Le christianisme, tout simplement.

Crédits Photo : populartourisms.com
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Article de Neige, 18 ans, étudiante en prépa lettre à Nancy.

Ouvre un dictionnaire au mot « christianisme ». Ou la page Wikipédia.

Tu vas d’abord trouver un résumé de la doctrine chrétienne puis, quasiment tout de suite, le fait que les chrétiens se sont divisés entre Orthodoxes, Catholiques romains, Protestants, eux-mêmes divisés en Anglicans, Luthériens, Presbytériens, Méthodistes, Baptistes, Anabaptistes, Quakers … même les Mormons et les Témoins de Jéhovah, et j’en oublie certainement (comme le dico d’ailleurs !)

Et si tu parles avec des chrétiens, si tu visites des sites chrétiens, si tu lis des livres écrits par des chrétiens, tu pourras constater que chacun se réclame quelque part d’une de ces branches et consacre une partie – si ce n’est l’intégralité – de ses arguments en faveur du christianisme à exposer en long et en large pourquoi telle ou telle Église est celle à laquelle il faut adhérer. Et quand ce n’est pas le cas, c’est pour se déclarer « chrétien tout court », sans Église.

Et tout cela finit par occulter le principal, le fondement de la foi chrétienne, qui est contenu dans ce seul mot : CHRIST.

C.S. Lewis (eh oui, toujours lui !) évite ces écueils dans son ouvrage d’apologétique (un mot long et compliqué pour désigner, toujours selon mon cher dico, un discours destiné à défendre un point de vue, spécialement religieux) intitulé Les fondements du Christianisme.

En anglais, Mere Christianity signifie littéralement le « christianisme simple » ou « pur » : comme il le dit très clairement en préface, le but de Lewis n’est pas de faire entrer le lecteur dans l’Église anglicane à laquelle il appartenait ni dans aucune autre Église particulière, mais de résumer ce qui est pour lui l’essentiel de la foi chrétienne (c’est-à-dire « qui est issu de la prédication du Christ », merci Larousse).

Il ne veut pas pour autant créer un nouveau christianisme qui serait plus pur ou plus proche de l’Évangile, que chacun pourrait suivre « à la carte », mais comme il l’explique lui-même, entrer dans une Église est nécessaire. Son but à lui est de conduire ses lecteurs (ou auditeurs puisqu’il s’agit d’enregistrements diffusés sur la BBC en 1943), qui se situent au début de l’aventure de la foi, au Christ. Ensuite, à eux de choisir ! Comme il le dit lui-même :

C’est plutôt comme un hall dont les portes s’ouvrent sur différentes pièces. Si j’arrive à amener quelqu’un dans ce hall, j’aurais atteint mon objectif. Mais c’est dans les pièces et non dans le hall qu’on trouve un feu, des chaises et de la nourriture. Le hall est un lieu fait pour attendre et essayer les différentes portes, pas pour y vivre. Pour cela, la pire des pièces (quelle qu’elle puisse être) est préférable, je crois. […] Et surtout, vous devez vous demander laquelle de ces portes est la bonne, pas celle qui vous plaît le plus par sa peinture ou ses boiseries.

Quand on entre dans ce hall, on est soumis aux « règles de la maison commune », celles qui s’appliquent dans toutes les pièces ; et c’est ce règlement, c’est-à-dire la vision chrétienne du monde ainsi que ce qu’il faut y faire, que C.S. Lewis expose, thème par thème dans ce livre. D’abord, ce qui le mène à croire que le monde a une signification, puis ce que les chrétiens croient, comment ils agissent et finalement comment les relations entre les êtres sont fondées sur le modèle de la Trinité.

Tout au long du livre, Lewis mélange avec brio des réflexions sur les débats philosophiques de son époque avec des situations concrètes de la vie quotidienne, un humour très british avec une logique redoutable et un style fluide très éloigné de ce à quoi les non-croyants s’attendent de la part d’un apologète : un sermon incompréhensible et soporifique ou « la version du christianisme adaptée à un enfant de six ans […] dont ils font l’objet de leur attaques ».

Un agnostique en recherche tout comme un chrétien de n’importe quelle Église le lira avec profit, car un regard décalé sur la foi et la morale permet de prendre du recul – et de trouver de bons arguments pour évangéliser, illustrés par des exemples parfois drôles. (En plus, les chapitres sont courts et souvent indépendants, donc pas de panique pour les allergiques à la lecture !)

Rébellutionnaires, je ne peux pas résister à l’envie de citer un extrait tiré du chapitre intitulé Le christianisme est-il facile ou difficile ?

Quand [Dieu] dit « Soyez parfaits », c’est vraiment ce qu’il veut dire. Il veut dire que nous devons passer par le traitement complet. C’est difficile, mais la sorte de compromis après lequel nous soupirons est plus difficile – en fait c’est impossible. Ça peut être difficile pour un œuf de se changer en oiseau : c’est carrément plus difficile pour lui de voler en restant un œuf. Nous sommes comme des œufs à présent. Et on ne peut pas rester indéfiniment un œuf ordinaire et respectable. Nous devons éclore ou pourrir.

De la même auteure Les contes de fées sont dangereux…

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Neige

Neige, 18 ans, est étudiante en prépa lettre à Nancy.

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1 Commentaire

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  • Article génial!

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