Maturité et situations extrêmes

Crédit photo : flickr.com / a.dombrowski’s

Dans la Bible, le terme « maturité » se réfère au mot grec « teleios » qui se traduit généralement par les expressions :  adulte, accompli, parfait, homme fait.

Ce que la maturité n’est pas

On est souvent tenté de penser qu’un chrétien passionné de Dieu, qui connaît beaucoup de versets et qui prie bien, est de facto spirituellement mûr. Pas nécessairement. La maturité ne se limite pas seulement à des connaissances bibliques, ou au fait d’être un super rébellutionnaire (même si tout cela y contribue). Pierre en est l’exemple par excellence. Il était zélé, il était le premier à suivre Jésus partout, le premier à répondre à toutes ses questions. C’était lui qui a eu en premier la révélation que Jésus était le Fils de Dieu, et c’est encore lui qui a assisté à la transfiguration. C’est lui qui a vécu des expériences miraculeuses avec Jésus, en allant jusqu’à marcher sur les eaux. Pierre était un gars bien, franchement. Mais pourtant il était immature (avant la résurrection). Lorsque l’épreuve s’est annoncée, il a flanché, il a renié Jésus. Pierre manquait de consistance. Il savait porter du fruit lorsque tout allait bien, mais quand vint le danger, son courage et sa fougue disparurent.

L’image de l’arbre

Lorsqu’on parcourt la Bible, on constate que Jésus se servait souvent de l’image de l’arbre pour enseigner. Dans Luc 21:29,  Jésus utilise l’image du figuier pour enseigner ses disciples sur comment discerner la fin des temps. Dans Mat 7:18, il compare également le chrétien à un arbre en précisant qu’un bon arbre ne peut pas porter du mauvais fruit. Pourquoi mentionner cela ? Tout simplement parce que l’image de l’arbre est particulièrement édifiante lorsque l’on parle de maturité. Elle illustre la relation entre la maturité et le fait de « porter du fruit ». En effet, c’est lorsqu’un arbre grandit et  devient mûr qu’il peut produire du bon fruit. De même, un chrétien mûr se distingue par sa capacité à produire du bon fruit. (En parlant de fruit ici, je pense essentiellement au fruit de l’Esprit, à notre attitude.) Néanmoins, la maturité chrétienne ne consiste pas seulement à porter du fruit, mais à être capable de porter ce fruit en toutes saisons.

« Béni soit l’homme qui se confie en l’Éternel et place sa confiance en l’Éternel. Il sera comme un arbre planté près d’un cours d’eau qui étend ses racines vers le ruisseau, il ne redoute rien lorsque vient la chaleur: ses feuilles restent vertes; il ne s’inquiète pas pendant l’année de sécheresse, et il ne cesse pas de produire du fruit « Jér 17:7-8  

L’attitude dans les situations extrêmes révèle la maturité

Au lycée, en maths, on a appris l’étude de fonctions. Pour déterminer le comportement global d’une fonction, il fallait tout d’abord étudier son comportement aux limites et aux extrémums. Ensuite, il était plus facile de tracer sa courbe et d’en déduire son comportement général. Il en est de même pour le chrétien. Un bon indicateur pour évaluer sa maturité consiste à observer son attitude dans des situations extrêmes : abondance et facilité, comme épreuves et difficultés. Jésus dit (au jeune homme riche): Si tu veux être parfait (teleios, mûr), va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi.” Matthieu 19:21. Par là Jésus nous enseigne que pour être mûr, il faut  être capable de démontrer sa fidélité à Dieu, même dans les situations d’extrême pauvreté financière.

Des questions pour évaluer sa maturité

Et moi, quelle serait mon attitude, si jamais ma situation financière se dégradait encore et encore, au point de ne plus pouvoir me nourrir ou payer mon loyer ? Comment réagirais-je si je me retrouvais à la rue ? Garderais-je, comme Job, la même intégrité ?

Quelle serait mon attitude, si à l’autre extrême, je devenais immensément riche, comptant des millions d’euros sur mon compte ? Ma consécration et ma soumission à Dieu iraient-elles decrescendo ? Ou garderais-je cette attitude de détachement vis-à-vis de l’argent qui me poussera à dire : « Seigneur, je ne suis qu’’administrateur de tes biens. Montre-moi comment utiliser chaque centime d’euro que tu me donnes pour ta gloire » ?

Quelle est mon attitude face au stress, dans les situations de forte pression au boulot, ou dans mes études ? Est-ce que je parviens à rester calme ? Ou est-ce que j’ai tendance à m’énerver, à m’agiter, à m’emporter ? Comment est-ce que je réagis lorsqu’on abuse de ma patience, lorsqu’on se moque de moi, ou encore lorsqu’on dit du mal de moi injustement ?

Quelle est mon attitude face à la persécution à cause de l’Évangile ? Si un soir, en me promenant, un individu cagoulé se jette violemment sur moi, brandit son couteau, et menace de me percer la gorge si je ne renie pas Jésus immédiatement ? Cèderais-je lâchement à cette petite voix malicieuse murmurant : « Ne sois pas bête, tu ne vas pas mourir comme ça, renie-le, il te pardonnera … » ? Ou lui resterais-je fidèle jusqu’au bout ? À l’opposé, quel est mon comportement lorsque tout va pour le mieux, et que ma foi n’est pas éprouvée ? Est-ce que je tombe dans la torpeur et la léthargie ?

L’importance d’évaluer sa maturité

Il est important de se poser de telles questions en vue d’évaluer sa maturité. Cela nous aide à voir un peu plus nos lacunes, le fossé qu’il y a entre ce que nous sommes aujourd’hui, et ce à quoi Dieu veut que nous arrivions. Nous en ressortons plus humbles, réalisant qu’il y a encore du chemin à faire, mais aussi encouragés à nous attacher encore plus au Seigneur. Pierre ne se doutait pas de son immaturité. Quelques heures avant que Jésus ne soit livré, il jurait encore qu’il ne le renierait jamais… Oui, il est bon de jauger notre maturité et d’y travailler, bien avant que l’épreuve ou l’abondance ne survienne. Ma prière, c’est que le Seigneur nous révèle où nous en sommes réellement dans cette marche inexorable vers la perfection. Puissions-nous nous confier en lui, afin qu’il nous forge et nous enracine. Qu’il nous amène à l’état d’hommes et de femmes faits à l’image de Christ, afin que nous puissions produire du bon fruit, et ce indépendamment des circonstances. C’est ainsi qu’il en sera honoré, réjoui et glorifié.

« Si vous portez beaucoup de fruit,  c’est ainsi que mon père sera glorifié, et que vous serez mes disciples. » Jean 15. 8

Digiqole ad
Avatar

JB A

25 ans, Rébellutionnaire, ingénieur en systèmes d'information à Paris, et leader de groupe de jeunes à l'église Phila

Voir tous ses articles →

Tu devrais aussi aimer...

7 Commentaires

    Avatar
  • Merci JB ! Ton article me fait penser à quelques versets lus en début de semaine : Colossiens 1:9-11
    La question que tu poses qui me touche le plus est :  » Comment est-ce que je réagis lorsqu’on abuse de ma patience, lorsqu’on se moque de moi, ou encore lorsqu’on dit du mal de moi injustement? »
    Dur, lorsqu’on est dans notre droit, dans notre justice, de ne pas réagir ou ne de pas s’irriter (même intérieurement). Seulement la parole nous dit : « considérez les autres comme supérieurs à vous même et que chacun regarde non à ses propres intérêts, mais que chacun pense à celui des autres » (Phil 2:3-4)
    Jésus lui même, le seul être parfait ayant foulé cette terre n’a pas regardé à ses intérêts et à abandonner sa propre justice pour que nous puissions être sauvés. Sommes nous prêts nous aussi à abandonner notre justice, même quand nous avons raison ? même quand les autres abusent de notre patience ?
    Personnellement, je sais que je galère encore beaucoup avec ça ^^
    Mais Paul nous exhorte continuellement à marcher de progrès en progrès. Alors laissons le champ libre dans nos vies à Dieu pour nous former encore et encore, à son Image.

    PS : une petite faute d’accord, fin du paragraphe « des questions pour évaluer sa maturité », avant dernière ligne, c’est « quel » au singulier ;)

      Avatar
    • C’est corrigé ! ;)

  • Avatar
  •  » Si un soir, en me promenant, un individu cagoulé se jette violemment sur moi, brandit son couteau, et menace de me percer la gorge si je ne renie pas Jésus immédiatement. Cèderai-je lâchement à cette petite voix malicieuse murmurant : « Ne sois pas bête, tu ne vas pas mourir comme ça renies-le, il te pardonnera … » ? Ou lui resterai-je fidèle jusqu’au bout ?  »

    Ca c’est vraiment la  » situation extrême  » . Ne me demande pas quelle sera ma réaction face à cette épreuve parce que j’ai encore un long chemin à faire pour prétendre être mature. Mais je pense quand même que l’amour du prochain est la preuve même de la maturité d’un chrétien. Exemple : « Voici comment nous savons ce que c’est que d’aimer: Jésus-Christ a donné sa vie pour nous. Nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères. Si un homme riche voit
    son frère dans le besoin et lui ferme son coeur, l’amour de Dieu ne peut être présent en lui. Mes enfants, que notre amour ne se limite pas à des discours et à de belles paroles, mais qu’il se traduise par des actes accomplis dans la vérité. » (1 Jean 3. 16 à 18). C’est cet amour là que nous devons répandre autour de nous. Tout est dit là dedans.

      Avatar
    • C’est en effet une situation extrême. J’ai déjà eu l’occasion d’aller à plusieurs reprises dans des pays où les chrétiens sont persécutés pour introduire des bibles ou tout simplement évangéliser. Pour autant, je n’ai eu qu’un mince aperçu de ce que peut-être la persécution au quotidien.
      Est ce que je peux dire pour autant que si un homme s’introduit dans mon appartement dans les 5 minutes et me menace; « je suis près à mourir pour toi Jésus ! » ? C’est une bonne question.
      Mais je ne suis pas sûr que ce soit là vraiment le débat. Nous sommes aujourd’hui en France dans un contexte différent de celui de la persécution. Le défi se situe plus sur le terrain du compromis. Les chrétiens persécutés n’ont pas le choix d’être radical dans leur foi, sinon ils ne sont pas chrétiens. Or, dans notre sociétés et dans nos églises, on nous fait peut être croire qu’il est possible de ne pas être chrétien à 200%. Le « chemin du milieu », entre le chemin étroit et la route large comme dit Francis CHAN. Mais ce chemin n’existe pas ! Le premier pas dans la maturité est de le comprendre. Ensuite, il s’agit de marcher de progrès en progrès, et de le laisser faire son oeuvre en nous. Et si un jour, à cause de notre engagement radical et de notre maturité spirituelle, la persécution surgit, rappellons nous cette parole de Charles SPURGEON : « Aussi surement que Dieu place ses enfants au milieu de la fournaise de l’affliction, Il sera avec eux au milieu d’elle. »
      Dieu lui même nous donnera la force de ne pas l’abandonner.
      Mais d’ici là, efforçons nous de faire face aux défis du quotidien !

  • Avatar
  • C’est un article qui me parle directement car ceux sont des questions que je me pose actuellement. Merci beaucoup pour cet article. Merci de m’aider à évaluer mon niveau de maturité.

  • Avatar
  • La remise en question est elle-même un signe de progrès vers la maturité. Il est par conséquent très utile de faire régulièrement un « bilan », en demandant au Saint-Esprit de mettre en lumière les aspect à de notre vie à améliorer.
    Amen ! Merci pour l’article.

  • Avatar
  • Seigneur aide moi. Je me rends bien compte au quotidien de mon manque de maturité, le stress dans mes études, à la fac avec les amis, au boulot… C’est vraiment pas inné. Just help me. Amen

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *