1300 km pour les intouchables – Témoignage et bilan

Crédits image : 1300km.org
Crédits image : 1300km.org

Post de Guénaëlle C., 22 ans, psychomotricienne (= je joue avec des enfants à longueur de journée, pour leur permettre de se construire !)

« Tu veux faire un tour de vélo avec moi ?

– Oui, bien sûr ! Avec plaisir !

– Alors prépare-toi, on part pour 1300 km !

– Hein ??? Qu’est-ce que tu me dis ?!! »

C’est à peu près comme ça que l’aventure a commencé pour moi. 1300 km, qu’est-ce que c’est ? Une formidable aventure à vélo pour parler des Dalits.

Prenez deux gars, mettez-les pendant plus de deux ans sur un bateau, apprenez-leur qu’aimer c’est aussi servir les autres. Retrouvez-les à leur retour : ils ont envie de sentir la terre ferme sous leurs pieds. Ou plutôt… sous leurs roues !

– Tiens Ruben, ça te dit pas de faire un bike-trip en rentrant du bateau ?

– Si, à fond !!

Seulement, comment se contenter de rouler pour le plaisir alors que pendant deux ans ils étaient au service des autres et faisaient les choses pour les autres ? Jérémie parrainait un enfant indien, le dernier port de Ruben était l’Inde et les personnes qu’il y avait rencontrées l’avaient touché… Pourquoi ne pas monter un projet en leur faveur ?

Mélangez toutes ces envies, ces réflexions. Vous obtenez un défi : 1300km pour les intouchables, édition 2011. L’objectif ? Parler de 170 millions d’êtres humains (2,5 fois la France quand même) qui vivent (ou survivent) alors que d’autres leur crachent dessus, les piétinent. D’ailleurs, c’est bien ce que veut dire leur surnom sanscrit : opprimés, écrasés sous la chaussure. C’est la signification de Dalit. Pourquoi sont-ils tyrannisés de la sorte ? Parce qu’ils ont eu le culot de naître dans une famille qui n’appartient pas à l’une des quatre grandes castes qui régissent le système social en Inde ! Un exemple pour résumer un peu la situation : tu es sûdra, serviteur, tu appartiens donc à la plus basse des castes. Tu dois un immense respect et bien d’autres choses aux castes supérieures. Mais même toi, le plus petit des petits, tu deviens impur si tu touches l’ombre d’un Dalit. D’où le surnom que l’on entend plus fréquemment en Europe : intouchable.

Ok, nous sommes en 2013 et à l’heure où je parle, cela fait 66 ans que le système de castes est légalement aboli. Il y a donc des lois qui existent en faveur des Dalits, des quotas à respecter à l’embauche par exemple. Mais comment se libérer du poids des traditions et des préjugés ? Cela fait tout de même 3 000 ans qu’ils existent ! Et comment entrer dans une entreprise où une place t’attend si tu n’as pas les compétences ou la formation pour ? Et puis au fait, vous connaissiez ces indiens avant que je vous en parle ? Si vous répondez non, ne vous inquiétez pas : vous faites partie des 90 % des personnes que nous avons rencontrées (et dont nous faisions partie) !

Face à ces différents constats, un projet a pris forme : parler des intouchables, récolter des fonds pour contribuer au financement d’une école dans un village dalit au sud-ouest de l’Inde, le tout en pédalant. C’était l’objectif de nos deux cyclistes en 2011.

Les objectifs, en 2013, étaient similaires. L’école étant construite, nous avons pédalé pour financer la scolarité entière de Poul et Neha. Cette fois, c’est 10 bonshommes oranges qui ont pédalé sur les routes de France, de Belgique et de Suisse du 4 au 17 août. Mais pourquoi partir faire du vélo avec un t-shirt orange, alors que le orange attire les moucherons (c’est une idée reçue : je n’ai attiré que les papillons) ?! Pour le défi sportif ! Pour les rencontres ! Pour les échanges ! Parce que les descentes, y a que ça de vrai ! Parce que les paysages sont beaux ! Mais outre tout ça, et je le crois fermement, parce que Dieu voulait se servir de ce projet pour travailler nos cœurs et nous apprendre à aimer toujours plus.

Qu’avons-nous appris de ce voyage ? Améline nous livre ici ses impressions :

« Une des choses que je retiens de ce périple (car j’en retire beaucoup!), c’est qu’en groupe tout devient possible !! Je ne pensais pas être capable de rouler 1300km, mais avec un groupe aussi solidaire et encourageant, on y est tous arrivé. Finalement, l’aspiration en vélo, je l’ai vécue au sens littéral aussi bien que figuré : c’est si motivant d’avancer ensemble vers un but commun ! J’ai appris à placer l’intérêt du groupe avant mes intérêts personnels, et j’ai expérimenté la force des encouragements et de l’entraide qui soude un groupe.  Je confirme, Tout seul on va plus vite ; ensemble on va plus loin! »

J’étais de la partie pour… relever un défi sportif de fou (je ne suis pas fan de vélo à la base) et le faire pour que ce soit utile à quelque chose, pour essayer d’aimer à ma manière ces gens qui souffrent et que je ne connaissais pas. Plusieurs choses m’ont impressionnée pendant le parcours… Parmi elles : le courage de ceux que l’on appelle encore intouchables, la motivation et l’engagement des responsables dans le pays pour faire bouger les choses malgré les attaques qu’ils subissent. Mais par-dessus tout, ce qui me reste en tête encore aujourd’hui : je ne suis pas le sauveur du monde, ce n’est pas avec mon argent que je vais tout changer, non. Seul Dieu peut réellement changer la donne. Comme le disait une des responsables de l’école : « More than money, we need prayers ». C’est ce que Dieu m’a montré pendant ce périple : sans le carburant qu’est la prière, nous pédalons dans le vent.

Pour plus d’infos, rendez-vous sur www.1300km.org !

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Guénaëlle C.

Guénaëlle, 22 ans, est psychomotricienne. En fait, elle joue avec des enfants à longueur de journée, pour leur permettre de se construire !

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