Vous avez dit… évolution? (1/2)

Pinsons de Darwin - Galapagos Crédits Photo: alainbidart.fr
Pinsons de Darwin – Galapagos
Crédits Photo: alainbidart.fr

Mercredi, j’ai annoncé que la semaine prochaine, nous allions publier un battle théo sur la compatibilité (ou non) entre la Bible et la théorie de l’évolution. Suite à cette annonce, Matthieu a commenté en posant la question suivante : « Et y aura-t-il quelqu’un pour présenter la théorie de l’évolution, vu qu’en général elle est très mal connue du grand public ? Car encore aujourd’hui, [elle est] souvent mal enseignée, et du coup très mal présentée (faits et modèles)… Autant savoir de quoi il est question et le pourquoi de ce modèle. »

Je lui ai répondu que le débat allait plus être axé sur l’interprétation de la Bible que sur la théorie en elle-même. Mais je suis d’accord avec Matthieu pour dire qu’un débat sur la compatibilité entre la Bible et la théorie de l’évolution gagnerait à être précédé d’une introduction sommaire à ce qu’est cette théorie (et ce qu’elle n’est pas). D’autant plus que nous, évangéliques, sommes particulièrement bons pour dire toutes sortes de choses infondées sur cette théorie. Je lui ai donc proposé d’écrire deux petits articles, qui seront publiées ce WE avant le battle qui commence lundi.

Et avant que certains commentateurs passionnés éventuels s’enflamment, je tiens à noter que le but de Matthieu n’est pas de défendre la théorie de l’évolution, mais simplement de l’expliquer. Alors relax les amis :).

Donc je laisse sans plus tarder la parole à Matthieu, 22 ans, étudiant en train de préparer l’agrégation de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre).

On présentera d’abord le modèle darwinien en bref, puis comment il permet de comprendre les données paléontologiques et comment les connaissances post-darwiniennes se sont intégrées dans ce modèle ; on poursuivra en évoquant quelques écueils à la compréhension de cette théorie scientifique. Un deuxième article fera un bref rappel des figures scientifiques associées à cette théorie et présentera les difficultés de sa transmission ainsi que quelques expériences testant sa validité. Étant limité en nombre de mots, je m’affranchis de très nombreux arguments et de très nombreuses subtilités, je vous prie de m’en excuser ; je suis prêt à compléter par commentaires si je ne suis pas clair :)

Deux termes :

« Évolution » : Parmi plusieurs sens possibles, on prendra ici : soit « processus par lequel les espèces se transforment », soit « théorie générale de la biologie et de la paléontologie telle qu’elle a été initiée par Darwin ».

« Espèce » : Dans la nature, il n’y a pas d’espèces, mais des populations. C’est un terme que l’homme utilise par commodité. Dans la nature, il y a des barrières d’interfécondité, plus ou moins strictes. On dira donc que deux individus sont de la même espèce si leur descendance est féconde.

Réflexion menant à cette théorie :

1. On observe de la variation dans la nature au sein des espèces au cours du temps : taille, forme, fonctionnement cellulaire, survie, comportements, reproduction = capacité naturelle des espèces à varier. (Surtout par mutation.)

2. L’homme peut sélectionner, croiser ou modifier certains caractères d’individus menant à des populations très différentes (domestication, expériences de laboratoire) = capacité des individus à être sélectionnés.

=> Cette sélection arrive-t-elle dans la nature ?

3. On observe la capacité des espèces à aller au surpeuplement (les fameux lapins qui bouffent l’Australie !).

4. Pourtant, sans déséquilibre majeur (induit par des facteurs biotiques ou abiotiques), on observe des équilibres.

=> Il y a donc des contraintes qui s’exercent sur les populations : ce sont les autres individus (par compétition pour la nourriture et l’espace) et les facteurs environnementaux. Ces contraintes sont donc des agents de pression négative = agents de la ‘sélection naturelle’.

Exemple illustrant la sélection naturelle, les ‘Pinsons de Darwin’ :

Dans les îles Galápagos en 1977-1978, il y a une grande sécheresse. Du coup, les arbres font moins de graines et les pinsons, l’année suivante, ont besoin de manger même les graines normalement délaissées, les plus dures : les pinsons à grand bec sont donc avantagés. La mortalité est plus élevée chez les « petits becs » et on observe une augmentation de la taille moyenne des becs significative. C’est un caractère héritable, codé par des gènes ; donc l’année suivante les nouveaux petits avaient aussi un plus grand bec, en moyenne.

Données faisant penser à une origine commune des espèces :

1. Les fossiles montrent que les espèces actuelles n’étaient pas présentes avant et que les espèces d’alors étaient différentes de celles d’aujourd’hui. La présence de « crises biologiques » et de re-diversification des espèces est bien expliquée par l’évolution.

2. On observe de nombreuses continuités de formes suggérant des transitions graduelles.

3. L’ensemble des découvertes du XXe siècle appuient une origine commune : code génétique commun aux êtres vivants, comparaison de séquences de gènes entre espèces proches…

Lorsqu’on voit deux humains qui se ressemblent, on a l’intuition qu’ils sont plus apparentés que des individus dissemblables, cela nous semble logique ; sans être une preuve formelle, le réseau de faits accumulés a mené à ce cadre pour le comprendre : la Théorie synthétique de l’évolution (son petit nom aujourd’hui) dit que « les individus actuels partagent tous, de manière plus ou moins lointaine, un ancêtre commun. Les espèces évoluent par apparition de caractères sélectionnés ou accumulés et apparition de barrières de reproduction ».

Écueils à la compréhension :

1. L’évolution joue à une échelle de temps difficile à appréhender … mais pas seulement (cf. 2ème article).

2. Les preuves sont historiques avant d’être expérimentales (mais pas seulement !, cf. 2ème article) ; ça ne rend pas la théorie moins crédible (personne ne dit qu’il faut de la foi pour croire à la bataille d’Austerlitz !).

3. Seules 5% des séquences codantes concernent la forme des individus : l’évolution n’est pas qu’au niveau de la forme visible des individus !

À demain pour la suite ! …

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2 Commentaires

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  • Les pinsons de Darwin

    Une partie de son œuvre consistât à l’observation des animaux vivants. Notamment les célèbres pinsons (13 espèces) résident sur les îles Galápagos qui à cause des variances de la taille de leurs becs, ont été considérées plus tard (non par Darwin) comme une preuve de l’évolution par la sélection naturelle quoique ce ne sont pas des synonymes. Ce que les évolutionnistes ne vous disent pas. La procédure usuelle pour différencier les espèces de vertébrés dont font partie les oiseaux n’est pas la forme de leur bec, mais leur système de reproduction. Dans le cas des supposées 13 espèces de pinsons des îles Galápagos, les évolutionnistes ont modifié les règles en faveur de leur théorie. S’ils avaient respectés la méthode usuelle de différencier les espèces, il n’y aurait pas eu 13 espèces de pinsons. Tous ces pinsons se reproduisent entre eux et produisent des « hybrides » viables. Aussi, des spécialistes sont d’avis qu’il s’agit en réalité d’une seule et même espèce. La différence de formes de becs se trouve simplement inscrite dans leurs gènes.

    On a observé le volume du bec de certains pinsons avait changés en période de sécheresse. Ils étaient mieux capables de se nourrir des graines enveloppées dans une coquille très résistante qui avaient elles-mêmes mieux survécu à la sécheresse. Ce n’est pas un phénomène unique, on le trouve chez d’autres oiseaux. Cela n’explique pas l’origine des espèces par la sélection naturelle, ces formes étaient potentiellement présentes dans la population originale, il n’y a pas de nouvelle information génétique. Ces changements sont aussi réversibles après la sécheresse, aucune évolution n’a eu lieu. Il y a une diversité préexistante dans le monde vivant (ex races de chiens).

    Les lions en période extrême de famine perdent leur crinière, mais la retrouvent en temps favorable. Même le métabolisme des humains change en période de famine, puis revient à la case départ quand il y a assez de nourriture. Une partie de la population survit mieux, chacun réagit différemment aux médicaments, mais ce sont tous des humains. Certains chats ont des goûts variés en nourriture, d’autres sont très sélectifs. Il ce peu qu’en période de pression extrême que ces derniers auront moins de chances de survit, mais ce sont toujours des chats qui possèdent le même caractère génétique.

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  • « 3. L’ensemble des découvertes du XXe siècle appuient une origine commune : code génétique commun aux êtres vivants, comparaison de séquences de gènes entre espèces proches… »

    « Appuient » je trouve ça déjà très orienté comme terme, les contre-évolutionnistes peuvent en dire de même pour les découvertes du XXe.

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