Pourquoi un Jeune Chrétien Doit Savoir ce qu’il Croit

Ce post est le premier dans une série d’articles, proposés par Alain Nisus, professeur de théologie systématique à la Faculté Libre de Théologie Evangélique de Vaux-sur-Seine, suite à la publication de son livre : « Pour une Foi Réfléchie – Théologie Pour Tous« 

Récemment, j’ai rencontré un de mes anciens camarades de classe (nous avons étudié de la première à la terminale ensemble). Il est devenu ingénieur-physicien. Quand je lui ai dit que j’étais devenu pasteur, il était un peu étonné, mais m’a dit que c’était très bien, car « il faut absolument croire à quelque chose, peu importe quoi ! ». En effet, la foi permet de réenchanter un monde devenu trop rationaliste, trop technique et donc quelque peu desséchant. Croire en quelque chose aide à vivre, permet d’échapper à la routine de la vie, permet de s’évader, de rêver, d’alimenter l’imaginaire religieux, etc. Mon ami se désolait du fait que trop peu d’enfants croient au père Noël.

La réaction de cet ami traduit bien le climat intellectuel et spirituel de notre époque. En effet, si quelques-uns, encore rationalistes, rejettent d’un revers de main les croyances religieuses considérées comme des « résidus de superstitions », d’autres réalisent bien que la foi est une dimension importante de l’être humain, mais relativisent le contenu des croyances : l’important, c’est de croire (ou de s’accrocher) à quelque chose, peu importe quoi.

Et pourtant, en ce qui concerne la foi chrétienne, croire réellement, authentiquement, ce n’est pas croire n’importe quoi. La foi a un contenu précis que les chrétiens ont tenté de résumer dans des « confessions de foi » et développer dans des « catéchismes ».

Les chrétiens distinguent généralement entre la foi « subjective » et la foi « objective ».

La foi subjective, c’est l’acte de confiance par lequel on s’abandonne à Dieu pour son salut et pour sa vie entière. Croire, c’est s’appuyer sur Dieu, s’abandonner à lui, lui faire confiance en toutes choses. C’est la dimension relationnelle ou existentielle de la foi. Croire, c’est goûter combien le Seigneur est bon (cf. 1 Pierre 2,3).

Mais la foi a aussi une dimension objective : c’est le contenu de la foi. C’est l’ensemble des vérités auxquelles on croit et qui distinguent la foi chrétienne des autres croyances religieuses.

Un chrétien croit un certain nombre de vérités sur Dieu, sur Jésus-Christ, sur le Saint-Esprit, sur ce qu’est le péché, sur la manière d’être sauvé, sur ce qui se passe après la mort, sur la manière de vivre qui plaît à Dieu, etc.

La foi chrétienne n’opère pas de disjonction entre la foi comme relation confiante à Dieu et la foi comme ensemble des vérités auxquelles on croit.

Toute l’Écriture invite au contraire à avoir une foi éclairée. Pierre écrit : « désirez le lait pur de la parole, afin que, par lui, vous grandissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1 Pierre 2,3). Autrement dit, une « expérience » authentique de Dieu conduit à rechercher l’enseignement de sa parole, pour grandir dans la foi et aussi pour vivre d’une manière qui glorifie Dieu. Ce que l’on croit a, en effet, des conséquences pratiques sur notre vie de tous les jours : sur notre comportement, nos valeurs, notre sexualité, nos engagements, notre rapport à l’autre, etc.

En Éphésiens 4,12, ce que Paul souhaite pour les chrétiens, c’est qu’ils ne soient pas « des petits enfants ballottés comme des barques par les vagues et emportés ça et là par le vent de toutes sortes d’enseignements, à la merci d’hommes habiles à entraîner les autres dans l’erreur ». Pour cela, ils doivent connaître les fondamentaux de leur foi et tenter d’avoir la meilleure intelligence possible de cette foi. Un grand théologien de l’antiquité, saint Augustin, disait : « Il faut croire pour comprendre, mais il faut aussi comprendre pour croire ». Mieux comprendre permet de mieux croire, et donc de mieux aimer Dieu et mieux le servir.

Au demeurant, pour partager sa foi avec d’autres, il faut la connaître et la comprendre soi-même. L’apôtre Pierre nous invite à toujours être prêts à rendre compte, avec douceur et respect, de l’espérance qui nous habite (1 Pierre 3,15). Un chrétien qui vit dans un monde de plus en plus sécularisé, doit plus que jamais savoir ce qu’il croit, afin d’être non un réactionnaire, mais un non-conformiste éclairé par l’Évangile : « Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Romains 12.2).

Digiqole ad

Alain Nisus

Alain est vice-doyen de la FLTE et professeur de théologie systématique. Il est également auteur de quelques ouvrages de référence dans la foi évangélique.

Tu devrais aussi aimer...

Répondre

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *