », voire à « homo sapiens ». Le corps d’Adam partage en effet une certaine solidarité avec le reste de la création, sa constitution anatomique ressemble à celle d’autres mammifères.
        Mais ce que la Bible appelle « l’homme » ne correspond pas vraiment à ce que la paléoanthropologie appelle « pré-humain », voire « homo sapiens ». Adam et Eve sont « en image et ressemblance de Dieu ». Il est donc probable que leur « corps » partage certaines facettes d’une longue histoire évolutive, mais que leur véritable personnalité, leur « âme » soit une œuvre de création directe de la part de Dieu.
        Un jour Dieu nous donnera certainement plus d’éléments sur ces points.
        Je ne sais pas si cela t’éclaire un peu plus Alexis ?

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        • Hello Reynald,

          Dans ce cas, comment comprendre la malédiction prononcée sur Adam consécutivement à la chute ?
          « tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière » (Genèse 3:19)
          => tu étais pré-humain et tu redeviendras… pré-humain ?

          D’autre part, ta position entraine au moins trois conséquences négatives importantes :
          – une difficulté à affirmer l’unité de la race humaine, puisque la descendance de cet homme et cette femme à l’image de Dieu aurait très bien pu se croiser avec la descendance des pré-humains de cette époque
          – l’impossibilité d’affirmer l’unicité ontologique des êtres humains parmi toutes les créatures de Dieu. Rien ne les différencie dans leur origine
          – le fait d’affirmer implicitement que Dieu a utilisé la mort (qui est pourtant son ennemie) comme un matériau pour créer l’homme parfait à son image.

          Je vois personnellement plus de difficultés que d’éléments de réponse dans la direction que tu proposes.

          Bonne nuit !
          Guillaume

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          • Bonsoir Guillaume,
            J’ai lu avec attention tes arguments. Je les connais bien puisque je les ai soutenus en partie, un certain temps. Même si on ne va pas se lancer dans de nouveaux débats sur ces commentaires, je donne une brève réponse.
            Je pense que le mot « poussière » a un sens plus large en hébreu que nous ne l’avons en français (il suffit de prendre une concordance même avec les codes Strong). Ultimement toute vie que Dieu a crée vient de la poussière et retourne à la poussière, sauf l’âme de l’être humain découvrant l’arbre de vie ou le pain de vie ou Celui qui est la résurrection et la vie.
            Je souscris de manière évidente à l’unité de la race humaine, et je n’ai jamais évoqué des croisements avec des pré-humains.
            La différence entre les « humains en image de Dieu » est très importante d’avec tout le règne animal, même des singes les plus évolués ou des « pré-humains ».
            Pour ce qui est de la mort que Dieu aurait utilisé, on est pas sur le même registre à parler de la mort d’une plante, d’une bactérie, d’un animal ou de l’homme en ressemblance de Dieu. Le dernier ennemi est, à mon sens, « la mort affectant l’humanité ». Dans la nouvelle création la question de la mort ne se posera plus.
            Je reconnais que la solution que je propose a évidemment ses limites puisque Dieu ne nous a pas donné toute la lumière sur ce point.
            Ta solution qui balaye d’un revers de la main les dizaines ou centaines de milliers de fossiles qui attestent la présence de la mort animale bien avant Adam ne me parait pas non plus satisfaisante.
            Je pense qu’il n’y a pas contradiction entre le livre de la Nature et le Livre des livres.

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            • Encore une fois, je ne crois pas que ma solution balaie d’un revers de la main le registre fossile.
              Elle offre simplement un présupposé différent que le tien pour sa compréhension…

              Sans rentrer dans un débat linguistique, je pense qu’il faut une nouvelle fois ne pas se tromper de débat, surtout au regard de l’ensemble de la révélation biblique.
              Car il me semble bien que Paul comprend la création de l’homme depuis la poussière de la terre comme étant un fait historique (1 Cor. 15:45). Le fait même que Dieu tire la vie de la poussière est la démonstration glorieuse de sa puissance créatrice, que nulle autre puissance ne peut égaler (cf. Exode 8:13 ss.).

              Ton herméneutique se focalise sur un aspect de la définition d’un mot.
              Pour ma part je lui préfère l’analogie de la foi, sans laquelle aucune de nos églises n’aurait une telle approche évangélique des Ecritures aujourd’hui.

              Bon dimanche !
              Guillaume

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  • Bonjour,
    Merci pour cet article, mais il est dommage que vous ayez passez si peu de temps sur les passages bibliques.

    1) La notion de jour : Traduire « yom » comme une journée de 24h00 (ce qui corresponds au fait de dire « il y eut un soir et un matin » vis à vis de la notion de jour de « travail » pour les hébreux de l’exode) est une hypothèse exégétique fortement possible, et c’est d’ailleurs la traduction et la compréhension la plus adéquat dans la lecture de l’ensemble du texte. Même M. Richelle, qui ne favorise pas une telle interprétation, dit : « Dans le cas précis de Genèse 1, une telle lecture [jour comme des « périodes »] reviendrait à forcer le texte : le refrain sur le soir et le matin indique qu’il est question des journées habituelles, durant 24h00. C’est d’autant plus clair que l’ordre employé dans cette formule (soir puis matin) correspond exactement à la manière de délimiter les jours chez les hébreux, comme d’ailleurs en Mésopotamie : une journée commence au « crépuscule » (c’est pourquoi d’ailleurs les juifs pratiquants considèrent que le sabbat débute le vendredi soir) » (je donne une argumentation plus développée à : http://evangelion116.fr/creation-vs-evolution-part-2/). La question est de savoir si l’auteur en fait une utilisation allégorique, or un texte comme Exode 20 nous pousserait à dire « non ».

    2) La mort : Votre argumentation me parait insuffisante car vous ne prenez pas le temps d’étudier le terme « mort » dans le contexte. le terme « thanatos » est traduit à juste titre par le BDAG par la notion de « mort physique » en Rom 5:12ss. D. Moo et une grande partie de commentateurs soulignent que le terme « mort » ici englobe à la fois la mort physique et la mort spirituelle. Ceci est entièrement cohérent du fait que les deux forment une seule et même réalité, celle du jugement de Dieu sur le péché, la mort. Vouloir dire que la « mort » était présente avant la chute est une grave erreur exégétique, car c’est une chose de dire que les animaux et les hommes étaient « destructibles » avant la chute (ce qui est inhérent à leur statut de créature), mais c’est une autre chose que de dire que la « mort », condamnation du péché, était présente avant la chute. Il me parait totalement impossible de le prouver, autant au niveau exégétique, qu’au niveau dogmatique vis à vis de la nature de Dieu. Comment « la mort » peut rendre compte de ce que Dieu dit, lorsqu’il dit « cela est très bon ! » lorsqu’il cesse de créer. Je pense que vous faites une confusion entre les termes « destructible » et « mortalité ».
    Utiliser Éphésiens 2:1 pour dire que Rom 5:12 parle de mort « spirituelle » me parait être un « transfert illégitime de totalité », c’est une erreur de linguistique malheureusement trop souvent présente en exégèse qui se définie par le fait de vouloir utiliser l’ensemble des définitions possibles d’un mot dans tout les contextes possibles (Sylvain Romerowski a écrit un excellent livre à ce sujet). Rom 5:12ss et Eph 2:1 possèdent tout deux des contextes différents, et le cadre historico-rédemptif de Rom 5:12ss demande une compréhension de la mort qui intègre au minimum la mort physique (cf. Rom 6:3,4 …). Dans le même contexte historico-rédemptif, 1 Cor 15:21 est encore plus clair : « Car, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. ». Bref, la Bible souligne clairement que la mort ne fait pas partie d’une expérience « normale » et « créationelle » pour l’homme, mais elle est belle et bien une conséquence de la chute. Je suis aussi convaincue que la « mort » au sein du régne animal (à ne pas confondre avec le fait d’être « destructible » n’était pas présent dans le royaume animal (cf. Rom 8:20-23).

    3) Science : Si vous posez la question à des chercheurs évolutionnistes (RSE compris), il n’est pas étonnant d’avoir une réponse d’évolutionniste. Le problème de la science, c’est que beaucoup croient que la science se veut être l’exposé objectif et neutre de faits bruts : or ce n’est pas le cas !! Les présupposés des scientifiques dirigent clairement la voie interprétative qu’ils prennent. La discipline de la biologie cellulaire n’est pas une discipline semblable à celle des mathématiques ! Ayant fait un peu de Biologie cellulaire et de Biochimie dans le monde universitaires, je peux vous assurer qu’il n’est pas rare de voir des interprétation changées dans les décades qui suivent grâce à la prise en compte d’élément complexes alors inconnus ou ignorés.Dans ma discipline qu’était la génétique, je vous garantie que c’est une pure folie de croire à la notion d’évolution lorsque l’on prends en compte la complexité du génome humain et de ses processus de régulation.Certains parleront alors d’évolution dirigée…mais ils commettent une fois de plus l’erreur d’écarter la notion d’acte « créationnel » qui lui ne peut pas être observable par les systèmes expérimentaux soumis aux lois physiques post-créationelles, puisque ces memes lois en sont la résultante !

    Je pense que Jean Paul Dunand (http://larevuereformee.net/auteur/dunand-jean-paul) a donnée une excellentissime réponse contre les hypothèses évolutionnistes et je ne peux que vivement vous conseiller de les lire !!

    Que Dieu vous bénisse,

    Dan S.

    sola scrptura !

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  • …L’argument sur la présence de la mort en Eden est un argument capital, et qui nécessite un plus grand approfondissement théologique et exegétique. La Parole de Dieu souligne sans ambiguité que la mort physique pour l’homme n’était pas la réalité de son expérience avant la chute. Je donne quelques arguments ici : http://evangelion116.fr/mort-ingredient-originel-creation/.

    Fraternellement,
    Daniel S.

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    • Bonsoir Daniel,
      Merci de votre réponse et aussi de votre lecture attentive de mon article.
      Les débats avec Guillaume m’ont déjà pris pas mal de temps et je n’ai malheureusement pas le temps actuellement de me relancer dans un vrai débat avec vous, même si je vois que votre argumentation est beaucoup plus soutenue.
      Vous aurez peut-être quelques éléments supplémentaires dans ma dernière intervention.
      Juste quelques survols de réponses néanmoins.
      1) Pour le mot « jour », je veux simplement montrer que puisque le dernier jour n’est pas décrit avec un soir et un matin, cela peut donner un indice que le narrateur utilise des procédés littéraires et métaphoriques. Je rejoins d’ailleurs sur de nombreux points Matthieu Richelle.
      2) Sur la mort, je rappelle ce que j’ai écrit :
      « La mort correspond plutôt à l’avertissement divin : « Le jour où tu mangeras de cet arbre tu mourras certainement » (v. 17), la suite montre qu’il s’agit d’abord de la mort spirituelle, celle du rejet du jardin d’Eden, loin de la présence de Dieu, même si la mort physique humaine suivra plus tard ».
      En Gen 2-3 la mort est d’abord « spirituelle » puisque ni Adam ni Eve meure après leur péché, mais cette mort aboutit à la mort physique.
      Je rejoins donc votre lecture de Ro 5 et 1 Co 15, par contre je ne pense qu’on puisse déduire de Ro 8 que la mort animale était absente avant la chute.
      3) Vous insinuez que la génétique récuse totalement l’évolution. Je ne suis pas un spécialiste de génétique. Mais lorsque je lis par exemple Francis Collins, probablement l’un des plus grands spécialistes de génétique humaine et de surcroît, évangélique, la génétique, pour lui, démontre sans ambiguïté l’évolution (The Language of God).
      Il faut faire attention de ne pas reproduire le procès de Galilée. Exégétiquement et théologiquement, la hiérarchie catholique avait raison (d’une certaine façon, au moins) de s’opposer à Galilée à cause des textes bibliques qui parlent de la fermeté de la terre ou du soleil qui se lève. Mais ils ont donné à la Bible un but qu’elle n’avait pas, il ne s’agit pas d’un livre de « sciences biologiques ou astronomiques » (même si je crois en sa pleine inspiration). A cause de cette confusion, ils ont condamné, à tord, les évidences de Copernic et de Galilée. Je pense qu’aujourd’hui, balayer du revers de la main les quantité de fossiles qui attestent la mort avant Adam serait une imprudence du même ordre que l’Eglise catholique avec Galilée.

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  • Il n’est plus possible aujourd’hui de continuer à croire que la création s’est déroulée conformément au scénario décrit dans la Genèse. Un minimum de bon sens nous oblige à tenir compte des acquis de la science, en particulier d’admettre que Dieu n’a pas créé de manière distincte les diverses « espèces » vivantes (quel que soit le sens que l’on donne au mot espèce), mais qu’il les a suscitées au moyen d’un processus évolutif. Un minimum de bons sens herméneutique, mais aussi apologétique. Comment espérer être écouté des incroyants, si nous maintenons la foi historique de l’Eglise sur ce sujet ?

    Mais alors, est-il encore raisonnable de croire, et de maintenir en cas de besoin devant les incroyants, d’autres choses tout aussi incroyables pour un esprit moderne ? Des choses telles que le soleil s’arrêtant au milieu du ciel presque tout un jour du temps de Josué ? Ou Jonas passant trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, et en ressortant indemne ? Ou Jésus changeant instantanément de l’eau (matière minérale) en vin (matière organique), et en plus en un vin qui devait avoir une certaine « apparence d’âge » ? Ou, dans le même ordre d’idées changeant en un instant cinq pains et deux poissons en une nourriture suffisante pour nourrir des milliers de personnes ? Ou encore faisant sortir vivant du sépulcre un cadavre qui sentait déjà, l’homme étant mort depuis quatre jours ? Ou, plus fort que tout, sortant lui-même vivant du tombeau après trois jours et trois nuits ?

    Ma question est : sur quelle base, à partir de quels critères circonscrire le « bon sens » herméneutique et apologétique en question aux seuls premiers chapitres de la Genèse ? Si l’on veut être au diapason avec la sagesse de notre temps, n’y a-t-il pas là une inconséquence que le monde lui-même aura du mal à comprendre ?

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  • Merci Alain pour ta question très pertinente.
    Je pense avoir donné des éléments de réponses dans l’ensemble des articles et réponses.
    Pour faire court, il y a des récits qui sont écrits dans un style plutôt historique et narratif. Pour ma part, j’ai la conviction qu’il faut les prendre littéralement. Dieu nous est constamment présenté comme le Dieu des miracles.
    Par contre, je pense que Genèse, chapitre 1-3 notamment, utilise un style mêlant la métaphore et l’histoire, comme par exemple Ez 16.
    Je ne crois pas que nous devions chercher à être au diapason avec la sagesse du monde. Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? (1 Co 1-2), mais plutôt à comprendre le plus justement et honnêtement possible le sens de la parole de Dieu sans aller au-delà de ce qui est écrit.

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